Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Triche ou complot ?

par El Yazid Dib

On ne fait pas face à une simple tricherie, on a affaire à toute une organisation idéologique. C'est plus grave si complot il y a; car il dépasse la personne de la dame. Il tend à s'inscrire dans le noyau central de la nation : l'école. Ils veulent toucher les fondements, après avoir causé des fissures dans les murailles, la toiture et les flancs de la maison nationale.

Certains diront que le débat n'est pas d'origine politique. Qu'il s'agit là d'un échec qu'il faudrait ramener avec soi en quittant le fauteuil. C'est si simple. Les autres soutiennent que face à cette forfaiture des têtes doivent tomber. Le plus rapidement possible.

La fuite n'exprime plus un sinistre scolaire. Ce n'est en finalité qu'un minime morceau à une échelle tellurique pour le grand séisme qui s'est emmagasiné silencieusement et sans toutefois faire des tremblements sensiblement visibles. Un ministre qui a trop duré et une école précaire ne peuvent donner qu'un résultat que l'on refuse de nommer. C'est sans doute l'empreinte d'une politique versatile et trop populiste qui a cassé tous les bons départs. L'on tergiversait d'un cahier à un livre, d'un tablier à une surcharge de classe. L'on oublie l'essentiel des manuels pour se foutre dans la gueule des éditeurs et de la distribution des amas livresques qui font souffrir la peau de tous les cartables.

La triche est plus vieille que l'école. Comme une matière à apprendre ; elle s'est faite avec et par cœur afin de se répandre aux urnes, au fisc, aux amours et à l'histoire. Elle défie chaque jour et à l'aveuglement nos yeux. Présente, elle se dicte par défaut.

Le mal de l'école algérienne est très profond, voire lointain. Ce syndrome s'étend jusqu'aux portes cochères des lycées. Cette fois-ci, les otages sont tous algériens d'origines diverses. Ce mal n'a pas à toucher à la faire pleurer, uniquement cette dame. Les plus sincères et les gens de mérite pleurent aussi. Avoir entre les mains cette chose unilatérale, monstrueuse, dévoreuse d'écoliers innocents et marquée d'un seul sceau doublement décennal n'est pas de l'apanage d'une dame ou d'un seul ministère. Ca devient une cause nationale. C'est à une révolution qu'il faudrait recourir pour sauver l'école des réformes qui la hantent, à la nation de se mobiliser. Outre la crédibilité d'un examen pas comme les autres, rendu sacralisé, il est de la sienne d'en pâtir si jamais la faute, l'erreur, la fatalité, l'inconscience ou la volonté délibérée, le complot et la conspiration en sont les intentions.

Entre les uns et les autres, l'élève d'entre les plus authentiques, terrorisé, stressé, abattu, se mortifie dans le regret de se voir décaler, ajourné et surpassé. Par qui ? Par ces mains discrètes agissant à l'ombre du secret et de la confiance. Quoi qu'il en soit, une réponse plus juste, méritoire et punitive se doit d'être élue.