Il y a une
expression citadine très drôle qui est née chez nous et qui date seulement
d'une ou deux générations. Une locution au cliché cocasse usitée souvent par
les jeunes et qui dit «Kleh ou klek
boubi !» (Mangé par un
chien). Les chiens sont lâchés. Un terme qui n'a pas de racines dans l'ancien
terroir. Il est souvent dans la bouche des jeunes quand ils s'exclament dans la
rue pour se taquiner entre eux et qui veut dire : Tant
pis ou bien fait pour toi. Une formule ironique qui exprime l'échec pour
quelqu'un qui a fait chou blanc dans un jeu, un pari ou une tentative
téméraire, pour arracher quelque chose. «Kleh boubi» c'est de l'argot et dans l'imaginaire. C'est un
produit informel de la rue qui n'a aucune valeur marchande. Ce n'est ni
littéraire ni vocabulaire. Tu es foutu ou «klek fox»
c'est du pareil au même. «Kleh fox» représente
l'échec sanglant pour une personne qui a perdu un pactole, un job, une
faillite... On utilise aussi cette expression à l'attention d'un responsable
qui a été congédié ou qui n'a pas été élu à un poste important. «Hé, les amis,
vous connaissez la nouvelle, untel, hargouh, kleh boubi !». Le chien est
généralement l'ami de l'homme ou plutôt sa propriété. Boubi,
clébard, fox, klebs ou chien, est un animal domestique de la famille des
canidés. On dit que les chiens sont des animaux méchants et qu'il faut les
tenir en laisse avec une muselière pour les empêcher de mordre. Ce satané
animal a des crocs qui ne pardonnent pas, lorsqu'ils sont plantés dans les
mollets des infortunés qui ne se sont pas bien gardés. «Djarna
kleh fox». Il a fait les frais du dicton. On lui a
saisi toute sa marchandise. On dit qu'un chien qui aboie ne mord pas. Il y a
des chiens bâtards, des chiens couchants, des chiens fidèles et infidèles. La
place du chien est à la fourrière communale quant il
mord les passants. Une chienne ne peut donner que des chiots. Une formule batarde comme le chien de l'expression et qui va comme un
gant avec le présent qui s'est égaré du droit chemin. La société a tourné le
dos au patrimoine et à ses valeurs. Une exclamation populaire jetée et semée
avec joie au milieu d'un groupe ou en aparté et qui insinue que c'est bien fait
au prétentieux qui a été victime des crocs du chien. Les chiens aboient pour
alerter et les gens ne tiennent pas compte de leurs aboiements continus.
«Allez, couché !» crient les passants, mais les chiens ne sont pas bien dressés
pour aller dans leurs coins. «Goudem la tedhroub el kelb, chouf el wedj mouleh»
(avant de taper sur le chien, regarde le visage de son propriétaire) est une
citation proverbiale qui signifie qu'avant de frapper le rejeton de quelqu'un,
il faut d'abord chercher qui est son père. Jadis, les anciens avaient pour
chaque situation une citation. Les proverbes, les dictons, les citations
cachent un sens dit «maana». En vérité, notre ami le
chien est un fidèle compagnon de l'homme dans la vie quotidienne.
C'est un
chasseur émérite, il surveille la maison, il assiste son maitre, il le défend?
Le comble de l'ironie, le danger réel dans le présent provient d'ailleurs,
d'une autre espèce de canidés sauvages constituées
d'aboyeurs en tout genre qui récitent la voix de leurs maitres par le biais du
chenil cathodique pour abêtir la société avec des discours soporifiques
prodigués par des charlatans. Quant on veut tuer son
chien on dit qu'il a la rage, dit l'adage pertinent. «Klek
boubi» n'est pas fortuite mais a une origine et une
odeur de mépris. Aussi pour se prémunir des crocs de boubi,
il n'y a qu'à crier sur le chien «allez, couché !» ou «tcheur
ghad !» un autre jargon canin blédard.