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CHLEF: Une tradition qui revient cher !

par Bencherki Otsmane

A l'approche de l'Aïd, les commerces et marchés connaissent un regain d'activité avec l'afflux de familles entières, soucieuses de effectuer des achats de vêtements pour leurs enfants qu'ils porteront le jour J. Pour cela les chefs de famille doivent consentir des sacrifices financiers pour maintenir les traditions et faire plaisir à leurs enfants. Mais à quel prix ! Si pour cette année le marché est inondé par les vêtements et chaussures importés de Turquie ou de Chine avec des marques souvent contrefaites, les prix proposés sont inaccessibles pour de nombreuses familles notamment pour celles qui a en charge plusieurs enfants. Il faut souligner que la faiblesse de la production nationale en ce qui concerne le prêt-à-porter et la chaussure ne laisse guère le choix aux familles de « se rabattre » sur les produis importés. Entre boutiques de luxe, vêtements chinois, turcs et friperie, les rues et les ruelles de la ville de Chlef grouillent de monde. Certains parents ont déjà fait les achats de l'Aïd, avant même d'entamer le mois de ramadhan pour éviter les bousculades, mais surtout l'augmentation des prix des articles vestimentaires à l'approche de l'Aïd. Exposées dans les vitrines ou sur les étals, les vêtements sont disponibles en quantité, mais en termes de qualité, seuls les magasins des quartiers chics des grandes cités urbaines offrent des articles de marque française ou italienne. D'ailleurs, les prix renseignent sur la qualité et la provenance du produit. Mais les prix affichés repoussent les petites et moyennes bourses qui ont dû dépenser beaucoup pour le mois sacré. Apostrophée dans une ruelle très animée du centre-ville, communément «rue des Kabyles», un retraité de l'éducation accompagné de sa femme et de ses quatre enfants (trois filles et un garçon), s'est plaint de la flambée des prix du prêt-à-porter pour cette année contrairement à l'année précédente ou les prix étaient plutôt abordables. «Voyez-vous, nous dira-t-il, voilà bientôt trois heures que je fais du lèche-vitrine dans l'espoir de trouver des vêtements de bonne qualité mais surtout à portée de ma bourse, mais en vain ! ». Bien entendu il y a ceux ou celles qui recherchent la marque et ne sont nullement regardants sur ces prix prohibitifs affichés aux vitrines. C'est le cas d'un couple de médecins ayant à charge deux jolies petites filles à qui nous avons demandé si les prix des vêtements haut de gamme ne sont pas assez chers. « En effet, pour cette année nous avons consacré près de 47.000 dinars pour l'achat de vêtements et souliers neufs pour nos deux filles, contrairement à l'année passée ou nous avons consacré un budget de moins de trois millions de centimes pour habiller nos enfants ». Cependant devant cette flambée des prix du vêtement, les commerçants invoquent la parité du dinar face à l'euro, sachant que la majorité d'entre eux s'approvisionnent en Turquie. A ce sujet il faut souligner qu'à l'exception des tissus, des quantités importantes de produits textiles importés arrivent illégalement sur le marché dans des cabas. La Turquie est le principal pays qui alimente aujourd'hui le marché du vêtement dans notre pays. En l'absence d'un cadre légal permettant au ministère du Commerce d'intervenir, « le commerce du cabas » exerce actuellement une grande influence sur le marché du vêtement et dicte par conséquent la tendance des prix. Ces « beznassa » (terme utilisé pour désigner des individus qui activent dans le marché informe et font du bisness) se déplacent à l'étranger, généralement en Turquie en toute liberté avec des visas touristiques et ramènent avec eux dans leurs « bagages » divers articles qu'ils proposent à la vente à des prix inabordables pour les smicards. Pour ces derniers les boutiques de friperie demeurent une alternative. Il est vrai que devant la cherté de la vie, particulièrement au cours du mois de ramadan ou la paie d'un chef de famille ne suffit même pas à se nourrir convenablement, la friperie est tout indiquée pour faire plaisir à ses enfants à moindre coût.

Dans ces boutiques qu'on peut trouver à chaque coin de rue, le commerce est prospère et on peut rencontrer même des familles « aisées » venir faire leurs emplettes. Cependant, malgré les dépenses du ramadhan, puis celles prévues pour la rentrée scolaire sans omettre le petit budget consacré aux fêtes de mariage ou de circoncision, on peut dire que l'Algérien arrive toujours à se débrouiller. La preuve en est que le jour de l'Aïd, tous les enfants ainsi que leurs parents fêtent dans l'ambiance et la bonne humeur l'évènement quitte à contracter des dettes.