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Au fil? des jours - Communication politique : nouvelles du front ! (Suite et fin)

par Belkacem Ahcene-Djaballah

Vendredi 13 mai :

Chakib Khelil hausse le ton. L'ancien ministre de l'Énergie poste deux messages particulièrement forts contre les Français. Dans le premier post, il lie les dernières informations sur les comptes de son épouse révélées dans «Panama papers» à ses propos sur les investissements français.

«Il suffit que je dise une petite vérité sur les investisseurs français en Algérie pour que la déferlante sans retenue noie les médias de leur paternalisme néo-colonialiste», dénonce l'ancien ministre de l'Énergie. «Si vous avez des preuves apportez-les à la justice, sinon ne répétez pas l'histoire avec l'assassinat de mon caractère et de ma réputation (Sic !) par une campagne vicieuse et inhumaine par des médias à la solde des étrangers qui ne veulent aucun bien à notre pays l'Algérie», écrit-il encore.

Dans un autre message, il vise clairement le groupe français Total qu'il accuse de ne pas avoir respecté ses engagements en Algérie et avoir échappé à l'arbitrage international. N'importe quoi !

Les dérapages politiques dangereux commencent. C'était prévisible ! A force de jouer avec le feu. Dans un entretien vidéo à TSA, le président du RCD, M. Bellabas dénonce, à propos de l' «Affaire El Khabar- Rebrab», une «atteinte à la liberté d'information». «Il y a une violation de la loi par le ministre de la Communication qui s'est autosaisi de manière illégale», affirme-t-il, en accusant le ministre d'avoir «politisé une affaire commerciale».

Par ailleurs, Mohcine Belabbas accuse le pouvoir de pratiquer le régionalisme au profit de la wilaya de Tlemcen. «Depuis 1962, les différents pouvoirs qui se sont succédé avaient une dose de régionalisme. Depuis l'avènement de Bouteflika, il y a une concentration des postes de responsabilités pour le compte de personnes issues d'une même wilaya... Ce n'est pas Rebrab qui le dit. C'est toute la classe politique, toute la société civile et tous les citoyens qui le disent, parce qu'ils le constatent», précise-t-il.

«Il y a de l'antikabylisme, comme il y a de l'anti-gens de l'Est et de l'antichaouia. Comme il y a avait de l'anti-Tlemceniens par le passé. C'est une réalité», affirme-t-il. Aujourd'hui, «il y a une concentration des centres de décision au profit d'une seule région du pays».

Samedi 14 mai 2016 :

Crise politique majeure (en même temps que celle économique avec une hausse des prix de 180,9% et un recul du Pib de 5,7%) au Venezuela où le président socialiste chaviste Maduro, le successeur de Chavez, refuse le référendum révocatoire (il ne veut pas d'un «coup d'Etat parlementaire» comme pour Dilma Roussef au Brésil) et décrète «l'état d 'exception et d'urgence économique» afin de «neutraliser et mettre en échec l'agression extérieure». L'urgence économique autorise le gouvernement à disposer des biens du secteur privé pour garantir l'approvisionnement des produits de base et ouvrir la voie à de nouvelles expropriations. Tout cela a une cause : la baisse des cours du brut dont le pays tire 96% de ses devises... et, toujours, une politique économique interne démagogique et populiste avec pour objectif le maintien au pouvoir (alors que l'opposition est majoritaire au Parlement), quel que soit le prix à payer. On se souvient de Chavez qui, bien malade, a tout fait pour durer. Une guerre civile à l'horizon ?

Autre pays d'Amérique latine touché : le Brésil avec la destitution... pour 180 jours, de Dilma Roussef... en attendant sa possible destitution définitive

Ce qui est anormal chez les dirigeants de ce genre ainsi que leur «valets», c'est qu'à chaque fois que leur «règne» est perturbé, ils appellent le «peuple» à se mobiliser contre soit le «coup d'Etat», soit contre la «main de l'étranger», soit contre la «presse». Là-bas...Ici ! Chez nous, il faut ajouter, après celui de «laïco-assimilationniste» cher à Belaïd Abdessalm (actuellement, dit-on, vivant en France) le «complot sioniste».

Dimanche 15 mai 2015 :

Dans une déclaration à Algérie1.com (site d'informations électroniques), Anis Rahmani, le patron du Groupe Ennahar, réagit après les «attaques d'Issad Rebrab», le dirigeant de Cevital, «via son journal Liberté».

