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Avion d'Egyptair: De la fumée sous le cockpit avant le crash

par Mahdi Boukhalfa

Les recherches pour retrouver l'airbus A320 d'Egyptair, qui s'est abîmé, avec 66 personnes à bord, jeudi, au petit matin, à quelque 290 km, au nord d'Alexandrie, se poursuivaient, hier samedi, alors que le mystère de cette catastrophe aérienne commence à s'expliquer. Sans préjuger des causes réelles de ce crash, une information capitale a été reprise, en boucle, vendredi par la presse américaine, citant des sites aéronautiques spécialisés et des fuites émanant de la compagnie égyptienne. Selon le site ?'The Aviation Herald'', de la fumée s'est dégagée des toilettes et du plancher du cockpit des pilotes, qui renferme une partie cruciale de l'ordinateur de contrôle du vol. Le site américain ?'The Aviation Herald'' a annoncé avoir reçu des informations, selon lesquelles le système ACARS (Aircraft Communications Addressing and Reporting System) a été déclenché » et a émis des messages à la compagnie. Ces messages ou alertes « Acars », selon la même publication, portent notamment sur de la « fumée dans les toilettes », « fumée dans le système avionics » (ordinateur de contrôle, sous le plancher du cockpit). La même information a été reprise par CNN et The Wall Street Journal (WSJ) selon lesquels des fumées ont été détectées à bord de l'avion, peu avant sa disparition. En fait, des détecteurs de fumées se sont activés, peu avant la chute de l'Airbus A320 d'EgyptAir, a confirmé, hier, samedi, le Bureau d'enquêtes et d'analyses français (BEA). L'appareil a envoyé des messages automatiques signalant des fumées près du cockpit, et le BEA, à Paris, a confirmé qu'il y a eu des messages « Acars » émis par l'avion, indiquant qu'il y eu de la fumée en cabine, peu avant la rupture des transmissions de données », a déclaré un porte-parole du BEA, qui a précisé que cela « ne permet pas d'établir des conclusions sur les causes du crash ». Le WSJ rapporte qu'une fumée intense a déclenché des alarmes, dans la partie avant de l'appareil, où sont situées des parties vitales de son électronique de bord ».

Citant des sources proches de l'enquête non identifiées, le journal ajoute que « les messages d'erreur durent environ deux minutes, alertant l'équipage au sujet de fumée détectée dans des toilettes et un compartiment », situé sous le plancher du cockpit de l'avion, un « compartiment qui contient une partie cruciale de l'ordinateur de contrôle de vol » de l'appareil et qui, selon les messages, s'est mis « à mal fonctionner ».

Le système « Acars » permet d'échanger des informations entre un avion, en vol et le centre opérationnel de la compagnie aérienne, pour qu'une fois arrivé, la panne technique soit vite réparée. Les autorités de l'aviation civile égyptiennes n'ont pas commenté ces informations. « Nous sommes au courant de ces informations de presse. À ce stade, je ne peux ni les confirmer, ni les démentir », a indiqué à la presse, un responsable du ministère égyptien de l'Aviation civile. Selon des responsables américains, le Pentagone et les Services des renseignements américains n'avaient pas détecté de traces d'explosion brutale de l'avion, comme cela avait été le cas pour l'A321 russe, disparu au-dessus du Sinaï, en novembre 2015. La certitude, pour le moment, est que le système automatisé de communications de l'appareil avait émis diverses alertes durant deux minutes, dont une signalant une fumée d'origine indéterminée, à l'avant de la cabine et l'autre une défaillance de l'ordinateur gérant les commandes de vol, avant que l'avion n'entame sa chute.

Fumée à bord

Pour autant, les causes réelles du crash restent encore inconnues, alors que les recherches pour retrouver l'épave se poursuivent. Ces recherches, dont la zone a été délimitée dans un rayon de 65 km, se poursuivaient, hier, samedi, notamment pour localiser l'épave, qui serait à environ 3.000 m de profondeur, pour ensuite préparer la délicate opération de récupération des deux enregistreurs de vol, pour comprendre ce qui s'est passé, réellement, et les causes de cette catastrophe. Car pour le moment, la piste terroriste semble s'éloigner, aucune revendication d'un acte pareil n'a été signalée ou enregistrée. « Les familles veulent les dépouilles de leurs proches, l'armée se concentre là-dessus, c'est ce qui nous préoccupe, au premier chef », a souligné, samedi, le président d'Egyptair, Safwat Moslem, interrogé sur les alertes des « Acars », refusant de confirmer ou démentir. Des débris de l'appareil, dont des sièges, avaient été retrouvés par l'armée égyptienne, ainsi qu' « un membre humain » vendredi, selon les secouristes. « Il est beaucoup trop tôt pour interpréter et comprendre les causes de l'accident tant que nous n'avons retrouvé ni l'épave, ni les enregistreurs de vol », a indiqué le porte-parole du BEA français, alors qu'un spécialiste de l'aéronautique, Phlip Baum, cité par la BBC, affirme que « les instruments de l'appareil se sont éteints ».

Le vol MS804, qui avait fait en moins de 48 heures, 5 escales (Asmara, Le Caire, Tunis, Le Caire, Paris) avait décollé de l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, mercredi, peu après 23h00 (21H00 GMT) et devait atterrir au Caire, jeudi, à 03H05 (01H05 GMT). L'avion était à 37.000 pieds (plus de 11.200 m), lorsqu'il a, soudainement « effectué un virage de 90 degrés à gauche puis de 360 degrés à droite, en chutant de 37.000 à 15.000 pieds » avant de disparaître des radars, avait expliqué le ministre grec de la Défense. Selon la marine égyptienne, des débris d'avion ainsi que des restes humains dans la zone où l'appareil a disparu ont été retrouvés. Il s'agit de « certaines affaires appartenant à des passagers, ainsi que des restes humains et des fauteuils d'avion », a précisé, de son côté, le ministère de l'Aviation civile dans un communiqué.