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Les cheminots reprennent le travail: La grève a coûté 10 milliards

par Abdelkrim Zerzouri

Les discussions entre la direc tion générale de la SNTF et les cheminots grévistes ont abouti à un terrain d'entente qui semble satisfaire les deux parties, mettant fin au débrayage qui a paralysé le trafic ferroviaire, depuis le 8 mai dernier.

Les négociations entre la direction et le syndicat qui se sont prolongées, tard dans la nuit du lundi au mardi, comme le souligne le DG de la SNTF, Yacine Bendjaballah, ont permis de dénouer le conflit et la reprise de travail a été annoncée aux travailleurs, dans la matinée du mardi 17 mai. C'est la fin d'une crise qui a duré 9 jours et qui a fait subir à l'entreprise des pertes financière énormes, plus de 10 milliards de centimes, et a terni l'image de la SNTF, auprès de sa clientèle qui a lourdement payé cet arrêt du trafic ferroviaire, selon les déclarations du DG de la SNTF, Yacine Bendjaballah. Contacté par nos soins, ce dernier a indiqué que les deux parties ont convenu de la nécessité de reporter le point du reclassement des mécaniciens, un point inscrit sur le registre d'une révision globale, confiée à un bureau d'études, et qui concerne toutes les filières de la SNTF. C'est ce que n'a pas arrêté de dire le DG de la SNTF, tout au long de ces derniers jours, insistant sur le fait qu'« il est impossible de décider d'un reclassement des tractionnaires, en ignorant les 35 autres filières, qui auraient, en pareille circonstance, tous les arguments en leur faveur pour lancer, de leur côté, des plates-formes de revendications, portant sur ce point précis, et pousser à la grève les 12.500 cheminots ». Aussi, comme rapporté dans notre édition du lundi 16 mai, la direction générale avait décidé, avant de se réunir, en fin de journée du lundi, avec les représentants des travailleurs grévistes, de recourir à l'application du règlement intérieur de la société, notamment l'envoi de mises en demeure aux grévistes, les sommant de reprendre le travail, sans délai.

Enfin, les mécaniciens ont, finalement, admis ce « principe », a laissé entendre le DG de la SNTF, adhérant à la norme de gestion qui exige de soumettre ce dossier aux experts pour élaborer un tableau de classement équitable pour les tractionnaires et pour toutes les autres filières de la SNTF.

Quant aux quatre autres points de revendication, introduits dans la plate-forme du 12 avril dernier, en l'occurrence : la majoration des vendredi et des jours fériés à 100%, l'application de la prime de nuit pour la circulation entre 21h et 5h, la majoration de la prime kilométrique et la prime de surveillance de lignes, même si la direction leur reconnaît, toute la légitimité, ils ne peuvent être traités hors du cadre de la nouvelle convention collective, en préparation. Globalement, donc, c'est ce que dit le protocole d'accord, auquel ont abouti les deux parties durant les premiers jours de la grève. La grève est terminée, certes, mais le malaise au sein des cheminots n'a pas été, pour autant, bien soigné. L'état des lieux en matière de représentativité syndicale est déplorable.

Toutes les structures syndicales, y compris la Fédération nationale des cheminots, sont en activité, d'une façon temporaire ou provisoire, d'où les inimitiés entre les syndicalistes eux-mêmes qui tentent de se faire voir et entendre, en engageant des actions visant beaucoup plus une amélioration de l'aura syndical de tel groupe ou tel autre, parfois au détriment de l'essor de l'entreprise.

Il s'agit, donc, principalement d'un problème syndico-syndical qui va continuer, encore, à semer la discorde et la zizanie entre les travailleurs et qui mériterait, ainsi, toute l'attention de la Centrale syndicale, comme le relèvent les cheminots. Pour mieux soutenir cet état lamentable des relations syndico-syndicales, on rappellera que la Justice avait, en date du 9 mai, rendu une décision qui déclare « illégale » la grève des conducteurs de trains et la Fédération nationale des travailleurs du secteur avait rejeté ce mouvement de protestation, affirmant que les grévistes n'avaient pas avisé la fédération, seule partie habilitée à entreprendre une telle démarche, au nom des travailleurs. Le secrétaire général de la Fédération nationale des cheminots (FNC), Abdessalam Albane a souligné que chacun doit assumer ses responsabilités, après l'échec des négociations entre les grévistes et la direction générale d'autant que la fédération n'a pas autorisé cette grève. Le conflit syndico-syndical entre la FNC et la Coordination nationale des tractionnaires ne peut pas être plus clairement désigné.