Il se dit «indigné et consterné par cette bronca médiatique où l'insulte et la publication de fausses informations n'ont d'autres buts que de pousser à ternir l'image du responsable du Groupe Ennahar en usant de violence médiatique et d'invective» souligne Anis Rahmani.

A quoi pouvait-t-il donc s'attendre après l' «enquête» ( !?) publiée et diffusée par son journal et sa Tv (jeudi) accusant ouvertement le patron de Cevital d'innombrables «crimes économiques» ( ???) ou bien pire, appuyés par les «éditoriaux» inhabituellement corrosifs pour ne pas dire plus, et répétés, dans le vénérable journal El Moudjahid. Simple réponse du berger à la bergère, dans une atmosphère générale d'une «com' pourrie» et d'une politique désormais fortement théâtralisée, laissant coi et en grand désarroi le commun des citoyens. Le grand perdant : l'image extérieure du pays (Etat, journalisme, ...)

Lundi 16 mai 2016 :

«À quoi sert Hollande ?» À première vue cette question ressemble à une énième attaque des membres de l'opposition ou des frondeurs, bien remontés contre le gouvernement. Et pourtant ! Il s'agit en réalité du sujet d'examen proposé à des étudiants en première année de la faculté de droit du centre universitaire de La Couronne, en Charente (France), le 28 avril dernier.

La question a suscité un fou rire général car les sujets «n'ont jamais été formulés comme cela". Etonnante ? Inattendue ? Non, à mon avis. Seulement, de la part d'une nouvelle génération d'enseignants plus en phase avec leur société, la désacralisation (ou la banalisation) de la fonction de président de la République... en raison des erreurs de communication (ou des fautes involontaires) commises par les concernés eux-mêmes. A force de la spectacularisation et de la théâtralisation, de leurs faits et gestes, et de leurs «dérapages» surtout sociétaux et financiers. Et, cela concerne tous les pays.

Mardi 17 mai 2016 :

Titre assez évocateur d'un article (savoureux) de Sid Lakhdar Boumediene in Le Quotidien d'Oran : «Chakib Khelil, l'exilé en sens inverse». Avoir des «harragas» (dont beaucoup de sub-sahariens) venir de l'étranger se «réfugier» chez nous, cela nous tranquillise quant à la sécurité et à la stabilité du pays. D'autant qu'ils y trouvent une liberté de communiquer indéniable

Depuis son élection, le pape François n'avait -curieusement - jamais parlé à La Croix. Ce retard est réparé. Dans un grand entretien que le pape François accordé au journal La Croix (quotidien catholique), le premier du genre, le pape s'exprime sur les racines chrétiennes de l'Europe, redoutant la tonalité «triomphaliste ou vengeresse», voire «colonialiste» que revêt cette question. Il s'élève une fois de plus contre la ghettoïsation des migrants et abjure l'Europe «de retrouver sa capacité d'intégrer» en prenant pour exemple le parcours du nouveau maire de Londres, Sadiq Kahn.

Il se fait aussi le grand défenseur de la laïcité. «Un État doit être laïc», souligne avec force le pape précisant que «les États confessionnels finissent mal». Et, il reproche à la France «d'exagérer la laïcité». Pour lui, elle «devrait faire un pas en avant à ce sujet pour accepter que l'ouverture à la transcendance soit un droit pour tous.»

Il n'élude aucun sujet chaud du moment. Ainsi, il «ne croit pas qu'il y ait aujourd'hui une peur de l'Islam, en tant que tel, mais de Daech et de sa guerre de conquête, tirée en partie de l'islam». Il considère que l'idée de conquête est inhérente à l'âme de l'islam, il est vrai... mais on pourrait interpréter, avec la même idée de conquête, la fin de l'évangile de Matthieu, où Jésus envoie ses disciples dans toutes les nations Voilà donc un discours qui n'étonne pas de la part d'un tel homme, connaissant son parcours militant, un discours qui dérange, déjà, la bien - pensance de droite et la «gauche caviar».

Dans un entretien accordé au quotidien français Le Monde, le patron du groupe Cévital rompt une nouvelle fois le silence et clame que l'entrée dans le capital du groupe El Khabar s'est fait dans le respect des lois de la République.

Il indique que ce sont les actionnaires et journalistes d'El Khabar qui ont sollicité l'aide de son groupe parce que «le pouvoir leur a coupé la publicité des organismes publics». «Etant donné que je suis un entrepreneur citoyen, j'ai répondu favorablement. Sauver près de 500 emplois et défendre toutes les libertés dans le sens le plus large et en particulier la liberté d'expression est à mon sens un devoir citoyen».

