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SIDI AKKACHA: Attribution de logements, le tirage au sort décrié

par Bencherki Otsmane

La bibliothèque municipale de Sidi Akkacha dans la daïra de Ténès a abrité jeudi dernier une cérémonie de tirage au sort pour désigner ceux ou celles qui devront bénéficier des 50 logements LSP réalisés dans cette commune après plusieurs années de travaux. Ainsi, dans une salle archicomble, les yeux étaient rivés sur l'huissier de justice appelé en la circonstance pour homologuer cette opération. Il faut noter qu'il y avait exactement 1.029 « bouts de papiers » déposés sur une grande table, portant les noms de postulants pour ces 50 logements. A chaque nom épelé, c'est la joie qui illumine un visage tandis que sur d'autres personnes c'est la crispation. Au bout de quelques minutes, la voix de l'huissier prononce le nom d'un nouveau bénéficiaire mais ce dernier est décédé depuis assez longtemps, feront remarquer les présents. Une autre personne tirée au sort s'avèrera qu'elle a déjà bénéficié d'un logement social. Le maire, présent à cette cérémonie aux côtés du chef de daïra, acquiesce en signe de confirmation que le postulant a bel et bien bénéficié d'un logement social. Il y a eu également un tirage favorable à deux frères. «Parmi ces chanceux, il y a eu des personnes qui ne sont plus dans un besoin pressant d'un logement», nous dira un natif de la commune qui, apparemment, connaît tout le monde. Ces nombreux exemples témoignent que si l'opération qui s'est effectivement déroulée dans la transparence, par contre, elle a été mal préparée. La majorité des postulants décrient le mode opératoire et ne comprennent pas comment peut-on mettre en compétition et sur le même pied d'égalité ceux ou celles qui ont déposé leurs dossiers en 2005 et ceux ou celles qui l'ont fait en 2015, a cela encore sans faire la distinction entre des pères de familles de plus de 40 ans et des jeunes célibataires âgés à peine de 20 ans. Laïd, un jeune lycéen présent sur les lieux, nous fait une réflexion assez significative sur le problème en nous confiant : « J'ai à peine 18 ans et dès que j'aurais atteint la majorité, je constituerai un dossier de demande de logement pour peut-être en bénéficier lorsque j'aurai 40 ans et enfin, je pourrai me marier». Il est vrai qu'avec ce rythme de construction de logements, il est quasi certain que la crise du logement dans cette commune comme partout d'ailleurs ne sera pas résolue mais elle ne fera qu'empirer lorsqu'on sait qu'il fallait attendre plusieurs années pour réaliser la cinquantaine de logements alors que la demande a dépassé le millier. Par ailleurs, concernant ce tirage au sort, l'ensemble des personnes présentes sont unanimes à reconnaître qu'« il aurait été plus juste, plus sage et plus équitable que les services de l'APC et de la daïra établissent une pré-liste sur des critères fondés tels que l'ancienneté du dépôt de dossier, la situation familiale et sociale du demandeur et c'est à partir de cette liste arrêtée qu'il pourrait y avoir un tirage pour que ces postulants ayant plus ou moins «un même profil» peuvent être départagés en raison du nombre restreint de logements offerts. Par ailleurs, comme il fallait s'y attendre à la clôture du tirage au sort, le maire fut pris à partie et il a fallu l'intervention du service d'ordre pour calmer les esprits et assurer la protection du P/APC. Quant au nouveau chef de daïra, tous les citoyens tiennent à le disculper de cette initiative qui se voulait démocratique car nouvellement installé dans ses nouvelles fonctions. A noter enfin que les citoyens exclus (près d'un millier) de ce tirage au sort interpellent le wali pour reconsidérer le mode opératoire dans l'affectation de ces 50 logements LSP tout en l'implorant d'annuler l'opération menée au cours de cette journée qu'ils considèrent injuste à leur égard.