« Internet, c'est comme la rose qui comporte des épines », a estimé un étudiant au département de la charia et de l'économie de l'université des sciences islamiques (USIC) Emir Abdelkader de Constantine. Et sa camarade d'y aller avec sa propre appréciation disant que « Internet, en tant que progrès technologique, c'est bon, mais il possède des vices cachés qui sont dangereux pour l'individu et pour la société. Et ce qui importe, dans une société comme la nôtre, c'est de prémunir contre ces vices et de les combattre ». Ces deux étudiants que nous avons rencontrés, hier, se sont exprimés en marge d'une conférence organisée par le service des activités scientifiques, culturelles et sportives de ce département sur «les dangers d'Internet sur l'individu et la société et les voies et moyens de s'en prémunir du point de vue de la charia et de la loi». Cinq conférences étaient au programme et animées par des spécialistes de la charia, des juristes, de l'information et de la communication et ce, en présence de représentants de la gendarmerie et de la sûreté de wilaya. « Ceci parce que quelques aspects dangereux induits par l'utilisation d'Internet sont tombés aujourd'hui dans le domaine de la criminalité informatique (cybercriminalité) et électronique, et ils touchent non seulement la vie et la personnalité des individus, mais aussi l'économie, la culture et, plus grave, la sécurité des pays. Il y a lieu aussi de dégager les voies et moyens de se prémunir de ces dangers qui ne connaissent pas de frontières », a motivé le Dr. Kamel Lagraa, chef du département organisateur dans sa présentation du thème choisi pour cette conférence.

En donnant le ton, un conférencier a abondé dans le même sens en mettant en exergue les concepts émergents de « crime électronique et piraterie informatique » en évoquant les transactions bancaires. « En Algérie, nous n'en sommes pas encore là, a déclaré en effet, le docteur A. Bouramoul, mais dernièrement est apparu le concept de « plagiat » ou « vol électronique » d'œuvres de l'esprit, acte répréhensible qui est maintenant à la portée de tout le monde grâce à Internet. Faire face à cela dans le cadre juridique est tout à fait possible. Malheureusement chez nous, la législation reste encore assez faible dans ce domaine. Toutefois, il y a des outils et des mécanismes pour se prémunir contre ces dangers : la codification, l'authentification, le mot de passe, etc.

Une autre conférence, très intéressante parce que basée sur des réalités du terrain, a traité de l'influence de l'Internet sur l'esprit des jeunes adolescents du point de vue de l'éthique et de la morale. C'est celle donnée par la doctoresse Zakia Menzer-Gharaba, du département prédication, information et communication de l'USIC. La conférencière s'est penchée sur « les dangers de l'abus d'utilisation d'Internet chez les jeunes », en s'appuyant sur les résultats d'enquêtes menées sur le terrain, dans de nombreux pays étrangers, plus particulièrement des pays arabes fortement traditionalistes comme le Qatar, l'Arabie Saoudite ou encore l'Algérie, en citant des résultats d'enquêtes menées dans les régions de Sétif, Tébessa et Constantine. Et ces enquêtes ont mis en évidence les dangers générés par l'abus de fréquentation d'Internet sur l'esprit des jeunes adolescents, les perturbations sur leur comportement psychologique, social vis-à-vis de leurs familles et de leur environnement. Au point que ces adolescents sont arrivés à vivre isolés de leur terreau familial, voire de la société. « Ces enquêtes qui ont montré des chiffres terrifiants, a souligné la conférencière, ont ainsi mis en évidence les dangers moraux provenant de la fréquentation par les jeunes de certains sites spécialisés. Et des études ont montré que les jeunes profitent de la facilité d'entrée dans ces sites pour établir des relations illicites avec l'autre sexe ». Et Mme Menzer-Gharaba d'estimer que la seule parade efficace contre ce phénomène est entre les mains de la famille.