L'homme est coutumier des dérapages contrôlés et des
déclarations incendiaires à la limite de l'incident diplomatique. Si le bon
sens conseille de ne pas trop prendre au sérieux les allusions médiatiques de
Sarkozy sur l'Algérie, il n'en demeure pas moins d'analyser ces petites phrases
d'un probable nouveau président de la France en 2017. Ce n'est pas tant ce que
dit un Sarko «show man» qui nous intéresse, mais le futur présidentiable qui ne
porte pas trop l'Algérie dans son cœur. Les Algériens, et on le comprend, se
sentent offusqués par les propos de l'ancien locataire de l'Elysée qui se
désolait de l'emplacement géographique de la Tunisie entre l'Algérie et la
Libye. «Vous n'avez pas choisi votre emplacement», dira-t-il pour amuser la
galerie. Mais le plus surprenant, c'est que l'actuel président de Les
Républicains (ex-UMP) s'interroge sur l'avenir de l'Algérie. «L'Algérie, qu'en
sera-t-il, dans l'avenir, de son développement, de sa situation ?». Un point
d'interrogation suivi directement d'une réponse toute faite puisque de son
avis, le salut de l'Algérie est dans «l'Union pour la Méditerranée». Nous y
voilà ! Que Sarko estime que le Maroc est «le maillon fort» du Maghreb et du
monde arabe ou que les frontières avec l'Algérie, ce n'est pas ce qui se fait
de mieux, c'est son choix dicté par un esprit de flagornerie mais qu'il
s'arroge un droit de regard sur l'Algérie, voilà ce qui dépasse les limites de
la bienséance. Personne n'est dupe et le Sarkozy qui a visité le Maroc et la
Tunisie est celui qui endosse le costume du candidat à l'Elysée. L'homme fait
la tournée des pays du Maghreb, en attendant certainement son crochet par
Alger, dans le but de rallier les voix communautaires à sa cause. Il veut les
voix des émigrés maghrébins et il va directement à la source pour se les
approprier. Sarkozy ne veut pas refaire les mêmes erreurs qu'en 2012 en snobant
l'immigration et parions qu'il n'hésitera pas à visiter l'Algérie, à la
première occasion, pour chanter les louanges de Bouteflika et broder des
lauriers à notre pays. Et quoi de mieux que de toucher plusieurs cibles avec
une seule phrase. En alignant l'Algérie avec sa créature créée en 2008 :
l'Union pour la Méditerranée, Nicolas Sarkozy adresse un message fort à Israël.
En effet, l'instance voulue et défendue par Sarkozy est le seul espace officiel
où des pays qui n'ont officiellement aucune relation diplomatique avec l'Etat
hébreu s'assoient à la même table que lui. En avril dernier, Israël et sept
pays arabes, dont l'Algérie ou le Liban, ont siégé à Barcelone, à la même table
d'une réunion de l'Union pour la Méditerranée (UPM), consacrée à la lutte
antiterroriste.
Pour rappel, l'UPM réunit les 28 Etats membres de l'UE et
15 partenaires de la région du sud de la Méditerranée, d'Afrique et du
Moyen-Orient : l'Albanie, l'Algérie, la Bosnie-Herzégovine, l'Egypte, Israël,
la Jordanie, le Liban, la Mauritanie, Monaco, le Monténégro, le Maroc, la
Palestine, la Syrie (suspendue), la Tunisie et la Turquie.