Cette année
encore, les cerises des champs de Lalla Setti, qui culminent à plus de 1 000
mètres d'altitude à quelques enjambées au sud de la ville de Tlemcen, seront
assez «douces et craquantes» à cause de la bonne météo de ce début d'année, qui
a favorisé leur épanouissement. En effet, la cueillette de la reine
incontestable du mois de mai, détrônant même la fraise qui, elle, dure plus
longtemps sur les étals, a commencé la semaine dernière. Il faut dire que dans
ces exploitations familiales de Lalla Setti, la culture de la cerise est
surtout considérée comme ?'une activité gagne-pain''. C'est pratiquement la seule
et unique récolte qu'attendent avec impatience les habitants de la petite
agglomération d'Attar, dont la plupart des petits agriculteurs ont commencé à
vendre leurs cerises jusqu'au début du mois de juin. Sur les tables des marchés
du grand Tlemcen (Mansourah, Chetouane et Tlemcen), les cerises font déjà leurs
apparitions. Avec l'arrivée des beaux jours, l'entrée en scène de ce fruit
rouge emblématique attire de nombreux clients tlemcéniens et touristes, qui se
ruent en familles tous les jours vers les cerisaies de Lalla Setti, pour
savourer ce fruit de saison sucré et rond, vendu, tout frais, entre 500 et 700
dinars le kilogramme cette année, en bord de route. «C'est en ce moment le tout
début de la récolte des cerises, qui vont connaître cette année une belle
saison, car elles ont été gâtées ces dernières semaines par la grêle, le froid
et le vent. Dieu merci, ces petits fruits rouges ont été épargnés du gel et la
grêle du printemps. Malgré les pluies orageuses, la cerise est de belle
qualité, d'un bon calibre, et bien goûteuse», estime Hadj Mohamed, qui dispose
de parcelles de champs de cerises à Lalla Setti. Dans la foulée de cette belle
saison, ce petit producteur vient de vendre toutes ses cerisaies à des
revendeurs de Blida et Tlemcen, pour approvisionner les marchés de légumes et
fruits de ces villes. En début de semaine, les premiers cageots de cerises sont
acheminés vers ce marché et les consommateurs de la wilaya de Tlemcen. Selon un
ingénieur agronome en retraite rencontré dimanche soir à Lalla Setti : «La
récolte des cerises se prépare environ 40 jours après la floraison. La récolte
se fait annuellement à partir de la deuxième quinzaine du mois de mai et le
début du mois de juin selon les variétés. Les cerises sont prêtes à être
cueillies quand elles commencent à avoir une couleur et une taille uniforme. La
cueillette peut commencer quand les premières cerises tombent de l'arbre.
Compte tenu de la faible conservation de la cerise crue, il est conseillé de
prélever les fruits plusieurs fois. La cueillette se fait tôt le matin. Il
faudrait détacher précautionneusement le fruit au niveau d'attache et le
déposer délicatement dans un panier. Un fruit abimé devient immangeable». Cet
ingénieur promet donc de «belles cerises qui commencent à rentrer en maturité».
Pour l'heure, son prix paraît peut-être encore très élevé en raison de sa
précocité. Mais d'ici quelques jours, elle aura atteint son cours normal. Soit
entre 200 et 300 dinars le kilo. A noter qu'après bien des décennies
d'hibernation (1970), la capitale des Zianides a renoué avec la fête des
cerises. Au siège de la direction du parc national de la wilaya de Tlemcen,
c'est devenu un rituel depuis 2013. De nombreux producteurs de Beni Ghazli,
Yebdar, Ouled Sidi El-Hadj, M'zoughane, Beni Hammad, Beni Yacoub et Attar
exposent leurs diverses variétés de cerises dans l'enceinte de la maison du
parc national, pour le plus grand bonheur des visiteurs et amateurs de bonnes
cerises, qui ne boudent pas leur plaisir en les dégustant, dans une ambiance
festive. De nombreux produits de terroir (Produits agricoles locaux, ateliers
culinaires traditionnels, produits de gamme?) de différentes régions de la
wilaya (Béni snous, Nedroma, Tlemcen?) viennent meubler les différents stands
exposés lors de cette manifestation animée par des groupes folkloriques.