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Le net, cette soupape

par Ahmed Farrah

Comme de l'autre côté, la soupape de sécurité est le web qui fait des « addicts » esseulés mais accompagnés, c'est le paradoxe du virtuel. Par la force des choses, la nature s'étend et remplit le vide généré par l'absence des espaces d'échanges d'idées et d'expériences entre jeunes et moins jeunes pour nourrir le sentiment de fierté d'appartenance à ce cher pays qui revient de loin. De la servitude. De la pauvreté. De l'ignorance. De l'injustice coloniale qui est la cause de tout ce qui est arrivé sur cette terre, n'en déplaise... Les immixtions dans l'Ecole et son étouffement idéologique sont aussi largement responsables des pratiques et des comportements quotidiens de l'Algérien.

Aujourd'hui, les jeunes s'accaparent les réseaux sociaux pour taper fort sur leur pays, non pas parce qu'ils le haïssent, mais parce qu'ils se sont détachés de l'Histoire, la leur. Beaucoup croient que leurs parents et grands-parents avaient des standings de vie, comme eux actuellement. Bien cajolés, le frigidaire plein, l'écran géant LED, la PS4 ou la box dans la chambre, le smartphone, fringués in et vont au campus en voiture, les poches pleines.

Connectés sur les séries américaines qu'ils téléchargent. Ils s'identifient au Real de Madrid et au Barça. Rêvent de vacances in Schengen. Mais peuvent-ils s'arrêter un moment et s'interroger au premier pronom du singulier et dire : que puis-je faire pour mon pays, avant de lui demander ce qu'il peut faire pour moi ? Un internaute s'interroge et leur rappelle des vérités et leur suggère : « Remplacez le ´on´ par le ´je´ et que chacun évalue l'œuvre de sa vie. L'Algérie est la somme des ´je´. L'argent du pétrole ne représente même pas le budget du ministère de l'Education en France. Celui de la Suisse (sans pétrole) est supérieur au budget de tous les pays pétroliers arabes réunis. Le travail rapporte mieux ! » et continue : « Le Président Chadli s'est fait opérer en Suisse pour une simple hernie discale. Des milliers d'Algériennes vont accoucher en France... Des dizaines de milliers d'Algériens vont se soigner à Paris, par des médecins maghrébins.

Pourtant, nous avons nos hôpitaux et d'éminents médecins... mais, il y a un petit « truc » dans la tête qui privilégie la rive nord comme depuis 1830, bien que les meilleurs médecins européens viennent opérer en Algérie... ». Un autre va dans le même sens : « Le petit truc : c'est le complexe du colonisé, qui n'arrive pas à se libérer malgré l'indépendance géographique, Ibnou Khaldoun en parlait, de cette fascination. Cela est du ressort de la psychiatrie collective ». Sur un autre poste, on lit : « Aujourd'hui, la Tunisie est un pays bloqué par les grèves. C'est un pays où il n'y a plus de touristes... En Libye, c'est le chaos. ?L'Egypte est un pays où il y a du chômage, de la misère et une violence incroyable, notamment contre les femmes. ?La Syrie est dans le désastre, l'Irak est encore dans l'anarchie, le Yémen est rayé de la civilisation? Aucun pays arabe n'a fait de Révolution !» Finalement, dans ce monde qui n'avance pas, les peuples sont soumis soit à la dictature, soit à l'anarchie et quand ils sont libres, ils ne savent pas quoi en faire, alors ils plongent dans leur passé. Amer, fut-il. Comme a dit Stendhal : « On met plus de passion à obtenir ce qu'on n'a pas qu'à conserver ce qu'on a ».