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Le sacrement du dinar

par M. Abdou BENABBOU

Une brume épaisse tenaille le marché de la finance et les acteurs des échanges marchands ne savent plus par quel bon bout tenir les mécanismes des trocs financiers qui tanguent entre la baisse du dollar et la fanfaronnade de l'euro.

Le dinar algérien subit de plein fouet les humeurs des cours financiers et tout le monde ou presque s'accorde à constater que la dévaluation de la monnaie nationale est en chute libre contrairement aux affirmations voulues rassurantes de nos officiels argentiers. Il y a du vrai dans le qualificatif de monnaie de singe et il est admissible d'accuser le dinar de tous les satanismes pour se conformer à l'adage qui veut qu'il soit la pure ordure de l'existence.

Eon de tous les temps, prostituée et proxénète en même temps, il se plie avec une générosité particulière aux petits et grands pourparlers pour forcer les spasmes du peuple, son délire et l'incendie des symboles des institutions. Et tant qu'à faire, puisqu'il est toujours avec raison incriminé, on se demande pourquoi l'Etat ne s'est pas décidé une bonne fois pour toutes à lui changer d'habits pour une nouvelle consistance. La notion de monnaie aurait alors un vrai sens et serait une solution radicale pour venir à bout du monstrueux état des lieux de l'économie informelle si décriée.

Que de multitudes de coffres forts obscurs seraient dégarnis et que de matelas et oreillers seraient éventrés. Sans doute craint-on que des ventres le soient aussi. Certes, l'opération ne serait pas de tout repos au vu de l'empirisme d'un système bancaire dépassé et sclérosé par une bureaucratie à couper le souffle et de fortes réserves sont émises ici et là par des spécialistes de la finance. Mais le citoyen lambda, rôdé à la perspicacité de la lecture des liens entre les lois et leurs contraires et celle des analyses des revirements des législateurs et leurs reculades forcées, n'a jamais compris pourquoi le paiement par chèque n'a été qu'une mauvaise et courte sérénade chantée furtivement pour être aussitôt bâillonnée pour on ne sait quel intérêt.