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LE MAGHREB, OTAGE D'UN MAUVAIS ELEVE

par Yazid Alilat

Les dernières attaques directes et non-dissimulées du monarque du Maroc contre l'Algérie sont déprimantes. Elles montrent avec une violence inouïe à l'égard d'un pays voisin que le chemin est encore long pour que l'union soit une réalité au Maghreb. Le fait est que le Maroc qui continue sa fuite en avant en occupant militairement un territoire qui n'est pas le sien, est une grave et obsédante menace pour la sécurité de la région. Quand elle n'est pas une entrave permanente au Grand Maghreb, longtemps espéré par les peuples de la région.

La réponse de l'Algérie aux derniers propos pas diplomatiques du roi du Maroc a été, comme d'habitude, mesurée, calme, sereine, en phase avec les exigences des principes de bon voisinage. Ramtane Lamamra, le chef de la diplomatie algérienne, n'a pas fait trop de cercles pour expliquer que la région maghrébine, tant que le Maroc s'obstine à occuper le Sahara Occidental, sera face à de grands périls contre la paix et la sécurité. ?'Il y aura davantage de déchirement fratricide et de combat d'arrière-garde comme nous l'avons vu durant les quarante années qui viennent de s'écouler'', affirme M. Lamamra. Il va plus loin pour asséner quelques vérités qu'à Rabat on veut occulter: ?'la mystification qui a eu lieu le 6 novembre 1975 a abouti à la prise en otage du destin collectif des peuples maghrébins par l'expansionnisme territorial, quarante ans durant''.

Dans la foulée, il rappellera la position inchangée de l'Algérie vis-à-vis de cette question de décolonisation du Sahara Occidental, d'ailleurs contenue dans la loi fondamentale du pays, à savoir que le pays du million et demi de martyrs ?'se veut résolument un exportateur net de paix, de sécurité, de stabilité dans son voisinage et à fortiori lorsqu'il s'agit de cette question du Sahara Occidental''. Les réponses sont claires face à une attaque insidieuse et intolérable. Pour autant, le rappel de quelques vérités historiques et fondamentales de ce conflit provoqué par l'expansionnisme colonial du Maroc dans la région du Maghreb ne semble pas, pour l'instant, inciter la partie marocaine à adopter une vision plus réaliste des enjeux nouveaux auxquels les pays maghrébins, tous ensemble, doivent faire face pour faire de cette région une zone de prospérité partagée, de paix et de sécurité.

A Rabat, hélas, le discours reste le même, et lorsqu'il s'agit de faire avancer ce dossier et le sortir du fatras de fausses vérités, il y a une forte sensation de refus d'affronter cette vérité crue, d'ailleurs préconisée par les Nations unies pour clore ce dossier: l'organisation d'un référendum d'autodétermination pour offrir aux Sahraouis la possibilité de choisir leur destin. S'ils veulent vivre libres et indépendants ou choisir d'intégrer le Maroc, un choix évident pour les Sahraouis et que Rabat en occupant le Sahara Occidental par le simulacre de la ?'marche verte'' a faussé. Et continue de fausser depuis quarante ans. Jusqu'à quand ?