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Lamamra, Messahel : Le « correctif » de la présidence

par R. N.

L'inouï serait-il désormais atteint ? Comme pour répondre à la floraison des commentaires acerbes provoqués par le dernier remaniement ministériel, le président de la République, par la voix de l'APS, vient d'apporter un correctif révélateur de la manière avec laquelle les grandes décisions sont prises en haut lieu. Abdelkader Messahel n'aura été ministre de la Coopération internationale que quelques heures et le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamarna, bénéficiera d'une promotion substantielle dans la même durée pour se voir gratifier d'un ministère d'Etat. L'un aura en charge le ministère des Affaires maghrébines, de l'Union Africaine et de la Ligue Arabe, et l'autre détiendra le portefeuille du ministère d'Etat des Affaires étrangères et de la Coopération internationale. Le correctif est d'une lourdeur telle qu'elle démontre clairement la nature exacte des turbulences qui secouent le sommet de l'Etat, et il est révélateur d'un cafouillage certain dans la prise de décision au sommet de l'Etat. Youcef Yousfi, ancien ministre de l'Energie que les observateurs disaient définitivement gommé du gouvernement pour n'avoir pas su se mettre au diapason de la crise pétrolière et d'avoir mal géré le dossier du gaz de schiste, revient lui aussi à la faveur du curieux correctif présidentiel pour s'installer avec le grade de ministre conseiller au palais d'El Mouradia et il s'occupera à proximité d'Abdelaziz Bouteflika comme conseiller personnel à l'énergie.

Depuis les sérieux déboires de santé du président de la République, on n'en est pas à un seul correctif. Le 19 mars dernier, une poussée de véhémences contre la presse nationale privée dans un message présidentiel à l'adresse de la Nation avait grandement surpris et choqué. Dans les heures qui avaient suivi le message, celui-ci avait été réédité mais tronqué des menaces aigres-douces que Bouteflika avait adressées aux médias. Le charivari inquiétant a amplifié les supputations et les interrogations sur un pouvoir devenu obscur et flou.

On peut admettre que la maladroite tempérance du 19 mars soit une petite faille diplomatique sans grande importance en faisant référence au mépris inexplicable que le président a toujours manifesté face à la presse. Mais manifestement, le trop curieux correctif d'hier relatif à un ministère de souveraineté aussi important que celui des Affaires étrangères interpelle une grave question. Comment sa prise en charge dans un monde totalement bouleversé aujourd'hui et avec les dangereuses menaces en sus qui cernent le pays, n'a pas été sérieusement et en profondeur réfléchie ?