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La baguette à 15 et 20 dinars : Tension sur le pain? cinq jours après l'Aïd

par K. Assia

La tension sur le pain persiste. Au cinquième jour de la fête de l'Aïd-el-Fitr, les Oranais se plaignent du manque latent en pain.

Bon nombre de boulangeries sont fermées, un véritable parcours de combattant pour le consommateur et une occasion propice pour les spéculateurs d'imposer leur diktat en matière de prix. En dehors de ceux mobilisés pour la permanence, les autres boulangers ont prolongé leurs congés jusqu'à la semaine prochaine provoquant une tension indescriptible aux lourdes conséquences. Les quelques boulangeries qui ont ouvert se sont contentées d'approvisionner les restaurants et les magasins d'alimentation générale. La population, quant à elle, a été négligée. En l'absence d'un contrôle rigoureux de la part des responsables locaux, les boulangeries d'Oran ont imposé leur diktat provoquant une véritable tension. Celle-ci a été perceptible à Arzew, Gdyel et dans plusieurs quartiers et communes de la wilaya. Cette scène est devenue habituelle durant les jours de l'Aïd mais aussi durant presque une semaine après les fêtes.

Se procurer une baguette de pain relève de l'impossible pour de nombreux citoyens qui ont dénoncé les comportements irresponsables des boulangers et la passivité des pouvoirs publics. Même celles qui ont ouvert pour assurer un soit-disant service minimum ont fermé aux environs de midi. Les gens n'ont pas eu d'autres alternatives que de recourir aux vieilles habitudes: préparer le pain chez soi ou bien parcourir des kilomètres pour dénicher une baguette parfois hors de prix. Le pain syrien était également absent. Seul le Matlouâ était vendu à 30 DA parfois à 40. Une occasion pour de nombreux ambulants de spéculer et de se faire un peu d'argent.

Pour justifier ce laisser-aller et légitimer ces actes, les boulangers imputent ceci au fait que la majorité des ouvriers rentrent chez eux pour passer l'Aïd. Ce déficit en main-d'œuvre qualifiée doit être comblé pour éviter de tels désagréments, expliquent-ils. La relève de demain n'est pas assurée selon les professionnels du secteur. Le problème de main-d'œuvre revient chaque année mais rien n'est fait pour dégager des solutions concrètes, estime-t-on. Le bureau local de l'Union générale des commerçants et artisans algériens, par le biais de son coordinateur, précise que le système de permanence a été respecté par les boulangers désignés par les services du commerce. Tous les commerçants réquisitionnés ont travaillé durant les jours de fête. Des inspections ont été à la fois effectuées par les agents du contrôle relevant de la direction du commerce et ceux de l'UGCAA pour s'assurer du respect du planning.

Ceux qui ont fermé ne figurent pas dans le planning de la permanence, ajoute-t-il. Toutefois les vendeurs ambulants sont les premiers à tirer profit de cette situation. Du pain frais et bien croustillant était disponible sur les trottoirs de nombreux quartiers comme l'USTO, Ibn Rochd (HLM), au marché de la rue des Aurès, à Gambetta, ainsi que dans certains quartiers populaires, notamment à Medioni, El-Hamri ou encore Sidi El-Houari. Le prix de la baguette a atteint les 20 dinars dans certains quartiers. Les responsables du secteur du commerce rappellent pour leur part que la permanence a été respectée et tous les magasins réquisitionnés ont ouvert durant les jours de fête. Plus de 300 magasins entre boulangeries, commerce d'alimentation générale et autres ont été retenus pour approvisionner le consommateur en denrées alimentaires, indique-t-on.