Jamais les prix
des fruits et légumes n'ont connu, durant ramadhan, une aussi substantielle
baisse, laquelle a atteint jusqu'à plus de 80% comme c'est le cas des haricots
verts dont le prix est étrangement passé de 250 DA le kg à 35 DA ou encore la
fameuse tomate qui est cédée à moins de 40 DA contre 120 DA les premiers jours
de ramadhan ! Hormis ceux du citron et des dattes qui ont atteint
respectivement jusqu'à 300 DA et 1200 DA le kg dans certaines régions
frontalières et qui se maintiennent pour des raisons évidentes de forte consommation
et surtout de contrebande, les prix des divers fruits et légumes ont connu la
baisse à la grande satisfaction du consommateur, lequel est ravi également par
la disponibilité en quantité suffisante des produits de large consommation.
Même la figue d'avant saison (Bakor) qui n'est disponible qu'en quantité très
insuffisante et sur une période très brève, ce qui devrait bien justifier un
éventuel prix élevé, est disponible, pour la meilleure variété, à 120 DA le kg
contre 350 DA en début de saison. D'une manière générale les prix des autres
fruits et légumes de grande consommation (carottes, salades verte, oignon,
concombre, prune, pêche, courgette, melon?) tournent autour d'un prix moyen de
50 DA contre 100 DA auparavant, avec des pics pour certains autres tel celui de
la pastèque qui est cédée à 150 DA la pièce (10 kg environ) voire bien moins.
Selon des observateurs, la raison à cette clémence ne revient nullement à une
quelconque initiative stratégique des pouvoirs publics comme il est prétendu
mais bel et bien à la mère nature et aux habitudes de consommation. Cela
explique cette baisse particulière des prix par la coïncidence du mois de
carême avec la saison de l'abondance des fruits et des légumes et une baisse de
consommation de certains produits, considérés comme « lourds » pour le Ftour
tels les haricots verts, la courgette, concombre, la prune?ou encore la
pastèque à cause de sa taille encombrante. L'importante baisse des prix
s'explique également par la mauvaise planification des récoltes qui a engendré
la surproduction de certains produits agricoles à l'origine du déséquilibre
entre l'offre et la demande à l'avantage du consommateur comme c'est le cas
pour le haricot vert, la tomate, l'oignon, les herbes?
Les observateurs
justifient, par ailleurs, leurs arguments par le maintien des prix d'avant
ramadhan de la pomme de terre (40-60 DA) ou encore de la hausse de ceux des
viandes rouges et blanches malgré les garanties données par les pouvoirs
publics et également par les importantes quantités importées à dessein du
maintien des prix. « Je dois dire que les pouvoirs publics ne sont pour rien
dans cette baisse car si c'était le cas, les prix des produits congelés
n'auraient pas connu un envol régulier depuis le début de ramadhan (le sachet
de Maakouda et le kg de foie sont passés, au premier jour de ramadhan, de 250
DA et 900 DA à 350 DA et 1000 DA respectivement), la viande n'aurait pas
atteint 1300 DA et le poulet 330 DA le kg. Les centaines de tonnes de viande
importées n'auraient donc servies qu'à enrichir davantage une frange bien
précise de « parasites ». S'il y avait une réelle planification et une
stratégie pour contrer la hausse des prix durant ramadhan comme il est
prétendu, les prix de certains produits de grande consommation tels la pomme de
terre ou encore l'ail et bien d'autres et pour lesquels d'important moyens de
réfrigération pour leur stockage, qui ont coûté des milliards au contribuable,
ont été investis, auraient connus la baisse. Le déséquilibre dans la production
agricole de certains produits comme l'abricot, la pêche, la tomate?, dont une
importante partie a été carrément jetée par camions, dénote du manque de cette
planification laquelle est aggravée par l'absence d'une politique
d'encouragement à l'investissement dans la transformation des produits agricole
». « Avec un système qui a vidé l'agriculture de son âme, en l'occurrence les
ouvriers agricoles, et les a reconverti en chômeurs-patrons d'agences de
location de véhicules, de location d'engins, de transport?, l'agriculture ne
peut se développer, bien au contraire. Heureusement que les clandestins
subsahariens sont là pour combler, clandestinement, le déficit en main- d'œuvre
agricole que les différents systèmes d'aide à l'investissement pour les jeunes
a causé », dira cet ancien grand producteur de pomme de terre qui, faute de
main-d'œuvre, s'est reconverti en transformateur de lait cru. Celui-ci qui
présage, par ailleurs, le retour des prix encore plus élevés au lendemain de
ramadhan qu'à sa veille, conclut : « si une partie des centaines de milliards
de DA qui ont été octroyés aux jeunes, ont été orientés vers la création de
moyennes unités de transformation de produits agricoles, ceci aurait stimulé
davantage les producteurs agricoles et les prix n'auraient pas atteint ces seuils
».