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Message de Bouteflika : Des partis dénoncent «cynisme» et «mensonge»

par M. M.

En réaction au message de Bouteflika à l'occasion de la fête de l'Indépendance, le président de Jil Jadid, Soufiane Djilali, a exprimé sa «colère». Pour le secrétaire national à la Communication du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Atmane Mazouz, le message «n'est qu'hérésie et mensonge». Pour le Front des forces socialistes (FFS), qui ne réagit pas directement au message du président de la République mais plutôt dans une déclaration à l'occasion du 53e anniversaire de l'indépendance, «ce n'est pas seulement le Président de la République qui est ?malade', ?paralysé' et ?inaudible': c'est tout le pays».

Le président de Jil Jadid, Soufiane Djilali, a exprimé sa «colère» sur son compte Facebook. «Le Président de la République vient de s'exprimer, tout comme à son habitude, à travers une missive à l'attention du peuple. Le moins que l'on puisse dire est que son contenu est choquant et attentatoire à l'intelligence des Algériens», a-t-il déclaré. Commentant les propos de Bouteflika, M. Djilali estime qu'il y a du «cynisme» à considérer que «par son quatrième mandat, il (Bouteflika, ndlr) se sacrifie pour l'Algérie, à l'image des chouhada». Dans la décision de Bouteflika de rester jusqu'à la fin de son mandat, «malgré (sa) condition physique actuelle», Soufiane Djilali voit une volonté du Président de la République de «finir (sa) vie comme un roi, même impotent et même si le pays en payera une facture incommensurable», affirme le premier responsable de Jil Jadid.

Djilali estime que durant les «16 ans» de la présidence de Bouteflika, «les institutions du pays ont été saccagées, l'économie brisée, la richesse du pays dilapidée, la jeunesse fourvoyée, la morale terrassée. Tout le monde avait fini par comprendre cela. Mais jamais les Algériens n'avaient imaginé une fin annoncée si piètre et si ridicule d'un régime politique sans conscience et sans patriotisme».

RCD : « HERESIE ET MENSONGE »

Pour Atmane Mazouz, Secrétaire national à la Communication du RCD, «le message des scribouillards d'El-Mouradia adressé au nom de Bouteflika n'est qu'hérésie et mensonge». On ne peut pas cacher sa faillite et son impotence à assumer ses fonctions par le simple exercice épistolaire. Plus que jamais, les Algériens, en ce 53ème anniversaire de l'indépendance, retiennent la trahison du serment de Novembre et la confiscation de l'indépendance du pays qui sont les seuls œuvres et bilan des quatre mandats illégitimes de l'actuel Chef de l'Etat», affirme-t-il. M. Mazouz estime que ce message où Bouteflika «déclare vouloir nourrir notre pluralisme politique, associatif et syndical, de joutes nobles» ne correspond pas à la réalité. «(?) Sur le terrain, les Algériens sont confrontés chaque jour au tout contraire», lit-on dans la déclaration du responsable du RCD. «Pluralisme politique de façade et opposition attaquée et réprimée; mouvement associatif et syndical autonome et pluriel interdit d'action pour laisser place aux organisations croupions et servilités de sérail sans crédibilité ni représentativité», écrit-il.

 Pour le RCD, «plus personne ne croit aux discours de Bouteflika. Il dit être satisfait - il est le seul - dans une Algérie où, sous son règne, la décadence, la corruption et l'illégitimité ont plus que jamais prospéré laissant le citoyen livré à l'incertitude et à un avenir sombre».

FFS : TOUT LE PAYS EST PARALYSE

Dans une déclaration à l'occasion du 53ème anniversaire de l'indépendance, le FFS, par la voix de son Premier secrétaire, Mohamed Nebbou, estime que cette commémoration «aurait dû être un moment de communion autour d'un bilan collectif et d'un projet d'avenir commun». Il regrette aussi bien l'inexistence d'un «bilan collectif» que l'absence d'un «projet d'avenir commun». Un constat qui «vaut pour les institutions nationales les plus hautes de l'Etat aussi bien que pour la plus petite commune du pays», affirme M. Nebbou.

Après la «prise brutale du pouvoir de l'été 62 avec ses soubresauts des années 70», l'aggravation de «la crise nationale des années 80», et sa mutation «en tragédie nationale des années 90 », le pays s'est tourné «à la fausse réconciliation et à la prédation généralisée des années 2000». Et «nous voici dans la décennie de la cacophonie et de la dégénérescence institutionnelles», ajoute le FFS pour qui «ce n'est pas seulement le Président de la République qui est ?malade', ?paralysé' et ?inaudible': c'est tout le pays».

Il rappelle que son parti «n'a cessé de dénoncer» les «dysfonctionnements institutionnels», les «mesures économiques» dont la finalité est de «servir des relais du clientélisme et de la corruption» conduisant à «l'accaparement frauduleux des richesses nationales».

Le 1er secrétaire du FFS considère que «ni les nouvelles générations ni les martyrs de l'Algérie ne méritent un tel effondrement» et réitère son appel à «un consensus national qui garantisse une Algérie, libre et heureuse».