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Ouyahia à propos du tweet de Valls: Les relations entre Alger et Paris ne seront pas affectées

par M. Aziza

Fraîchement élu à la tête du RND, Ahmed Ouyahia a répondu du tac au tac aux questions des journalistes sur tous les sujets d'actualité, à l'exception de celle relative au retour de Chakib Khelil et ses tournées à travers les zaouïas du pays.

S'exprimant hier, lors d'une conférence de presse, tenue au siège de son parti, le SG du RND, Ahmed Ouyahia a refusé de répondre aux questions concernant Chakib Khelil. Il s'est contenté de dire que «le bonhomme est dans son pays, point barre !» Et d'affirmer devant l'insistance de la presse : «n'attendez surtout pas une réponse ou un commentaire de ma part sur Chakib Khelil». Il a affirmé qu'il s'est déjà exprimé pendant 14 minutes sur Ennahar TV à ce sujet, et qu'il n'a plus rien à redire.» Interrogé s'il serait prêt à témoigner devant la justice si l'affaire Sonatrach II venait à être traitée par la justice, il répond par l'affirmatif.

Evoquant le parti majoritaire, Ahmed Ouyahia a affirmé que le FLN demeurera un allié stratégique du RND. «Nous sommes deux forces politiques ayant la même ligne, à l'exception de certains points de divergences». Il dira qu'il n'a aucun problème avec Amar Saadani. La preuve, dit-il, «il m'a félicité publiquement lors de la réunion des Mouhafedhs». «C'est vrai qu'il avait fait certaines déclarations qui sont sorties du cadre, mais c'était une étape passagère», a souligné Ouyahia en faisant remarquer que ces sujets sont «plutôt une matière pour la presse».

Toujours dans le même contexte, Ouyahia a affirmé que l'étape 2019 «des présidentielles», est un point de convergence entre lui et le secrétaire général du FLN, Amar Saadani. «Le président de la République est élu par le peuple pour un mandant jusqu'à avril 2019, on lui souhaite longue vie», prie-t-il tout en exprimant son soutien absolu et celui de son parti au président de la République.

Pour Ouyahia, il faut aujourd'hui faire face aux défis que doit relever notre pays sur le plan sécuritaire, économique ou social.

Interrogé sur le sujet, Ahmed Ouyahia n'a pas hésité à commenter encore une fois, le tweet montrant Bouteflika affaibli, publié par Manuel Valls. Pour lui, c'est un acte d'une «énorme indélicatesse», notamment «quand ça vient, d'un Premier ministre». Il a également affirmé que Manuel Valls n'a rien appris de nouveau aux Algériens concernant la santé de Bouteflika, il a juste montré que le président n'était pas dans ses meilleurs jours. Le SG du RND a précisé que Valls est venu pour assister à la grande commission mixte bilatérale. Il a été reçu par le président et il n'a pas trouvé mieux que de poster une photo du président sur son compte personnel». Il insiste : «je trouve que c'est très, très indélicat». Mais Ouyahia relativise en affirmant que «le tweet de Valls n'impactera pas les relations sociales, économiques et de voisinage entre l'Algérie et la France».

Pour lui, c'est pratiquement l'état des relations entre deux importants associés ayant une histoire qui pèse et c'est ainsi. «Un jour c'est sucré et un jour c'est amer sans que cela n'affecte les relations stratégiques entres les deux pays».

Pour ce qui est de la loi criminalisant le colonialisme, revendiquée par certains députés FLN, Ahmed Ouyahia a affirmé sans complexe qu'une telle loi n'apportera aucun plus pour le peuple algérien. Il dira que les attentes du peuple algérien sont comment construire ensemble la maison Algérie, comment construire un pays puissant et non pas l'adoption d'une loi criminalisant le colonialisme.

«Le populisme doit reculer»

Ahmed Ouyahia s'est montré inquiet par rapport à la situation financière du pays. Tout en affirmant que «c'est l'opposition qui fait dans le populisme et non pas le gouvernement», il a souligné que «le populisme doit reculer» pour éviter le retour à l'endettement extérieur et par ricochet éviter de tomber entre les mains du FMI.

Le SG du RND a affirmé que son parti appelle à une mutation graduelle de la politique de subvention adoptée par notre pays, pour que cette mutation ne soit pas faite par le FMI brutalement. Et pour que l'emprunt obligataire atteigne ses objectifs, le RND propose la généralisation de la finance islamique qui est déjà adoptée dans des pays occidentaux. Pourtant, dit-il, des Européens ont exprimé dernièrement, à tort, des critiques vis-à-vis des musulmans à cause du terrorisme, «mais la finance islamiques était la bienvenue !» Pragmatique, il dira : «si la finance islamique permettra de faire rentrer de l'argent dans les banques, pourquoi pas». Pour Ouyahia, l'emprunt obligataire est une opération classique, pratiqué dans tous les Etats, mais il rencontre en Algérie quelques réticences. Il dira qu'on n'est pas là pour changer la façon de vivre et de voir d'un peuple, mais pour trouver des solutions, dont «la finance islamique».

Ouyahia a plaidé, entre autres, pour la réhabilitation du travail et pour barrer la route à l'import-import. Il s'est dit favorable à l'idée de bancariser et investir l'argent de l'informel dans des projets de développement et d'investissement, à travers l'emprunt obligataire «à l'exception de l'argent sale, l'argent de la drogue», a-t-il souligné. Le conférencier a plaidé pour faire avancer l'âge de la retraite et permettre plus de flexibilité dans le code du travail.

Le Mak pointé du doigt

Tout en évoquant les dangers qui guettent notre pays de l'extérieur, Ahmed Ouyahia, a pointé du doigt, encore une fois, le MAK. Il a affirmé que la guerre subversive est plus dangereuse que la guerre à canons. Et d'accuser le fondateur du MAK d'être un «mercenaire» au service d'étrangers qui ont comme objectif de déstabiliser l'Algérie. «Dans une guerre classique, on trouve des mercenaires et dans une guerre subversive on trouve aussi des mercenaires et je trouve que Ferhat Mehenni, malheureusement à son âge avancé, s'est retrouvé comme un mercenaire de cause étrangère et non pas un mercenaire d'une prétendue cause de la Kabylie»

Rebrab accusé d'avoir politisé «l'affaire El Khabar»

Interrogé sur l'affaire du rachat d'El Khabar par Rebrab, Ahmed Ouyahia n'a pas manqué de faire l'éloge de ce «grand journal». Il a accusé le patron de Cevital d'avoir politisé l'affaire. Il dira: «c'est bien lui qui a dit que ce pouvoir doit partir. Or, je fais partie de ce pouvoir». Et d'évoquer dans la foulée, l'empire médiatique qui fait peur à tout le monde, de par le monde.

Par ailleurs, Ouyahia a affirmé qu'il n'a écarté aucun cadre du RND. Il a précisé que ce sont les militants des wilayas et des circonscriptions à l'étranger qui ont chacune procédé à la sélection des membres du conseil national par vote ou par consensus. Il a affirmé qu'il avait seulement un petit quota conformément au statut du parti. «Sur les 17 sièges que le statut m'a donné, j'ai sélectionné 20 personnes, qui sont en fait des femmes et des jeunes». Et d'affirmer qu'il a voulu maintenir les équilibres au sein du conseil national pour donner plus de chances aux femmes et aux jeunes, au sein de son parti.