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Economie : Le plaidoyer de Sellal

par R. N.

Invité jeudi de l'émission «Hiwar Essaaa» (débat de l'heure) de la Télévision algérienne, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a affirmé que son gouvernement allait poursuivre sa politique de diversification de l'économie pour bâtir une économie nationale forte, soulignant la nécessité de remplacer la politique de la dépense publique par la performance économique.

Selon lui, en dépit du recul des revenus de l'Etat en raison de la baisse des prix du pétrole, «le pays jouit de tous les moyens de faire face à cette situation» appelant à renoncer à la politique de l'économie basée sur les recettes des hydrocarbures et de s'orienter vers une économie basée sur l'investissement dans les secteurs productifs. L'Algérie possède des réserves de change qui lui permettent de couvrir 26 mois d'importations avec le rythme actuel sans aucun problème, a-t-il précisé.

RECUPERER LES FONDS DES COMMERÇANTS INFORMELS

Evoquant les décisions du Conseil des ministres, notamment celles relatives à l'assainissement de l'économie des activités illégales, le Premier ministre a annoncé une rencontre lundi prochain avec les responsables des banques en vue de récupérer les fonds des commerçants informels et qui ont atteint près de 3.700 milliards dont 700 à 1.000 milliards constituent un excédent et de les intégrer dans les banques pour les exploiter dans l'économie nationale. «Les acquis sociaux des Algériens sont irrévocables». M. Sellal a en outre souligné que la politique de rationalisation des dépenses s'applique par le passage du développement à la croissance économique à travers l'ouverture de l'investissement aux secteurs productifs, mais cela ne signifie pas renoncer aux acquis sociaux. «Le citoyen algérien est habitué à un certain niveau de vie auquel il faut s'adapter et pour cela, il faut augmenter la production nationale qui est en évolution constante depuis quelques années», a-t-il précisé. Il a ajouté que la rationalisation des dépenses, l'ajournement de certains projets non urgents et la réduction des nouveaux postes de travail dans certains secteurs n'ont pas amené le gouvernement à renoncer à sa politique de soutien des classes ouvrières et, pour preuve, l'entrée en vigueur de l'article 87 bis du code du travail depuis janvier 2015.

AUGMENTATION DE SALAIRE

Les travailleurs, au nombre de 1,6 million, bénéficieront d'une augmentation de salaire à compter du mois d'août prochain avec effet rétroactif à compter de janvier 2015 soulignant que cette mesure coûtera au Trésor public 54 milliards de DA. Le Premier ministre a annoncé la tenue de la prochaine réunion de la tripartite (gouvernement-centrale syndicale-patronat) début octobre prochain dans la wilaya de Biskra en présence du directeur général du Bureau international du travail (BIT) à sa demande, précisant que la capitale des Zibans a été choisie car étant la première wilaya en matière de production agricole comme elle draine d'importants investissements industriels. L'Etat est déterminé à poursuivre sa politique de soutien aux jeunes investisseurs notamment à travers l'ANSEJ, à condition que les investissements soient générateurs de richesse et rentables pour éviter le gaspillage.

 «Nous sommes capables de réaliser le développement économique à condition d'intensifier les efforts», a-t-il déclaré, plaidant pour la rationalisation de l'utilisation de l'énergie notamment le carburant et pour la réduction du gaspillage. D'autre part, il a affirmé que la politique adoptée par le gouvernement avait pour objectif la rationalisation des dépenses publiques et qu'il (gouvernement) n'envisageait pas une politique d'austérité eu égard à la dynamique économique que connaît l'Algérie. ?'Le gouvernement n'envisage pas d'adopter la politique d'austérité qui, a-t-il dit, a toujours engendré la pauvreté» et que l'Algérie «n'est pas arrivée à ce stade eu égard à la dynamique économique que connaît le pays». Le produit national hors hydrocarbures a dépassé au cours du premier semestre 2015, le taux de 7%, a-t-il précisé avant d'ajouter que «Cela dénote que la politique du gouvernement pour la relance de l'économie nationale hors hydrocarbures a commencé à donner ses fruits».

FACILITER L'INVESTISSEMENT

Evoquant les mesures de facilitation au profit des opérateurs économiques, prises lors du dernier Conseil des ministres, pour la facilitation de l'investissement et la levée des entraves bureaucratiques au profit des investisseurs, ajoutant que l'investissement doit rester «purement économique» et non «administratif». M. Sellal a rappelé notamment celle permettant aux investisseurs de présenter leur dossier au niveau local où il sera, après traitement, validé par la signature du wali. Par ailleurs, des mesures ont été prises pour le règlement du problème du foncier industriel. Il s'agit d'imposer un impôt de 3% sur chaque année de retard pour les personnes ayant bénéficié d'un contrat de foncier agricole sans l'exploiter afin d'éviter leur appropriation et leur revente. Il a été décidé d'ouvrir, dès septembre prochain, 31 nouveaux parcs industriels à travers plusieurs wilayas, Il s'agit de nouvelles zones industrielles qui devront être réceptionnées avant la fin de l'année.

Il est revenu également sur les mesures de protection des cadres gestionnaires publics, soulignant que la partie habilitée à mettre en mouvement l'action publique en cas d'infractions pénales, est le conseil d'administration de l'entreprise afin d'éviter «tout acte arbitraire de quiconque». Concernant la mesure visant l'assainissement de l'économie des activités illégales, M. Sellal a rappelé les incitations en faveur des détenteurs de capitaux placés dans les canaux illégaux pour les placer dans les banques contre un impôt forfaitaire de 7%, a-t-il rappelé.