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BENI-SAF : Un doyen de l'éducation s'en va

par Mohamed Bensafi

Une foule nombreuse a assisté jeudi dernier à Béni-Saf à l'enterrement du regretté Amrani Mohamed, ancien directeur d'école primaire bien connu et très estimé à Béni-Saf comme un peu partout dans la région. Celui que la communauté enseignante appelait respectueusement ?Ammi Mohamed? était considéré comme un exemple de sagesse, de savoir et d'humilité. Un véritable doyen de l'éducation qui s'en va à l'âge de 73 ans. Cet éducateur émérite a consacré plus de la moitié de sa vie à servir l'administration enseignante avec amour, compétence et dévouement de 1960 jusqu'à 1998. Son parcours est atypique. A 19 ans, il était déjà instituteur, puis membre de la commission d'inspection à 28, ensuite directeur d'école 5 années plus tard. Larbi Bachir, lui aussi, l'un des premiers instituteurs de l'après-indépendance et ami de toujours du défunt, nous raconta une anecdote, histoire de revivifier les belles années passées avec Amrani Mohamed dont les traits reflétaient déjà l'image d'un homme sérieux et assidu. « Je me souviens comme si c'était hier. C'était le 26 juin 1970, l'école tirait à sa fin, les élèves étaient déjà en vacances, les instituteurs presque. Mais pas la commission d'inspection de la daïra de Béni-Saf (à l'époque relevant de la wilaya de Tlemcen) dont était membre Amrani Mohamed aux côtés des Kazi et Hankour. Après avoir passé en revue Azzaoui Hamida, Khaldi Mohamed et le regretté Zigh, dans les alentours d'Aïn-Youssef et Souk-El-Tenine, c'était mon tour, moi qui enseignait dans un village (Beni-Khaled, anciennement café maure) situé en haut d'une colline que la commission devait visiter. De crainte que leur voiture ne puisse grimper jusqu'au sommet, l'un des membres proposa au groupe d'annuler la visite d'inspection et de rentrer directement sur Béni-Saf (30 bornes plus à l'est). Au retour, il était midi passé. Avant de regagner son domicile, le défunt Amrani Mohamed décida d'aller siroter un café au cafétéria «Benaïssa» (lieu qui se trouve toujours à la rue de la République à Béni-Saf mais transformé en restaurant). Et quelle fut sa surprise ? Il me vit installé dans un coin en train de jouer à la belote avec des amis. Il s'approcha et échangea un sourire avec moi avant de quitter les lieux. «Ah, Mohamed Amrani, c'était déjà un modèle, un homme respecté et respectueux», conclut avec émotion Larbi Bachir.