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Quand Ouyahia parle programmes !

par Kharroubi Habib

Pour Ahmed Ouyahia qui intervenait samedi soir sur la chaîne satellitaire privée Dzaïr News, il n'y aurait pas crise politique dans le pays et encore moins crise du régime. Il ne fallait donc pas s'attendre à ce qu'il ménage un tant soit peu les acteurs politiques qui expriment le contraire. Pour le patron du RND, tous ceux qui parlent de crise politique ou de régime ne sont en fait que des ambitieux qui aspirent à accéder au pouvoir ou des aigris en manque de repères. A tous il a fait le reproche d'être des opposants partisans de « l'ôte-toi que je m'y mette » mais sans programmes de gouvernement qui donneraient crédit à leurs capacités de gérer le pays.

Il est mal venu de la part du secrétaire général du RND de se prévaloir de cet argument pour disqualifier les opposants et détracteurs du régime et de ses politiques. Car enfin le parti qu'il dirige en a-t-il un qui lui est propre ? Pour toute ligne politique le RND n'a que celle du soutien au président de la République et à son programme. Peut-être que l'opposition n'a pas de programmes consistants, mais les partis de la majorité présidentielle dont fait partie le RND ont eux introduit une époustouflante innovation dans la pratique politico-partisane. Celle de ne pas avoir de programme du tout et de rouler pour celui d'un acteur politique qui a proclamé haut et fort son indépendance à leur égard.

Qu'Ouyahia et ses homologues de la majorité présidentielle arrêtent de débiter leurs refrains sur l'indigence du discours politico-programmatique de l'opposition. Ils sont indigestes car venant de personnalités n'ayant pour tout viatique qui en a fait des responsables étatiques ou partisans que l'allégeance servile qu'ils vouent aux détenteurs réels successifs du pouvoir et dans laquelle ils ont charge de maintenir les formations qu'ils dirigent.

Pour Ouyahia comme pour Saadani et les autres chefs de partis de la mouvance présidentielle, leurs formations partisanes n'ont de raison d'exister que par le soutien qu'elles doivent procurer à Bouteflika. En terme d'indigence programmatique on ne peut faire pire car ce à quoi se résume ce que ces formations prônent est qu'il faut être dans le camp dominant peu importent les politiques qui sont les siennes. Depuis qu'il est aux commandes de l'Algérie, Bouteflika pratique au gré des circonstances une politique puis son contraire sans même prendre l'avis de ces formations qui s'empressent sans pudeur ni retenue d'applaudir tantôt l'une, tantôt l'autre. Et ce sont elles qui s'avisent de faire la leçon à l'opposition et de fustiger l'indigence de ses programmes !

Une chose est sûre qui transparaît des sorties médiatiques - nous paraissant avoir été concertées - auxquelles s'adonnent ces derniers temps les leaders de la mouvance présidentielle. Il y a que la présentation que l'opposition fait de la situation nationale trouve un écho dans l'opinion publique dont l'amplitude alarme le pouvoir et ses relais. Ce qu'ils tentent d'étouffer en se lançant à la diabolisation à tout va de cette opposition et même des plus velléitaires détracteurs de cette situation. Comme le sont les signataires de la « fameuse » demande d'audience au chef de l'Etat.