Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

En attendant le ramadhan: Les prix des fruits et de la sardine hors de portée

par Houari Barti

La vague de sécheresse qu'a traversé le pays cette année a fait craindre le pire pour les agriculteurs et les consommateurs. Finalement, et à quelques semaines seulement du mois de Ramadan, la mercuriale se porte bien et tous les voyants sont au vert aussi bien en termes de quantité mises sur le marché qu'en termes de clémence des prix. C'est en tout cas la conviction affichée par nombre d'intervenants de la filière fruits et légumes rencontrés cette semaine au niveau du marché de gros des fruits et légumes d'El Kerma. Un marché qui prend depuis deux années déjà les allures d'un gigantesque grenier qui se déploie sur une superficie globale de 185 ha agencée en 09 grands hangars et une vingtaine de chambres froides consacrées exclusivement au stockage de la datte. Un atout de taille pour une wilaya dont les besoins en produits agricoles ne cessent d'augmenter à cause de sa forte concentration démographique. Pour le chef du marché, M. Benmansour Habib, ce constat encourageant en matière d'offre reflète en premier lieu les efforts consentis par les pouvoirs publics en vu d'améliorer le rendement du secteur de l'agriculture. Mais il traduit aussi, a-t-il soutenu, une meilleure maîtrise de la chaine agriculteur-mandataire-détaillant, même si, a-t-il admis, des efforts supplémentaires sont toujours nécessaires de la part de l'ensemble des partenaires, tant la marge de progression est encore importante. Pour nos interlocuteurs, cette tendance positive devra non seulement perdurer mais aussi s'affirmer d'avantage au fur et à mesure de l'approche du mois du jeûn grâce notamment à l'entrée en masse sur le marché local de nouvelles récoltes de certains produits comme la pomme de terre en provenance de Mascara et de Aïn Defla.

Prix et coût fins !

Une virée par le marché de gros des fruits et légumes d'El Kerma renseigne, si besoin est, de l'immense gamme de variétés de produits proposés à la vente. Des produits qui proviennent principalement de l'arrière pays de la région ouest mais aussi de la région sud, précisément la wilaya d'El Oued, qui commence à avoir une place de choix parmi les zones agricoles les plus fertiles qui alimentent la wilaya d'Oran. La wilaya de Mascara, connu pour sa variété exceptionnelle de pomme de terre est en train également de reprendre sa place d'antan devant les wilayas de Mostaganem, Aïn Defla et El Oued, souligne-t-on par ailleurs. Certains vont jusqu'à soutenir que la pomme de terre ne s'est jamais aussi bien portée que cette année comme en témoignent ses prix sur le marché du gros qui varient entre 15 et 20 dinars le kilo. Des prix qui sont tirés vers le bas par la concurrence imposée par d'autres produits comme la fève et les petits pois cédés respectivement entre 25 et 50 dinars pour le premier et entre 60 et 85 dinars pour le second. La tomate, le poivron et l'oignon affichent également des prix en berne, soit, respectivement, 20 à 45 dinars, 50 à 60 dinars, et 45 à 50 dinars le kilo. Le poireau, disponible en grandes quantités depuis quelques semaines, est quant à lui vendu entre 15 et 20 dinars le kilo. Même constat pour la carotte (20 dinars/kg), le navet (40 à 45 dinars/kg), les aubergines (40 à 55 dinars/kg) et le chou-fleur (65 à 70 dinars/kg). Aussi, si le prix de la laitue a connu une chute libre de 80 dinars à 30 dinars le kilo, celui du haricot vert culmine quant à lui entre 150 et 250 dinars le kilo. Pour les prix de détail, ils sont majorés généralement avec des marges de bénéfices qui peuvent atteindre facilement les 100 %.

Absence des services de lutte contre la fraude

Par ailleurs, si les fruits de saison sont disponibles en quantités abondantes favorisant une baisse naturelle des prix, les fruits dits exotiques, du fait des mesures de restrictions à l'importation dont ils ont fait l'objet, affichent des prix plus qu'exorbitants. Excepté les bananes et les pommes, aucun fruit n'est désormais autorisé à l'importation. Les autres fruits exotiques comme le kiwi, les cerises ou encore la mangue accèdent au marché national via la contrebande, soit par les frontières sud-ouest, soit par l'Europe à travers la filière dite du cabas. C'est ce qui explique leur rareté sur le marché et surtout leur prix, qui donnent carrément le tournis. Ainsi, un kilo de cerise est cédé 1.400 dinars. La mangue quant à elle dépasse facilement les 2 000 dinars. Pour ce qui de la pomme, elle est cédée entre 400 et 450 dinars le kilo. La banane, elle, tourne autour des 220 dinars le kilo. Autre produit qui prend carrément des ailes, la sardine. Cette espèce de poisson qui a la réputation d'être celle des petites bourses semble avoir totalement changé de statut. Ayant atteint les 800 dinars le kilo ces derniers jours, la sardine est désormais plus chère que le rouget par exemple (500 dinars), ou le faux merlan (400 dinars). Ce qu'il faut souligner tout de même, c'est que beaucoup de ces poissons sont en réalité des produits à la base surgelés mais qui sont vendus comme étant du poisson frais. Une tromperie sur la qualité qui devient de plus en plus répandue devant l'absence caractérisée des services de contrôle des fraudes relevant de la direction du commerce. D'autres types de fraudes sont également largement utilisés par des commerçants peu scrupuleux comme l'arnaque à la pesée ou encore la pratique du fardage, une fraude qui consiste à tromper un acheteur potentiel sur la qualité réelle d'un lot en plaçant sur la couche supérieure (visible) des produits une qualité supérieure à la qualité moyenne du lot.