Sur le plan légal, Issad Rebrab, qui n'arrive pas «à expliquer la situation» rappelle que l'achat s'est fait dans le respect des lois. «Du point de vue du droit, nous sommes sereins. Si la justice est réellement appliquée, nous n'avons aucun problème. Si elle est instrumentalisée, c'est une autre affaire? Pour ce que j'en comprends, on veut en réalité limiter la liberté d'expression, la liberté de la presse, comme on a aussi limité la liberté d'entreprendre», a-t-il indiqué.

A la question de savoir si le pouvoir freine ses investissements parce qu'il est kabyle, le patron de Cévital nuance ses propos: «Ce n'est pas tout à fait cela. D'ailleurs, le directeur de cabinet de la présidence de la République est un kabyle. Et dans le domaine économique, il y a des Kabyles, tel que le président du Forum des chefs d'entreprises, qui sont dans le sérail. Ce n'est pas un problème de régionalisme, c'est plutôt une affaire de soumission : le pouvoir n'aime pas et ne supporte pas les hommes indépendants et libres», a-t-il dit.

Au sujet des ses relations avec le pouvoir, Rebrab indique qu'il ne s'est «jamais immiscé dans la question du quatrième mandat. Mon inquiétude, c'est surtout le développement économique de l'Algérie».

Pour le patron de Cévital, «on a l'impression qu'on veut tout museler, tout contrôler, alors que le rôle de l'Etat est d'encourager, réguler et redistribuer la richesse, et pas de la freiner». C'est ce discours qui ne plait pas au pouvoir.

Voilà donc où nous en sommes arrivés quelques semaines à peine du début d'une simple opération commerciale vite transformée en affaire politique, par l' entêtement et la gymnastique manipulatoire des uns, par incompétence et l'absence de clarté des autres, par inexpérience managériale de certains, risquant à tout moment (si ce n'est déjà fait) de prendre une tournure cacophonique et vaudevillesque avec une com' de caniveau, toute pourrie, occultant le noeud de la problématique : quid de l'avenir d'une presse algérienne indépendante des pouvoirs politiques et de l'argent.

A. Bouteflika décide de poursuivre Le Monde en justice après avoir illustré de sa photo, un article sur les Panama Papers... Certainement pour suivre l'exemple du Turc Tayeb Erdogan qui a esté récemment en justice un présentateur de télévision allemande qui avait repris un poème estimé «insultant». Une première ? Aboutira-t-elle ? Rien n'est moins sûr.

Mercredi 18 mai 2016 :

Guerre ouverte pour la succession dans un climat politique délétère ? Trois forces (ou clans) sur la ligne de départ... «l'armée, les politiques et les hommes d'affaires»... tel est le diagnostic de la plus pénétrante de nos analyses de presse, S. Tlemçani... une journaliste guère appréciée par ceux qu'elle présente dans ses articles de presse. Pourtant, bien d'autres brillantissimes journalistes ont été bien plus loin. La différence, c'est qu'elle nomme toujours les concernés, accompagne souvent les noms de détails. Rien de plus normal quand on sait qu'un journaliste d'investigation (et elle l'est) n'acquiert de qualité que grâce à son carnet d'adresses, à ses «fils», à ses «gorges profondes», à des dossiers de première main, à son sens du recoupement et de la vérification... et à son... courage. Facile, par la suite de se retrouver accusée de tous les maux... dont la manipulation !

Jeudi 19 mai 2016 :

Pavé dans la mare ! Daho Ould Kablia déclare, en substance, lors d'une conférence à Boumerdès que «nous sommes dans l'impasse... car le pouvoir a été de nature autoritaire... ne permettant d'action que sur directives...». Et, il ne croit pas trop à «la main de l'étranger....un slogan creux...car le mal est en nous». Des aveux qui font du bien là où ça fait mal... trop tard peut-être de la part d'un membre du très «puissant» Malg (3 chefs de gouvernement, 20 ministres, 3 commandants de gendarmerie, 5 Dgsn... des responsables de l'ex-Drs...) Et, malgré une «nature optimiste», il s'interroge sur «l'avenir du pays». Il rejoint en tout cela Sid ?Ahmed Ghozali (17 mai, émission sur Tv 5)... qui nous rappelle que le système repose (depuis quand, il ne le précise pas... tout en pensant qu'il faut laisser la place aux jeunes) sur trois péchés capitaux : La société marche avec des ordres/ Le système ne respecte pas la loi/ Ceux qui décident ne sont pas responsables de leurs actes. Que doit dire le citoyen lambda ?

