Les petits calculs d'épicier ont toujours eu à tort une mauvaise étiquette. Pourtant ils ont en permanence la faculté de dévoiler des simplicités inavouées susceptibles de ramener les pieds sur terre. Ils sont faits en permanence de chiffres voulus anodins qui crèvent les yeux mais que la fierté mal placée ose rarement aborder pour éviter une condescendance déplacée.

Le pays a fini par arriver à des difficultés de trésorerie sérieuses et comme il était attendu, des posologies à la limite des scrabbleuses recettes économiques sont miroitées pour venir à bout du problème financier posé. De grands chantiers lancés ou programmés seraient remis en cause et le gouvernement donne l'impression de vouloir d'abord colmater les brèches en tentant de se focaliser sur une aléatoire théorie qui consisterait à ménager le chou et la chèvre. Le chou est connu et la chèvre aussi. Et l'on bute contre une flagrante déduction en se rendant compte qu'au lieu de retoucher à la baisse un costume trop grand, la gouvernance va s'évertuer à se limiter à lui changer les boutons. C'est à l'évidence le secteur créateur de richesses qui va subir sur sa tête les coups de marteau.

Le problème est pourtant simple. Une loi de finances complémentaire quand elle devient inévitable doit renvoyer à une revue sérieuse du budget de l'Etat. Sa lecture sommaire interpelle l'esprit sur un manque de rigueur et un entêtement débridé dans la gestion des deniers publics.

De prime à bord, il apparaît inutile de s'encombrer d'abord avec les calculs compliqués et savants des décideurs avant l'impératif de s'interroger sur les mannes disproportionnées offertes à quelques ministères. S'il n'est pas question de toucher aux secteurs de souveraineté et de l'Education nationale , il en existe un ou deux qui depuis des décennies en s'accaparant des legs et un héritage de l'Histoire que les témoignages sérieux ont prouvé qu'ils étaient douteux, provoquent l'effarement et devraient en toute logique constituer un terrain propice où une rogne de l'argent du contribuable est très vivement recommandée. Il suffirait d'une équité à toute épreuve et d'un courage politique pour instaurer une nouvelle légitimité pour la survie et le bonheur du pays. Sans cette nouvelle légitimité et ce courage, toutes les lois de finances et mille complémentarités ne serviraient à rien.