Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Education : Violence à l'école et aveu d'échec

par Yazid Alilat

La violence au sein de l'école algérienne reste un phénomène récurrent, mais au vu de sa fréquence d'apparition depuis la rentrée 2015-2016, il devient inquiétant.

Des élèves agressés par des enseignants, des enseignants agressés par des élèves, qui se font poignarder par des voyous à la sortie des établissements scolaires, la situation de l'école algérienne est vraiment inquiétante. Chaib Draa Thani, conseiller au ministère de l'Education nationale, reconnaît la mauvaise passe de l'école algérienne, annonçant dans la foulée la mise en place d'une commission devant apporter des solutions et des réponses à cette violence scolaire. Il a confirmé hier mardi à la radio algérienne l'existence d' «incompréhensions entre les uns et les autres, les relations conflictuelles, la mauvaise formation des enseignants sur la gestion positive des conflits au sein de l'école algérienne». «On ne s'écoute pas, ce qui génère cette violence que l'enfant vit dans son environnement», estime-t-il avant de relever que pour le ministère «c'est un dossier ouvert, dans la durée, c'est un dossier qui reste ouvert pour éradiquer ce phénomène». Selon lui, l'année où il y a eu le plus de cas de violence à l'école a été 2007, avec près de 25.000 cas confirmés, mais à travers, tempère-t-il, 27.000 établissements. Face à la violence au sein de l'école, il a indiqué que le ministère de l'Education nationale compte recruter et former quelque 4.000 agents, outre la formation du personnel enseignant et les chefs d'établissements sur «la gestion positive des conflits, qui permet d'éradiquer ce phénomène». Pour autant, M. Chaib Draa reconnaît que 4.000 agents de sécurité n'est pas une «solution suffisante», car «il y a plusieurs solutions pour prendre en charge ce problème». Le groupe de travail mis en place au ministère a déjà réuni les partenaires dont les syndicats, les parents d'élèves, les enseignants et les chefs d'établissements pour travailler sur un nouvel agenda, «l'école républicaine», a-t-il dit, «et tout le monde veut arriver à cette finalité, on est d'accord sur celaz. M. Chaib Draa a ajouté que le ministère de l'Education a pris en charge d'abord lui-même cette question, en adoptant «une démarche pragmatique», et «réagir», avec les autres secteurs (Intérieur, DGSN, ministère de la Solidarité nationale, ...) et «les efforts des uns et des autres ont été fédérés pour avoir une école républicaine». Le conseiller au ministère de l'Education nationale a par ailleurs souligné «qu'on sera à l'avenir intransigeants sur la violence à l'école, il y a des lois et il faut les appliquer». Mais, il a botté en touche lorsqu'il s'agissait de donner des réponses claires sur les sanctions contre des enseignants ou des élèves agresseurs, alors qu'un décret sanctionnant la violence des enseignants contre élèves, adopté il y a quatre ans, reste encore inappliqué. Il répondra seulement que des sanctions sont prises «quand nous sommes avisés à temps». Il a également indiqué que «certains cas sont pris en charge par la ministre elle même, comme l'enfant qui a été aspergé de colle dans une école de Bir Mourad Rais par son enseignant». Il indiquera également que «nous avons formé un noyau dur d'inspecteurs pour la médiation et pour lutter contre la violence, travailler sur les relations conflictuelles, et prendre en charge la violence scolaire». Car il s'agit, pour lui, de ré-instaurer «le bon vivre dans nos écoles, qui a disparu aujourd'hui». Il regrettera également que «l'école n'est plus ce lieu du bien vivre ensemble. Il faut qu'on prenne l'enfant comme être humain à part entière, il faut revoir l'architecture de nos écoles, il va falloir reprendre tout pour redonner à l'école le bon vivre ensemble». Par ailleurs, il a estimé que renvoyer les élèves violents ne «règle pas le problème, il faut les détecter à temps et les prendre en charge, et mettre en place un dispositif de médiation pédagogique et les accompagner». Et puis, il reconnaît finalement que «l'école n'a pas formé et éduqué nos enfants comme elle devrait le faire, c'est un échec, l'école a échoué à former les élèves». Et donc, «il faut apporter les correctifs et c'est ce que nous sommes en train de faire depuis une année», a-t-il expliqué faisant remarquer qu'il faut «donc retourner aux activités périscolaires, comme les clubs scientifiques, culturels, etc. «Il faut aller vers l'éducation de la citoyenneté», affirme-t-il avant de dénoncer le système des cours particuliers assurés par des enseignants. «Nous dénonçons ces cours qui se font dans des conditions lamentables, dans des hangars, avec des effectifs exagérés», affirme M. Chaib Draa qui a indiqué qu'une étude menée par le ministère a montré qu'il n'y a aucune relation entre ceux qui suivent les cours et le taux de réussite aux examens.

«Les parents gaspillent leur argent, cours ou pas cours particuliers, assure-t-il, avant de proposer aux parents d'élèves un système de cours supplémentaires au sein des établissements scolaires, car il faut «valoriser l'heure supplémentaire pour inciter les enseignants à adhérer à cette démarche», souligne-t-il, avant de préconiser une prise en charge particulière des élèves qui ont des difficultés à l'école.