Selon Jean-Pierre Chevènement, en visite à Alger pour «dissiper certains malentendus qui pouvaient s'être développés à partir de maladresses», les journalistes doivent savoir «qu'un commentaire attire l'autre, que les hommes politiques sont souvent friands de petites phrases... donc vous-mêmes (les journalistes) vous faites monter la sauce». En oubliant de préciser (et on est sûr qu'il le pense) qu'il y a bien plus de «c...ies» qui se disent chez les politiciens (surtout lorsqu'ils sont «pressés» par des mandats ou des allégeances) que chez les journalistes qui ne font que répercuter... en y ajoutant quelques épices du cru. Ceci dit, les manipulations et autres exploitations ne sont pas absentes... car comme le disait Jean Gabin à Michelle Morgan, «les c..., ça court les rues».

Samedi 21 mai 2016 :

«Foudroyant Sâdani» titre un quotidien francophone, à propos des déclarations «directes, offensives et virulentes ....» du Sg du Fln à Tébessa (meeting). Du «jamais vu dans l'histoire de l'Algérie indépendante», ajoute le journaliste emporté certainement par la foule des «admirateurs». Ce qui est intéressant, c'est le vocabulaire utilisé dans le corps de l'article qui, à lui seul, nous présente un discours politique violent : Le Sg du Fln «dégaine et tire» ! Ses «cibles» ?... «Tout ce beau monde (c'est-à-dire Rebrab, Mediène, Toufik, Louisa Hanoune, le Pt, Belayat, des généraux à la retraite qui «dictent» des articles, El Watan, Sâad Bouakba, Salima Tlemçani, les oligarques, des «partillons» (sic !) le lobby à cinq bras, la Banque centrale, les responsables d'El Khabar....) en a eu pour son compte», car tout n'est que «complot»... pour «imposer» un candidat (celui de la «tête de la pieuvre» ) à l'investiture suprême... Seuls épargnés, le président de la République et Hamid Grine. On s'en doutait !

Dimanche 22 mai 2016 :

Hadj-Chikh Bouchan analyse de manière critique (Le Quotidien d'Oran) les récentes déclarations des MM. Farouk Ksentini, le 12 mai (Pdt de la Cncppdh) et Abdelhakim Berrah, le 17 mai (Pdt de la Cosob) sur «l'amnistie fiscale». En fin de compte il s'agit de pardonner toutes les «corruptions»... à l'image de ce qui a été fait hier en pardonnant toutes les crimes terroristes. Dans quel pays vivons-nous, s'interroge-t-il ? Dans quel asile vivons-nous, ajoute-t-il ? En Algérie 2016, mon ami ! Dans un pays qui voit ses valeurs élémentaires, basiques, celles qui font la notoriété durable et forcent le respect, foutre le camp.

A Hammamet (Tunisie), les quelque 1 200 congressistes d'Ennahdha ont débattu, jusque tard dans la nuit de samedi puis dimanche matin, des différentes priorités de la stratégie du parti sur les plans politique, économique et social.

Celle concernant la séparation entre la prédication et la politique a été votée à plus de 80%. Une mue qui semble épouser l'avis des 73% des Tunisiens qui seraient favorables à «la séparation entre la religion et la politique», selon un récent sondage réalisé par l'institut tunisien Sigma, en collaboration avec l'Observatoire arabe des religions et des libertés et la Fondation Konrad-Adenauer. Rached Ghannouchi du parti islamiste tunisien Ennahda avait déclaré, vendredi, à l'ouverture du 10e congrès : «Plus d'islam politique et séparation entre le politique et le religieux». Donc, logiquement, ceux qui cherchent la prédication devraient quitter le parti... et se consacrer, à travers des associations légales, au travail de prédication... Naissance d'une nouvelle forme d'«étapisme» islamique encore plus soft qui cherche à gommer toutes les déviations générées par l'extrémisme et le fanatisme ? Ou, «stratégie du caméléon», par l'adoption momentanée d'un profil bas pour reconquérir (totalement) le pouvoir.

Le congrès s'était ouvert vendredi à Radès, dans la banlieue sud de Tunis, en présence de plusieurs milliers de personnes, dont celle, remarquée, du président Caïd Essebsi.

Ce dernier avait pourtant mené, avec son mouvement Nidaa Tounès, une virulente campagne contre les islamistes, les taxant d'obscurantisme et de laxisme avec la mouvance jihadiste lorsqu'ils étaient au pouvoir.

Mais aujourd'hui MM. Ghannouchi et Caïd Essebsi aiment à afficher leur entente au grand dam d'une partie de leurs bases respectives.

