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Suite à l'agression d'un médecin résident: Grève ouverte dans les urgences de l'hôpital d'Oran

par Sofiane M.

Une énième agression d'un médecin aux urgences de l'hôpital d'Oran au début de cette semaine a mal tourné entraînant des réactions en chaîne et provoquant une quasi paralysie de ce service.

Le personnel médical et paramédical est sous le choc par la tournure qu'a prise l'agression dimanche d'un jeune médecin résident en réanimation par le fils d'une patiente admise dans ce service la fin de la semaine écoulée.

Le jeune médecin R. K, résident en 4ème année, a été non seulement tabassé, humilié, menacé, mais, plus grave, il se trouve accusé de coups et blessures volontaires contre son agresseur. Ainsi, ce jeune médecin se trouve aujourd'hui traîné devant le tribunal après avoir été roué de coups dans son lieu de travail. Il a été en effet convoqué le 26 du mois en cours par le tribunal de la cité Djamel en tant qu'accusé suite à un dépôt de plainte par son agresseur. «Tout a commencé jeudi dernier lorsqu'une patiente qui exerce en tant qu'infirmière à la maternité du même établissement hospitalier s'est présentée pour consultation. La patiente qui était accompagnée par son fils a exigé une hospitalisation. Le médecin généraliste a refusé de lui donner son accord. Il a été violemment agressé par le fils de cette dame ce qui a fallu l'intervention des agents de sécurité. Tout est finalement revenu au calme, mais le lendemain, vendredi, le fils de cette patiente récidive. Il agresse verbalement un maître-assistant du même service. Le personnel médical a été menacé et il a fallu à nouveau l'intervention de sages pour apaiser la situation. Aucune plainte n'a été déposée vu que la mère de l'agresseur est une collègue. Le personnel médical a accepté l'hospitalisation, qui n'était pas nécessaire, de cette patiente et des examens approfondis (scanner, IRM, bilan complet) de complaisance ont été faits à cette dame qui ne souffre d'aucune pathologie.

En dépit de toutes ces concessions, la situation a dérapé dimanche.

«Le fils de cette patiente m'a agressé physiquement à deux reprises. J'ai reçu plusieurs coups de poings et de pieds qui m'ont causé des blessures et lésions dans diverses parties du corps avec une incapacité de travail de 10 jours. J'ai été violemment agressé pendant l'accomplissement de mon travail et en dehors des heures de visite. J'ai été en outre victime de pressions terribles pour retirer ma plainte et j'ai dû abdiquer sous la forte pression. Le comble est que je me trouve aujourd'hui convoqué en tant qu'accusé suite à une plainte de mon agresseur», raconte le jeune médecin qui est toujours sous le choc. La tournure qu'a prise ce fait divers a fait réagir les médecins résidents en réanimation, en radiologie, en chirurgie générale et viscérale, en neurologie, en traumatologie et en urologie dans ce service qui ont entamé une grève ouverte mardi pour dénoncer les défaillances en terme de sécurité et les agressions violentes contre le personnel médical et paramédical. Les protestataires ont tenu durant toute la matinée d'hier un sit-in à l'intérieur des urgences. «Seul le service minimum, c'est-à-dire les urgences vitales, est assuré. Nous allons poursuivre notre action jusqu'au jour de l'audience», lance un délégué des contestataires.

Les médecins résidents ont énergiquement dénoncé la multiplication des agressions verbales et physiques à l'encontre du personnel médical et paramédical dans ce service. «Nous recensons quotidiennement une dizaine d'agressions physiques dans ce service contre les médecins. Durant les quatre années de mon résidanat j'ai été agressé vingt fois», relate ce jeune résident. Contacté à ce propos, le DG de l'hôpital d'Oran a déclaré que son établissement hospitalier s'est constitué partie civile dans cette affaire et une nouvelle plainte a été introduite contre l'agresseur. Un avocat a été mandaté par la direction pour défendre le jeune résident.