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Face à l'épreuve de la menace terroriste et l'afflux de migrants : L'espace Schengen marque ses limites

par Abdelkrim Zerzouri

Tous les vols vers les villes françaises, à partir de l'aéroport Med Boudiaf de Constantine ou tout autre aéroport du pays, ont été assurés hier par les compagnies aériennes. Les voyageurs appréhendaient un peu des annulations de vols vers la France après la déclaration de fermeture des frontières, annoncée dans la soirée du vendredi après les attentats meurtriers qui ont eu lieu à Paris, mais tout était régulier sur ce plan, ont assuré des sources aéroportuaires. La fermeture des frontières a une toute autre portée ou signification que celle de la fermeture des aéroports ou contrôle de documents de voyages et d'identité. La fermeture des frontières, dont l'annonce par le président français a été suivie par une précision assez importante à ce propos, soulignant qu'« on doit s'assurer que personne ne rentre dans le pays pour commettre des actes terroristes », vise une protection de la France contre la menace terroriste. On le sait pertinemment, tous les voyageurs autres que ceux venant de l'espace Schengen subissent des contrôles parfois très sévères aux frontières. Seuls, donc, les voyageurs des pays signataires des accords Schengen passent par un couloir spécial sans aucune formalité de contrôle des documents de voyages ou autre identité. Désormais, suite à cette décision de fermeture des frontières, c'est tout le monde qui doit passer par les opérations de contrôle, sans aucune considération pour l'espace de Schengen. Malgré la possibilité offerte par la clause de sauvegarde, intégrée à l'article 2.2 de la convention de Schengen et autorisant les Etats à rétablir provisoirement des contrôles aux frontières dans des circonstances exceptionnelles, l'espace Schengen n'est, certes, pas mort mais il est remis en cause. Et la réforme de ses règles, réclamée par la droite et l'extrême droite françaises depuis longtemps déjà, n'est plus qu'une question de temps. Ces dernières semaines, s'ils n'ont pas posé carrément des barbelés, presque tous les pays européens ont rétabli les contrôles à leurs frontières (dont les derniers à opter pour cette solution qui demeure moins sévère que la fermeture pure et simple des frontières, sont l'Allemagne et la Suède), pour faire face aux vagues incessantes de milliers de migrants. Et, aujourd'hui, avec cet attentat meurtrier qui a frappé au cœur de Paris, c'est un argument de plus qui apporte du grain à moudre à ceux qui réclamaient en France un passage vers Schengen ??2''. Et, les premiers à payer le prix de ce nouvel accord, dont les contours se dessinent dans un contexte de crises socioéconomique et sécuritaire, seront sans conteste ces migrants qui affluent par milliers (la France a donné son accord pour accueillir au cours des deux prochaines années au moins 24.000 demandeurs d'asile, en plus des 6.275 pour lesquels elle s'était déjà engagée), et qui devront attendre longtemps aux portes, avant de trouver refuge dans un quelconque pays européen. Ainsi, l'oppression de Daech les aura poursuivis là où ils iront.