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Terrorisme : Les dérapages de Sarkozy sur l'Algérie

par Yazid Alilat

L'ex-président français Nicolas Sarkozy est entré en campagne pour les prochaines élections présidentielles françaises. Candidat des Républicains (ex-UMP) aux primaires, et futur adversaire de François Hollande, il aura fait un voyage politique en Tunisie très remarqué lundi, en ne se privant pas de lancer des piques à l'Algérie, l'accusant presque d'être responsable de la passe difficile que traverse actuellement ce pays, confronté à un activisme terroriste, qui fait peur. En se rendant donc en Tunisie pour rendre hommage aux victimes françaises de l'attaque terroriste du Bardo au mois de mars dernier, Sarkozy ne s'est pas privé de faire des déclarations graves contre l'Algérie, au détour d'une conférence de presse après avoir été reçu par le président tunisien Beji Caïd Essebsi. En affichant son soutien à la Tunisie dans son combat «pour la civilisation et contre la barbarie», il aura, comme à ses pires moments lorsqu'il était président des Français, fait un grave dérapage. Lors de cette conférence de presse, il a ainsi déclaré que «la Tunisie est frontalière avec l'Algérie... (et) avec la Libye». «Ce n'est pas nouveau... Vous n'avez pas choisi votre emplacement», ajoute-t-il avec un rictus moqueur. Et puis, ce qui choque encore plus, c'est cette interrogation sournoise, malsaine, de Sarkozy, qui avait tout fait pour déstabiliser la Libye en prenant la tête de la coalition internationale contre le régime de Kadhafi, mais était en revanche un soutien indéfectible du régime despotique et «cannibale» de Zine El Abidine Benali. «L'Algérie, qu'en sera-t-il dans l'avenir, de son développement, de sa situation ?», s'est ainsi interrogé Nicolas Sarkozy, qui a ajouté que «c'est un sujet, qui me semble-t-il doit être traité dans le cadre de l'Union pour la Méditerranée plus que jamais nécessaire, car il y a un lien entre la situation de la Méditerranée du nord et celle de la Méditerranée du sud». En fait, Sarkozy, promoteur de l'UPM, un concept politique régional très regardant sur les politiques de développement et de sécurité des pays membres, a mal digéré la position de l'Algérie vis-à-vis de cette Union de la Méditerranée, dont l'objectif premier est de soutenir le Palais royal dans son aventure au Sahara Occidental. C'est à un discours politique très vicieux que s'est adonné donc Sarkozy à Tunis, ne manquant pas l'occasion de gêner son adversaire politique, le président François Hollande, qui a pratiquement ouvert la voie vers l'apaisement et la détente dans les relations plurielles entre Alger et Paris. L'actuelle «lune de miel» entre Alger et Paris gênerait-elle à ce point le parti des Républicains et ses dirigeants ? Assurément oui, puisque Sarkozy, affublé de son ex-ministre de la Justice, la Franco-Marocaine Rachida Dati, dans son voyage tunisien, n'a pas hésité à traiter de sujets régionaux qui lui sont chers, mais qui avaient capoté lors de ses deux mandats présidentiels. Comme cette fable de l'UPM, ou ce désir de ne jamais travailler pour un rapprochement définitif entre l'Algérie et la France. En tout cas, les propos de Nicolas Sarkozy font peur, et on viendrait presque à penser à des avertissements lourds de sous-entendus.