Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

La paralysie du trafic ferroviaire perdure?: Les grévistes mis en demeure de reprendre le travail

par Abdelkrim Zerzouri

Hier, la grève des tractionnaires était à son 9e jour et c'est « toujours le blocage » des machines de trains. Un climat tendu fait planer sur le rail une profonde détresse.

Le spectacle des gares désertées, des trains immobilisés sur les quais, des travailleurs livrés à l'oisiveté par la contrainte des évènements, offre un tableau de désolation absolue. « Bien sûr que la grève est un droit, mais il ne faut pas en abuser en déclenchant des grèves ouvertes du premier coup. Les syndicalistes procèdent généralement par ?paliers' dans leur mouvement de protestation, commençant par des sit-in, puis des grèves limitées dans le temps, avant d'aller vers le débrayage illimité », font remarquer des cheminots non grévistes qui, sans douter de la légitimité des revendications, désapprouvent cette action musclée adoptée par les mécaniciens ??sans crier gare''. « Cette grève a brûlé toutes les étapes intermédiaires, elle a été déclarée illégale par la justice, à quoi faut-il s'attendre encore ? », s'interrogent nos interlocuteurs. La direction générale qui a, jusque-là, plaidé la sagesse, semble prendre un autre ton sévère, décidant de passer à l'application rigoureuse du règlement intérieur. Après avoir employé la méthode du dialogue et les appels à la sagesse en direction des grévistes, « on est obligés de passer à l'application du règlement intérieur », nous a indiqué, hier, le DG de la SNTF, Yacine Bendjaballah, non sans relever avec ironie qu'il a « une grève à gérer et une autre en attente ». En d'autres termes, nous expliquera-t-il, « si l'on accorde maintenant satisfaction aux revendications qui sont actuellement soumises, on aura demain une autre grève sur les bras, et cette fois elle serait déclenchée par l'ensemble des 12.500 travailleurs, qui viendraient à leur tour soumettre leur plateforme de revendications ». Ainsi, sur un ton intransigeant, le DG de la SNTF nous a révélé que « des mises en demeure » ont été adressées aux travailleurs grévistes, les sommant de reprendre le travail dans l'immédiat, sinon ils seront considérés en situation d'abandon de poste, alors que pour le cas des syndicalistes, une procédure de « levée de l'immunité syndicale » a été engagée auprès de l'Union locale Ugta, territorialement compétente, avant de passer à l'application des procédures disciplinaires à leur encontre. « Les dispositions du règlement intérieur seront appliquées dans toute leur rigueur », soutient M. Yacine Bendjaballah. D'un autre côté, on apprendra de source crédible que la centrale syndicale Ugta a donné son accord pour la levée de l'immunité syndicale couvrant ou protégeant les activités des représentants de la Coordination nationale des tractionnaires, dont les membres en conflit avec la Fédération nationale des cheminots (FNC) ont, déjà, perdu toute couverture de cette tutelle syndicale qui chapeaute directement toutes les sections syndicales de la SNTF.

Ces décisions seraient de nature à affaiblir, du moins à tempérer l'ardeur et la détermination des syndicalistes regroupés au sein de la Coordination nationale des tractionnaires, dont les revendications portent sur cinq points, à savoir le repositionnement des mécaniciens, la majoration des vendredis et des jours fériés à 100%, l'application de la prime de nuit pour la circulation entre 21h et 5h, la majoration de la prime kilométrique et la prime de surveillance de lignes.