«Nous espérons que vous parviendrez pendant vos travaux à affirmer qu'Ennahdha est devenu un parti civil tunisien sur le fond et sur la forme», avait lancé le président à la foule. L'Algérie est-elle immunisée contre le phénomène des «révolutions arabes» ? Lakhdar Brahimi, le diplomate aguerri pense que oui et c'est pour cela qu'il ne faut pas en avoir peur (Conférence au Conseil de la nation). Mais, attention aux «convoitises» extérieures, sans pour autant tomber aveuglément dans la maladie du «complotisme». Une conférence qu'il aurait fallu diffuser en totalité !

Forum algéro-britannique à Alger réunissant des centaines d'opérateurs algériens et étrangers. Mais Isaad Rebrab, au départ un de ses sponsors et surtout, le plus gros investisseur privé en Algérie et à l'étranger, n'y assiste pas. Comme l'a si bien écrit un éditorialiste, «l'équipe nationale de foot sans Ryad Mahrez». Il est vrai que si l'entraîneur ou le président de la Fédération ne sont pas d'accord... ?

«L'interdiction de participation»... une nouvelle forme de gestion de l'image de marque d'un pays à l'international... Qui va gagner en crédibilité ?

 Les politiques français au pouvoir comme Manuel Valls ne sont pas à une contradiction près (mais toujours étudiée, cela va de soi) pour... esquiver un problème. Ainsi, «la France considère que l'arrêt de la colonisation israélienne dans les territoires palestiniens est un impératif»... que «l'objectif de l'initiative, c'est d'aboutir à la création d'un Etat palestinien...» «mais que le reconnaître aujourd'hui, c'est acter par avance l'échec de l'initiative»... avec ce constat que «plus le temps passe, plus la viabilité d'un Etat palestinien s'estompe sous l'effet d'une colonisation qui se développe». Un cercle qui ne s'arrête pas de tourner... au profit d'Israël, bien sûr? et une colonisation qui gagne du temps et des espaces. Plus vicieux que ça, tu meurs !

C'est le réalisateur britannique Ken Loach, 80 ans («citoyen-cinéaste » et ardent partisan de la cause palestinienne) qui remporte la Palme d'or du 69e Festival de Cannes pour son film «Moi, Daniel Blake»... l'histoire d'un menuisier au chômage qui se bat pour obtenir l'aide sociale. En fait, un brûlot politico-économique qui fait le procès des idées «néolibérales»... qui, selon le réalisateur, «risquent de mener à la catastrophe». Ce qui est sûr, c'est que sa diffusion dans les grands circuits va connaître de sérieux obstacles... alors que les films-propagande, aux commentaires belliqueux et naïfs, de Bernard Henri Lévy (Le Serment de Tobrouk en 2012 et Peshmerga en 2016) sont annoncés alors que le Festival a déjà commencé

Dimanche soir, Manuel Valls est interviewé, par I24 News et BFM-TV, avec la participation de journalistes de l'Express et de Libération. Ce qui confirme que le milliardaire franco-israélien boulimique, Patrick Drahi, est en train de bâtir une machine de guerre politico-médiatique destinée à défendre ses engagements politiques et ceux de ses amis et partenaires sans s'encombrer des règles de base du journalisme.

Patrick Drahi, possède notamment l'opérateur de téléphonie mobile SFR, le réseau Numericable et la chaîne de télévision israélienne à vocation internationale I24 News. Il a, aussi, pris le contrôle, en 2014 et 2015 du quotidien Libération, puis de l'Express avant d'étendre son empire médiatique à BFM-TV et RMC ?

Depuis les studios de I24 News à Jaffa a été diffusée, relayée par BFM-TV, une interview de Manuel Valls, en visite en Israël, au cours de laquelle le Premier ministre a répondu aux questions de quatre journalises des médias Drahi : Apolline de Malherbe, de BFM-TV, Paul Amar, de I24 News, Christophe Barbier, de l'Express et Laurent Joffrin de Libération. «Quatre médias, a indiqué Paul Amar à son invité, qui vous offrent une forte visibilité et une vraie diversité éditoriale». «Forte visibilité ?», «Vraie diversité ?», En fait, il s'agit de célébrer l'amitié que porte Manuel Valls à Israël, de défendre, en gros et en détail, la politique du gouvernement Netanyahou, et de laisser le Premier ministre français défendre la sienne. Sans l'encombrer de questions gênantes. Et sans faire l'économie, à plusieurs reprises, à propos d'Israël, de son armée, de sa police d'un discours lourdement propagandiste.

