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Constantine - Relogement: Les habitants de la Casbah bloquent la route

par A. Mallem

Hommes et femmes habitant la Casbah de Constantine dont la majorité des maisons ont été classées dans la zone rouge en raison de la menace d'effondrement qui pèse sur cette partie haute de la vieille ville, sont descendus, hier matin, à l'esplanade de la Brèche pour bloquer la rue à l'entrée du boulevard Zighoud Youcef, en plein centre-ville, pour protester contre leur marginalisation dans ces opérations de relogement en cours. Ils ont été vite rejoints par d'autres habitants des quartiers de la vieille ville (R'cif, Rahbet Essof, Souk el Asser, etc.). Le mouvement a provoqué un grand chaos au centre-ville, paralysant la circulation à destination de la région nord-est de la ville des ponts car, par suite de la fermeture du pont de Sidi Rached, le passage par ce boulevard constituait la seule issue de communication avec les quartiers et les faubourgs de la ville situés sur cet axe.

«Nous sommes les habitants de la haute Casbah inscrits au programme de 200 logements dans les UV 18 et 20 de Ali Mendjeli, nous ont-ils expliqué. Nous sommes au nombre de 200 familles dont les habitations tombent en ruine et la situation se dégrade de plus en plus. Notre situation est tellement précaire qu'on n'hésite pas à nous appeler les morts-vivants. Pourtant, nous avons payé le cautionnement de 3 millions de centimes (arrêtés d'attribution) et nous attendons patiemment notre tour depuis quatre ans. Mais voilà qu'on vient nous dire aujourd'hui que les logements qui nous sont destinés ne sont pas encore construits. Et, parallèlement, nous assistons au relogement des habitants des quartiers soumis au glissement de terrain, tandis que nous, on nous laisse sur le carreau. On en a marre ! Nous descendons aujourd'hui dans la rue pour protester et fermer la rue afin d'obliger les autorités à nous respecter et à respecter nos droits».

Beaucoup d'autres ont affirmé que «la daïra leur a proposé de les reloger à la cité Massinissa, dans les faubourgs de la ville d'El-Khroub». «Nous sommes des beldis (citadins). Et parce que nous sommes attachés au sens civique, considérés donc «gentils» par les autorités, nous sommes les plus lésés. Nous n'acceptons pas d'aller à Massinissa. L'UV 20 nous appartient de droit», a crié vigoureusement un groupe de manifestants devant les officiers de police qui essayaient de les raisonner et les persuader de dégager la voie. Et de proclamer leur intention «d'occuper la route sur l'esplanade de la Brèche pendant tout le Ramadan, s'il le faut». A 15 heures, les manifestants étaient encore à l'entrée du boulevard Zighoud Youcef et la circulation automobile bloquée. L'un des manifestants nous a appris qu'ils ont été informés que le chef de la daïra viendrait à leur rencontre, mais à 18 heures, «parce que celui-ci se trouve en ce moment à Alger», a ajouté notre interlocuteur.