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Dix jours après les attentats à Paris : François Hollande au plus haut dans les sondages

par Zahir Mehdaoui : Paris

Le président français, François hollande, gagne du terrain sur l'arène politique de son pays, dix jours après les attentats meurtriers qui ont endeuillé les Parisiens. Les Français, qu'ils soient de gauche ou de droite, ont apprécié la réaction et la gestion par son gouvernement de l'attaque terroriste du 13 novembre.

«Les Français, pas seulement ceux qui se classent à gauche, ont globalement apprécié la façon dont François Hollande a réagi, avec des mesures fermes, immédiates et concrètes, aux attentats terroristes de Daech. C'est la première leçon du baromètre Ifop-JDD mensuel, et des réactions recueillies, à cette occasion, par les enquêteurs de l'institut de sondage» écrivait dans son édition hier, le journal du Dimanche (JDD).

Après les tragédies de ?Charlie Hebdo' et de l'Hyper Cacher en janvier, la cote de popularité du président avait déjà fait un bond (+12 points) mais, à l'époque, les Français avaient surtout apprécié le registre compassionnel de François Hollande, note Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'Ifop (Institut français d'opinion publique). Avec l'idée complémentaire que François Hollande avait bien «géré» le drame.

Le journal, qui a consacré plusieurs pages aux attentats de Paris, ajoute que cette fois, la tonalité est différente : les Français, sous le choc, se félicitent de la réactivité du chef de l'État, de son passage à l'acte, sans délai, (la «prise de conscience» a été immédiate, dit-on, et les décisions, à commencer par l'état d'urgence, sont venues très vite). Beaucoup ? notamment au centre ? semblent considérer qu'il a su , cette fois, prendre ses distances avec les clivages partisans, bref qu'il «habite» enfin la fonction. Ce qui, dans une problématique hollandaise, pourrait l'aider à endosser le costume dont il rêve pour 2017, façon Mitterrand 1988 : celui d'un candidat «protecteur», au-dessus de la mêlée.

Le même journal explique en ce sens, qu'en un mois, le chef de l'État français gagne en moyenne 7 points de confiance, passant de 20 à 27% de Français «très ou plutôt satisfaits» de son action. Mais le gain est plus fort encore si l'on ne prend en compte que la seconde enquête de l'Ifop, réalisée, vendredi et samedi, : cette fois, la cote du chef de l'État bondit de 12 points.

Selon le sondage de l'IfoP, le président Hollande «grâce» au drame, a pu gagner des points précieux pour sa cote de popularité parmi les 18-24 ans (+11), chez les professions libérales et cadres supérieurs (+11), également chez les professions intermédiaires (+8). Mais sans doute faut-il d'abord relever sa progression à gauche et au centre : +17 chez les Verts, +15 au MoDem et, tout de même, +9 au PS.

Le JDD rapporte que les réactions enregistrées par l'Ifop auprès de sondés le confirment et éclairent, en même temps, certaines frustrations antérieures. «Il s'est conduit en réel chef d'État», dit un sympathisant socialiste. «Il a eu un côté rassurant», renchérit un autre. «J'étais mécontent de lui, ajoute un troisième, mais, après les attentats, le reste devient moins important.» Un autre sympathisant PS n'est pas moins satisfait : «Il prend son rôle un peu plus au sérieux. Il a su rassembler tout le monde.» Un écologiste est sur la même longueur d'onde : «Je le trouvais, jusqu'ici, un peu effacé.» Mais un de ses camarades s'inquiète des «lois liberticides» qui, selon lui, se profileraient à l'horizon.

A droite, cependant, ajoute le même canard, où les dirigeants déplorent que François Hollande n'ait pas agi ou réagi depuis plusieurs mois, les jugements sont plus nuancés que prévu, même s'ils sont parfois teintés d'ironie : «J'ai trouvé bien qu'il essaie de faire des choses», estime un sondé. Même tonalité chez un électeur de Nicolas Dupont-Aignan : «Son action a été à peu près celle d'un chef d'État.»

Un frontiste est presque du même avis : «Il a, quand même, fait son travail.» Un sympathisant de l'UDI met, à sa façon, les points sur les «i» : «Il s'est comporté en véritable président de la République, contrairement à son attitude d'avant.»

Il faut savoir, enfin, qu'à quelques jours des élections régionales ici en France (6 et 13 décembre), le PS (parti socialiste) de François Hollande doit faire face à un véritable défi. C'est en fait, un test grandeur nature que devrait passer le parti du président de la République devant une extrême droite et une droite qui vont exploiter à plein régime, les attentats terroristes qui ont fait 130 morts.