Lundi 23 mai 2016 :

Editorial de Moncef Wafi (Le Quotidien d'Oran) concernant l'actuel discours politique algérien. Côté cour : Déliquescent. Délinquant. Médiocre. Décadent. Au ras des pâquerettes. Menaçant. Tirant le débat vers le fond. Heurtant les sensibilités des citoyens, politisés ou non. Bref : Exister par la parole ! Il est vrai qu'il y a beaucoup qui n'existent que par leur silence !

Côté jardin : Discours inaudibles donnant l'impression d'une consommation interne

Entre le discours agressif et populiste et celui feutré, à la limite du salonnard, on a des gens qui, silencieux ou moralisateurs, attendent leur heure. L'extrême droite en Occident, l'islamisme radical chez nous !

Qui s'en souvient ? Le 13 juin 2011, à la tribune de l'Union africaine à Addis-Abeba, la probable future 45e présidente des Etats Unis, en janvier 2017, Hillary Clinton, qui était alors secrétaire d'État, avait lancé un avertissement bien peu diplomatique : «Le statu quo, c'est fini ; les vieilles façons de gouverner ne sont plus acceptables. Il est temps pour les chefs de rendre des comptes, de traiter leurs peuples avec dignité, de respecter leurs droits et d'obtenir des résultats économiques. S'ils ne le font pas, il est temps pour eux de partir. Trop de gens en Afrique vivent encore sous la houlette de dirigeants au long cours, d'hommes qui se préoccupent trop de leur longévité et pas assez de l'héritage qu'ils vont laisser à leur pays».

Un rappel à l'ordre qui «fera date» ! Il émane du Premier ministre, A. Sellal qui charge le ministre de la communication «d'assainir le champ médiatique». Il était temps, mais n'est-il pas trop tard surtout par une «gouvernance» qui a passé bien plus de temps à théoriser ( en s'enfermant dans un «cercle» devenu rapidement vicieux ) sur les vertus du journalisme qu'à élaborer et à mettre en œuvre les textes d'application de lois existantes depuis plusieurs années. Il est vrai que la première démarche (parler) est plus aisée que la première (faire).

La deuxième édition du Festival Ciné-Palestine débute et aura lieu jusqu'au 5 juin prochain.

Ce Festival est organisé en partenariat avec l'Institut du Monde Arabe de Paris, le cinéma le Luminaire de l'Hôtel de ville, l'Université Paris 8 et le cinéma Le Studio à Aubervilliers. Pour sa deuxième édition, le Festival a prévu la programmation de 22 séances avec la projection de 31 films.

Ken Loach, le réalisateur britannique qui vient d'obtenir la Palme d'or à Cannes est l'un des parrains du Festival

Lors de la soirée d'ouverture du Festival Ciné-Palestine à l'Institut du Monde Arabe, le réalisateur a tenu un discours invitant «à boycotter l'Etat d'Israël».

Jeudi 26 mai 2016 :

Habitué aux déclarations polémiques, Eric Cantona, le fameux footballeur, a donné une interview fracassante au Guardian, où il sous-entend que Didier Deschamps aurait mis de côté Hatem Ben Arfa et Karim Benzema pour l'Euro, en raison de leurs origines.

«Benzema est un grand joueur, Ben Arfa est un grand joueur, a d'abord affirmé Cantona. Mais Deschamps, il a un nom très français. Peut-être qu'il est le seul en France à avoir un nom vraiment français. Personne dans sa famille n'est mélangé avec quelqu'un, vous savez. Comme les Mormons en Amérique». «Je ne suis pas surpris qu'il ait utilisé la situation de Benzema pour ne pas le prendre. Surtout après que (Manuel) Valls ait dit qu'il ne devrait pas jouer pour la France. «Ben Arfa est peut-être le meilleur joueur en France aujourd'hui, mais il a des origines. Je suis autorisé à m'interroger à propos de ça», a poursuivi l'ancien attaquant de Manchester United.

En plusieurs décennies de présence dans le secteur de la communication et de la presse nationale, je n'ai jamais vu, mais alors jamais vu El Moudjahid-quotidien, se «commettre», dans ses commentaires ou ses éditoriaux, avec le vocabulaire violent ou insultant à l'endroit des citoyens, ou même des ennemis «objectifs» du pays. Toujours de la hauteur ! Mais, avec l' «affaire El Khabar», une bête s'est brusquement réveillée, sentant fort des «règlements de comptes très personnels» et beaucoup de rancœurs, écornant le respectable habit officiel et habituel, respecté par tous (on l'a bien vu avec l'hommage rendu à N. Nait Mazi), malgré les divergences politiques ou idéologiques. Il est vrai que de l'autre côté, le ton n'est pas amical du tout.

