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Hadj saison 2015 : La peur du «Salafisme» et de l'endoctrinement «Daech»

par Abdelkrim Zerzouri

Les tristes déboires vécus par nos hadjis durant les années précédentes ne semblent, présentement, pas trop inquiéter l'Office national du hadj et de la Omra (ONHO). «L'organisation ne peut, cette fois-ci, souffrir d'une quelconque mésaventure, car tout est mis au point pour garantir un séjour tranquille aux hadjis algériens en matière d'hébergement, de restauration et de transport», affirment tutelle et voyagistes. Même s'il est admis que chaque saison apporte son lot de (mauvaises) surprises, la préoccupation aujourd'hui n'est point celle d'assurer un bon séjour aux Lieux saints de l'Islam et un retour sans turbulences des hadjis parmi les leurs, concède-t-on, l'expérience aidant, on s'est prémuni contre les dégâts enregistrés jusque-là ; pourtant la saison hadj 2015 paraît susciter des inquiétudes d'une toute autre nature, jamais ressenties par le passé. L'extrémisme religieux fait sérieusement peur aux autorités algériennes. C'est ce qui ressort de la rencontre qui a regroupé, jeudi dernier, le directeur général de l'Office national du Hadj et de la Omra (ONHO), Youcef Azzouza, et les agences de tourisme agréées en charge de l'organisation du hadj et de la Omra à Dar El Imam (Mohamadia), à Alger. M. Youcef Azzouza a surpris tout le monde en affirmant dans ce contexte que toutes les mesures avaient été prises pour prémunir les hadjis algériens contre les idées extrémistes. «On ne s'est jamais fait de soucis à ce sujet, les hadjis algériens, généralement des personnes âgées, se limitaient depuis toujours à accomplir au mieux les rites du hadj sans aucune autre considération», nous a confié un voyagiste qui a participé à l'organisation du hadj tout au long de ces dix dernières années. Il précisera, toutefois, qu'«il se pourrait que la tutelle soit en possession de données ou d'informations que nous n'avons pas nous autres voyagistes». Quels changements y a-t-il cette année pour que la tutelle s'inquiète de ce volet lié à l'extrémisme religieux ? Selon nos différents interlocuteurs, des voyagistes et des cadres du département des affaires religieuses, les seuls facteurs qui peuvent causer des tourments à ce niveau sont liés à cette propagation phénoménale de l'endoctrinement «Daech» et à des degrés moindres le «salafisme», très répandu dans la région du golfe et contre lequel la tutelle a déjà engagé des mesures rigoureuses sur le terrain tendant à limiter son influence.

En tout cas, les problèmes ou les scandales qui ont émaillé les dernières saisons du hadj semblent «faire partie du passé». Preuve en est ce débat qui a animé la rencontre du jeudi dernier entre les principaux acteurs engagés dans l'organisation du hadj, compagnies de transport en moins. En marge de cette rencontre, donc, le remplaçant de Berbara à la tête de l'ONHO a admis que «le hadj 2015 était différent des saisons précédentes».

Et, pour faire face à toute éventualité, il a été décidé que les guides religieux et accompagnateurs «seront désormais choisis par le ministère des Affaires religieuses et des Wakfs, contrairement à ce qui était en vigueur».

Une décision qui n'est pas pour plaire aux voyagistes, lesquels défendent le choix des guides et accompagnateurs par leurs propres soins, mais ils doivent bien «se faire à cette exigence qui porte presque un caractère de raison d'Etat», comme on nous l'a confié. M. Azzouza a, par ailleurs, relevé que la «coordination entre les parties concernées par l'organisation du hadj ainsi que la convergence des discours religieux contribuaient à prémunir les hadji algériens contre les idées extrémistes et renforcer leur attachement au référent religieux national». «Le référent religieux national», un thème cher au ministre des Affaires religieuses, M. Mohamed Aïssa, qui mène bataille sur ce plan depuis son installation à son poste. «Et l'on ne voudrait certainement pas que les 28 000 hadjis algériens reviennent au pays la tête pleine de nouvelles inspirations religieuses», ricanent ses cadres. Ces derniers relèvent à ce propos qu'un programme riche de conférences et de dourous a été tracé à cet effet en direction de nos hadjis, jusqu'au pied de l'avion qui les transportera vers les Lieux saints de l'Islam, dont le premier départ est annoncé pour le 25 septembre à partir de l'aéroport Houari Boumediene.