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La saignée !

par Abdelkrim Zerzouri

C'est fou comme tout un pays entier se retrouve embarqué dans une aussi longue inactivité. Un pays qui a tourné en « sous-régime » durant tout le mois de ramadhan, partagé entre une partie de juin et une autre au mois de juillet, et où tous les indices promettent encore de boucler tout l'été au « point mort ». La fin du ramadhan, synonyme de somnolence dans les administrations et les usines, a immédiatement signé les grands départs en congé annuel. Les quelques petits jours qui restent du mois de juillet ne seront pas consacrés au boulot, c'est presque un prolongement naturel de la fête de l'Aïd avant de prendre congé payé, en toute légalité celui-là, enfin presque.

C'est à croire que les Algériens sont fâchés avec le travail. Vraiment, ce n'est pas du tout le meilleur moment pour planifier une quelconque action qui engagerait d'autres intervenants dans sa concrétisation. Hormis les services de sécurité où les départs en congé sont planifiés d'une manière rigoureuse, partout ailleurs au niveau des centres de décision, dans les administrations publiques, les entreprises économiques et les assemblées élues, les intérimaires ne peuvent rien trancher. On ne fait que gérer les affaires courantes. Doucement le matin, pas trop vite? l'après-midi. Même si on ne la voit pas, la pancarte est bien là : ne pas déranger, on roule au ralenti.

Dans d'autres circonstances, partir en congé annuel est un exercice recommandé même. Il faut bien se reposer après onze mois de dur labeur. Recharger les batteries. Mais, pour notre cas, est-ce vraiment mérité ? Selon une étude réalisée par un bureau étranger, le temps effectif passé au travail pour un Japonais est de 7 heures quelques minutes/jour, légèrement moins pour l'Américain et l'Allemand, alors que l'Algérien est au bas de l'échelle du sérieux, avec seulement trois quarts d'heure par jour ! Cela, lorsqu'il est censé être au travail. Sans amour-propre, on mériterait bien la qualification de peuple fainéant. Une catastrophe qui devrait interpeller les consciences. Longues vacances, ruineuses pour le pays.

Ce n'est pas demain qu'on prendra conscience que la rente pétrolière n'est qu'une richesse fictive. On a subi le choc violent dans les années 80 et, mauvais élève comme on se présente, on ne peut éviter un autre qui se fait de plus en plus menaçant, depuis quelques mois déjà, avec des habitudes empruntées à la cigale. Bien sûr, on ne peut être une exception, partout dans le monde le taux de la machine économique est réduit au moins en période estivale, mais on sait comment gagner en contrepartie. Ailleurs, en pareille période, c'est l'économie des loisirs qui fait recruter des milliers de personnes. Le filon du tourisme est exploité à fond. Malheureusement, encore, l'Algérien trouvera une autre parade pour aller dépenser son argent chez les autres ! L'été, c'est la saignée de l'économie nationale.