Vendredi 27 mai 2016 :

Offensive de Rebrab : Tout en s'expliquant sur les aspects politiques de sa situation, dans un entretien à France 24, il annonce la mise en vente, à la Bourse d'Alger, d'une majeure partie des actions du groupe El Khabar (journal et télévision), et «tous les Algériens qui défendent la liberté d'expression pourront devenir actionnaires»... Un «Comité de surveillance composé de personnalités indépendantes sera chargé de veiller à l'éthique et à la déontologie professionnelles..». Il pense même aller plus loin en opérant de la même manière pour le quotidien Liberté. De l'autre côté, on apprend, non encore officiellement, que le nouveau président de l'Arav est désigné ;il s'agit de Zouaoui Benhamadi, journaliste de long cours, ancien Dg de le Radio.

Des deux côtés, c'est donc une course contre la montre... en attendant l'Autorité de régulation... de la presse écrite prévue par la loi... alors que la justice, avec ses reports multiples, semble «coincée» entre les deux parties... faisant l'affaire... des avocats.

On parle beaucoup de ce journaliste français qui a publié récemment un long reportage dans le journal israélien Maariv sur la situation politique et social en Algérie. Gideon Kutz a été «ramené» dans les valises du Premier ministre français, Manuel Valls, et il a donc obtenu facilement et normalement son visa. Savait-on qu'il avait aussi la nationalité israélienne et que c'est un proche du Crif ? Peut-être bien que oui, peut-être bien que non ? La faute à qui ? Au ministère de la Communication ? A celui des A E ? Au départ du colonel Fawzi et de son «savoir-faire»? Ce qui est certain, c'est qu'il est désormais ridicule et vain de s'escrimer à «fermer» les portes aux «écrivants», quelle que soit leur nationalité et même leur idéologie. Sauf si nous nous sentons incapables d'en faire autant et mieux. Et, bien souvent, certains des nôtres (politiciens, affairistes et communicants) font, hélas, bien plus de mal au pays que ceux que l'on considère, à tort ou à raison, comme des ennemis.

Dimanche 29 mai 2016 :

Lu : On vient de rentrer dans une nouvelle époque communicationnelle, la «post-factuelle» ; une époque où le faits ne comptent plus et où les politiciens ne doivent plus en tenir compte pour établir leur popularité. Conclusion : il faut prendre de la liberté avec les faits... et pour le dire clairement, cela veut dire mentir (ex : Trump ment beaucoup et sa popularité n'en a pas pâti... R.Menard et l'extrême droite occidentale aussi). Raison essentielle : le basculement du débat public (surtout à la télévision et dans les nouveaux médias) vers une confrontation davantage émotionnelle que rationnelle. Il faut dire de plus en plus de choses, de plus en plus fort et de plus en plus crûment, mais aussi banaliser, à force de répétition et d'outrance, la teneur de certains propos. Il n'y pas que Trump !

Mercredi 1 juin 2016 :

Benzema s'attire une nouvelle fois les foudres des hommes politiques français après ses propos sur le sélectionneur de l'équipe de France de football. «Deschamps a cédé sous la pression d'une partie raciste de la France», a-t-il expliqué, dans un entretien, au journal sportif espagnol Marca.

Selon lui, sa mise à l'écart revêt des motifs extra-sportifs. «Ils m'ont déclaré non-sélectionnable, bien. Mais sur le plan sportif, je ne comprends pas pourquoi, et sur le plan judiciaire, je ne suis pas encore jugé et je suis présumé innocent».

S'il ne le considère pas personnellement comme raciste (contrairement à ce que prétend aujourd'hui une majorité de la presse française), Karim Benzema pense en revanche que Didier Deschamps «a cédé à la pression d'une partie raciste de la France».

«Vous devez savoir qu'en France, le parti extrémiste a atteint le deuxième tour dans les deux dernières élections. Je ne sais pas, par conséquent, si c'est une décision émanant seulement de Didier, parce que je m'entends bien avec lui, et avec le président», se défend le sportif faisant probablement référence à la sortie de Manuel Valls qui indiquait en mars, être contre un retour du joueur en équipe de France.

