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Daech dans une sanglante opération de diversion

par Kharroubi Habib

L'intervention militaire russe en Syrie sous la forme de puissantes et soutenues frappes aériennes a incontestablement affaibli les capacités offensives de Daech et permis aux forces du régime de Damas appuyées par des combattants du Hezbollah libanais et de «pasdarans» iraniens de lancer de victorieuses offensives contre certaines de ses positions. Sa déroute qui se profile sur le sol syrien Daech tente à l'évidence d'en minimiser l'ampleur et de voiler son inéluctabilité en faisant diversion de manière «spectaculaire» au moyen d'attentats à très forts impacts médiatiques.

C'est dans le cadre de cette stratégie de la diversion que s'inscrivent les deux actions terroristes revendiquées par elle ayant eu la première pour cible l'avion russe explosé au-dessus du Sinaï et la seconde un quartier populaire de la capitale libanaise sous contrôle du Hezbollah allié du régime syrien. Les deux attentats revendiqués par Daech ont certes une résonance médiatique très forte, mais ne masquent pas aux yeux des observateurs et experts informés de la nouvelle réalité sur le terrain en Syrie induite par l'intervention russe que l'organisation terroriste est en train de perdre sa capacité offensive et de céder du terrain. Ils y voient au contraire confirmation de ce fait et que pour Daech le recours à ce mode opératoire est l'aveu d'être mise à mal militairement.

Quoi que l'on puisse penser des intentions des Russes dans le conflit syrien, il faut reconnaître que leur intervention militaire assène des coups à Daech autrement plus efficaces en terme de résultats que ceux que lui infligent les frappes de la coalition conduite par les Etats-Unis. De quoi indubitablement s'interroger sur pourquoi cette coalition qui a à disposition une impressionnante armada aérienne a si peu entamé les capacités militaires et logistiques de l'organisation terroriste dont l'amoindrissement n'est constaté que depuis que l'aviation russe est entrée dans la danse. Par ce constat, il faut bien admettre que la coalition en question a suivi une stratégie d'action contre Daech qui ne visait pas à la paralyser totalement, mais à la contenir dans une puissance de nuisance qui ne représenterait plus un danger militaire pour des Etats membres dans la région mais resterait tout de même en mesure de défaire les forces du régime syrien.

L'intervention russe couplée avec l'appui apporté par le Hezbollah et les combattants paramilitaires iraniens aux forces du régime a incontestablement fait échec à la stratégie de cette coalition en mettant à nu l'intention inavouée de maintenir Daech dans son trouble statut d'organisation vouée à contribuer au but recherché par les coalisés en Syrie : la chute du régime. Intention dont n'est plus dupe l'opinion internationale qui en condamnant le cynisme de ceux qui cherchent à la concrétiser les contraint à tenter de la démentir en procédant ces derniers temps à des frappes aériennes contre Daech qui ont un véritable impact sur son dispositif militaro-logistique.

Il n'en demeure pas moins que le regain d'action de la coalition conduite par l'Amérique ne trompe pas grand monde et si l'espoir existe que Daech va être battue et éradiquée en Syrie, c'est de la Russie et autres alliés du régime de Damas qu'il faut en attendre la réalisation. La diversion qu'opère l'organisation terroriste est les prémices que ce but ils sont en train de le concrétiser.