Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

DAECH, LA GRANDE MENACE

par Yazid Alilat

Ce qui s'est passé vendredi soir dans la capitale française, l'ampleur de l'attaque terroriste, la plus spectaculaire et la plus meurtrière jamais organisée sur le sol français avec au moins 128 morts et plus de 250 blessés est un acte de guerre. Un acte belliqueux qui désigne clairement la France comme un ennemi potentiel. La revendication de l'attentat par l'Etat islamique confirme autant qu'elle conforte les alertes de milieux spécialisés qui avaient prévenu contre une attaque d'une telle ampleur contre la France. Les déclarations du président syrien Bachar Al Assad, qui accuse la France d'avoir encouragé l'émergence des groupes terroristes en Syrie, et ses récentes menaces contre Paris, qui soutient militairement l'opposition (démocratique) en Syrie, donnent en fait l'ampleur du ressentiment des milieux proches des franchises terroristes en Orient, autant la branche syrienne d'Al Qaïda, le front Al Nosra que Daech.

D'autant que ce dernier avait à plusieurs reprises menacé de frapper la France au cœur pour sa politique au Proche-Orient, et particulièrement après avoir mené les raids de la coalition internationale contre l'Etat islamique en Irak et en Syrie. L'interventionnisme de Paris dans les questions intérieures des pays arabes, de la Libye à la Tunisie, en passant par la Syrie et l'Irak, ne pouvait pas rester sans une réaction violente de ceux-là mêmes dont la France compromet les intérêts ou aide à les combattre. Les attentats contre des touristes français en Tunisie cet été au musée du Bardo de Tunis et dans la ville balnéaire de Sousse étaient des avertissements suffisamment ciblés pour que la France prenne au sérieux les menaces de Daech.

Car entretemps, depuis les attentats de Sousse, en Tunisie, la France a renforcé son dispositif sécuritaire et les lois sur le renseignement, après également l'attentat de Charlie Hebdo, au cœur de Paris. Car ces attentats ont eu lieu à un mois d'intervalle après l'entrée en vigueur de plusieurs mesures importantes de la loi sur le renseignement, en particulier l'autorisation de nombreuses techniques spéciales d'enquêtes pour les services de police. En outre, plus de 1.000 postes ont été pourvus par les différents services du renseignement français pour justement prévenir des attentats terroristes sur le sol français. Peine perdue, puisque les prévisions des spécialistes de la lutte antiterroriste se sont avérées justes. Car en plus de Daech, Paris s'est fait beaucoup d'ennemis dans la région arabe et en Afrique, et pas seulement les franchises terroristes, dont Al Qaïda ou ses branches africaines dont celle de Mokhtar Belmokhtar.

Reste que ce qui s'est passé à Paris interpelle plus d'un sur cette inquiétante facilité de Daech de frapper là où il veut, comme il veut. L'attentat de jeudi à Beyrouth contre le Hezbollah était-il un avant-goût de ce qui se préparait contre la France ? En tout cas, l'attaque terroriste de vendredi à Paris donne malheureusement une configuration nouvelle, glaçante, des projets criminels de Daech que la communauté internationale ne pourrait combattre avec de simples dispositifs sécuritaires. Aujourd'hui, les effets directs des guerres civiles au Proche-Orient sont là, ils ont atteint l'Europe.