«En fait, ils essaient de faire croire que je suis une personne qui crée des problèmes, à la recherche d'histoires, et qui n'est jamais satisfaite? C'est faux. J'ai plus de 40 millions de fans sur les réseaux sociaux et ils disent que les gens ne veulent pas de moi», proteste Benzema.

Ses propos interviennent après ceux d'Eric Cantonna et de Jamel Debbouze qui soutenaient déjà que le joueur paie le prix de «la situation sociale» en France.

La sortie de Benzema fait la une de la presse française et des réseaux sociaux. Très discutées, ses déclarations n'ont pas manqué de faire réagir les politiciens, qui se sont empressés de montrer leur désapprobation. À droite comme à gauche, les responsables sont unanimes. Mais cette fois, ni l'Elysée, ni Matignon ne souhaitent commenter l'affaire, même si Manuel Valls a été parmi les premiers à critiquer Benzema il y a quelques mois.

Avis d'internautes : «Avant de critiquer Benzema, rappelez-vous ce qu'avait dit Le Graët, président de la Fff : "Un jour, je vous montrerai le wagon de lettres racistes (contre Benzema) que j'ai reçues» ; «Il faut se rappeler aussi l'affaire des "quotas" quand la FFF voulait limiter le nombre d'arabes et de noirs dans les centres de formation» ; «Se demander pourquoi Platini est présumé innocent et Benzema jugé coupable»...

La presse s'en prend, une nouvelle fois aux députés (Apn) qui se signalent, à une année de la fin de mandat, par un absentéisme record. Sont-ils vraiment déjà en campagne, ou alors en train de préparer leurs bases de «repli» et les «pantoufles». Un phénomène qui n'est pas propre à notre pays, mais «les députés ont dépassé les bornes».

Extrait de presse : «Elle avait «bruyamment», à travers la revue El Djeich, contesté le vocable de «grande muette» dont on l'a affublée, et voilà qu'elle se met à «parler» pour inviter les officiers à la retraite au... silence» (par le biais de deux avant-projets de loi en Conseil des ministres de ce jour). C'est une pratique que l'on retrouve dans bien des pays, dont, je crois, les Etats-Unis et il est vrai que les nôtres se sont mis, tout d'un coup, ces dernières années, (trop) bien en exergue avec leurs grades et leur position de retraité, pour aller au-delà du «consulting» habituel, et «dire», enfin ( ?!) ce qu'ils ont toujours pensé de la politique ou pour se positionner vis-à-vis de tel ou tel événement. Réaction d'un ancien : «On veut nous faire taire !»....

Jeudi 2 juin 2016 :

Après celle de J-P Chevènement, visite «post-froid» (ayant caractérisé, ces dernier temps, les relations algéro-françaises) du président de l'Assemblée nationale française, Claude Bartolone....Un homme bien plus discret et efficace et moins «twetter» que Valls ; ce dernier coupable de bien de «maladresses d'exécution».

Jeudi 2 juin 2016 :

«Le travail de sape de la part de certains syndicats de mèche avec des enseignants et encadreurs d'obédience islamiste contre Mme Benghabrit se confirme. Ils veulent avoir sa tête en organisant méthodiquement des fuites des épreuves du baccalauréat» (La presse). Après les épreuves d'anglais et de français, mercredi c'est l'épreuve d'histoire-géographie qui est balancée sur les réseaux sociaux mardi soir pour s'avérer être la vraie, au moment de l'ouverture de l'enveloppe qui est censée être confidentielle.

Comme par hasard, un communiqué signé mercredi par des députés de la mouvance islamo-conservatrice tente de surdimensionner les fuites en soulignant que «un tel phénomène n'est jamais observé en Algérie depuis l'indépendance». Ces députés ont appelé le président Bouteflika à «limoger» la ministre qu'ils accusent de «s'intéresser plus aux programmes de deuxième génération pour arracher l'école algérienne de son environnement identitaire». «Voilà qui est dit et qui prouve que les islamistes, qui sont présents à tous les niveaux de l'Education nationale, ne veulent pas des nouveaux programmes modernes, voulant laisser perdurer l'enseignement rétrograde en vigueur dans les écoles algériennes» (La presse)

Emprunté à un article de Jeune Afrique, de l'Algérie (avec Lamine Zeroual) à l'Afrique du Sud (avec Kgalema Motlanthe), en passant par le Sénégal (A. Wade) et la Tunisie (M. Marzouki), le continent compte aujourd'hui (ndlr : à peine... hélas ! ) 22 anciens présidents ? 18 encore en vie ? dont les successeurs aujourd'hui en exercice sont parvenus démocratiquement, et dans la paix, au pouvoir.