Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Il reste à décoloniser la classe dirigeante algérienne

par Kharroubi Habib

Chez les réseaux français qui n'imaginent l'Algérie que vassale de la France reconnaissant la primauté des intérêts français chez elle et celle de son influence autant économique que politique et culturelle, l'alerte que la recomposition qui s'est opérée au sein du pouvoir algérien s'est faite au détriment de leur pays a sonné quand ils se sont aperçus que Chakib Khelil, l'ex-ministre de l'Energie et des Mines dont l'américanophilie est un secret de polichinelle, a été non seulement blanchi des accusations de corruption dont il a fait l'objet mais a fait un retour au pays qu'il met à profit pour mener une opération de contacts et de communication qui a tout d'une campagne électorale visant à lui conférer le statut du candidat potentiel à la succession de Bouteflika.

L'on comprend que les réseaux français se déchaînent contre cette entreprise qui confirme pour eux qu'il se tramerait en Algérie une conjuration antifrançaise. Mais là où ils déraillent c'est quand ils gratifient des étiquettes de « nationalistes » et « d'avocats » de l'indépendance du choix pour l'Algérie de ses alliances étrangères les relais dont ils disposent dans ce pays et qu'ils encouragent à faire échec au supposé plan qui menacerait la prépondérance française en Algérie.

L'on remarquera qu'à chaque fois que les relations algéro-françaises connaissent un pic de tension ou que des mesures sont édictées en Algérie qui selon les réseaux français en question (constitués en bonne part d'hommes d'affaires) vont à l'encontre de l'intérêt français, il y a l'éclosion d'une féroce campagne médiatique anti-algérienne donnant lieu à un foisonnement d'articles, déclarations et analyses aux contenus et allégations allant dans le même sens qui est de faire apparaître l'Algérie en proie à l'instabilité, l'insécurité et la faillite en tout domaine qui ferait d'elle le problème dangereux se posant au Maghreb, à l'ensemble de la zone du pourtour méditerranéen, de celle sahélienne et subsahélienne et par voie de conséquence des intérêts et de la sécurité nationale de la France.

En Chakib Khelil ils ont trouvé la cible idéale à travers laquelle ces réseaux français tirent sur le pouvoir algérien à qui ils imputent le dessein de chercher à se libérer de la tutelle de la France et à se placer sous celle des Etats-Unis. Mais sans avouer que c'est pour faire échec à cette perspective qu'ils s'en prennent à lui. Pour les citoyens algériens, cette perspective ou celle du maintien de leur pays sous la dépendance de la France sont toutes deux perçues comme alinéantes de l'espoir qu'ils ont de vivre dans un pays qui ne soit sous protectorat d'aucune puissance étrangère. Il en est malheureusement qui se laissent duper et convaincre qu'en dénonçant et combattant l'influence grandissante qu'auraient acquis les Etats-Unis sur les tenants du pouvoir ils font preuve de « nationalisme » et sans se rendre compte qu'ils « roulent » pour la France.

L'avenir de l'Algérie ne doit être ni français, ni américain mais algérien au plus vrai du sens à savoir que le pays doit en finir avec sa classe politique dirigeante prête à se soumettre à toute partie étrangère qui lui garantirait sa survie et son maintien aux commandes de la Nation. Que ce soit ceux qui pourfendent Chakib Khelil et ses protecteurs ou ceux qui les défendent, les Algériens ne voient en ces deux camps que des acteurs mus par cette motivation. Ils savent que tant qu'ils les laisseront sévir ils resteront ces « damnés de la guerre » pour qui l'indépendance de leur pays se réduit à un drapeau et à un hymne national.