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Des partants, des arrivants mais rien ne changera

par Kharroubi Habib

Mercredi, la présidence de la République a rendu public un communiqué par lequel il a été annoncé que le chef de l'Etat a procédé à un mouvement dans les rangs des walis en exercice et à la désignation de 17 walis délégués dont ceux des circonscriptions nouvellement créées dans le sud du pays. L'opération était certes attendue depuis le dernier remaniement du gouvernement Sellal et l'officialisation du nouveau découpage administratif arrêté. Elle n'en a pas moins surpris par l'ampleur des changements opérés.

Pas moins de trente cinq walis sur les 48 en exercice en ont été en effet affectés. Ce qui assurément fait du mouvement celui qui est le plus large d'entre ceux que le corps des walis a connus Bouteflika régnant. Des sources affirment que Abdelmalek Sellal ne serait pas étranger à l'opération de laquelle il attendrait qu'elle raffermisse la cohésion de l'appareil administratif placé sous son autorité. Il en aurait plaidé auprès du chef de l'Etat la nécessité avec à l'appui les conclusions qui ont été les siennes wilaya après wilaya suite à ses déplacements dans chacune d'elles.

Il n'en demeure pas moins que le mouvement auquel il vient d'être procédé laisse dubitatif tout autant que le remaniement gouvernemental qui l'a précédé et censé lui aussi apporter de la cohésion dans l'exécutif. L'exécutif gouvernemental remanié en a cruellement manqué obligeant le président de la République à procéder ce jeudi à un mini-remaniement pour en exclure de son sein le ministre du Commerce Amara Benyounes qui depuis sa nomination au poste s'est distingué par des déclarations et des annonces de mesures qui ont fait des vagues et mis à mal la cohésion recherchée pour l'exécutif gouvernemental.

S'il n'est pas inutile d'opérer des changements aux postes névralgiques de l'appareil étatique, il est vain toutefois d'en attendre qu'il produise une « révolution copernicienne » dans la gouvernance et la gestion des affaires de la nation si cela ne s'accompagne pas en un changement radical de celle-ci et celle-là. Bien qu'à chaque remaniement et mouvement dans le corps des institutions du pays il est affirmé qu'ils sont opérés sur le critère du résultat pour les promus ou sanctionnés, il y a eu peu de probant dans leurs effets sur la gestion des affaires du pays. Et pour cause, car même s ils font émerger de nouvelles figures au sein du personnel dirigeant de l'Etat, cela ne met pas fin aux méthodes critiquables et critiquées que soulève sa gestion.

Les promesses d'en finir avec celles-ci qui accompagnent les remaniements et mouvements de walis ne mettent pas longtemps à s'avérer vaines car ceux qui les font se retrouvent face à un mode de gouvernance qui bride leur éventuelle volonté d'en reformer les méthodes à leur niveau de responsabilité. C'est pourquoi pour aussi ample qu'a été le mouvement dans le corps des walis décidé par le chef de l'Etat, il est illusoire d'y voir le prélude d'une opération visant la remise en cause de la gouvernance et la gestion du pays telles que s'exerçant avec Bouteflika régnant à El Mouradia. Elle a tout au plus consisté à expurger de l'appareil d'Etat certaines allégeances s'étant faites douteuses du point de vue du camp présidentiel et à récompenser celles qui ont démontré leur solidité et solidarité à son égard.