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EL-BAYADH : 300.000 hectares de terres mises en défens cédés aux éleveurs

par Hadj Mostefaoui

Les signes précurseurs d'une longue période de sécheresse et de disette sont visibles à l'œil nu et inquiètent au plus haut niveau les éleveurs de la wilaya qui craignent le pire pour leur cheptel. Le prix de l'aliment du bétail s'envole et devient de plus en plus inaccessible aux plus nantis d'entre eux qui n'hésitent pas à se tourner vers les maitres de l'aliment du bétail qui règnent en seigneurs sur le marché local. Prenant les devants comme chaque année, les pouvoirs publics tentent vaille que vaille de soutenir le secteur de l'élevage qui traverse actuellement une zone de turbulences et c'est par le biais de la mise en défens des terres de parcours que l'Etat intervient en mettant à la disposition des éleveurs des centaines de milliers d'hectares de terres préservées ; une sorte d'appoint en quelque sorte à des prix très concurrentiels. L'Etat vole au secours de ces infortunés éleveurs qui n'ont plus les moyens de se tourner vers l'Achaaba, un véritable parcours du combattant pour certains d'entre eux qui ne disposent pas de moyens de transport surtout que les zones de pacage du nord sont proposées à des tarifs exorbitants. Selon M Ahmed Moussa, directeur régional du haut commissariat au développement de la steppe, sur les 800.000 hectares de terrains de parcours répartis entre 20 communes de la wilaya d'El-Bayadh mis en défens depuis la saison automnale, quelque 300.000 répartis entre 60 périmètres seront cette année cédés aux collectivités locales. Une manne financière très appréciable pour ces dernières qui les loueront aux éleveurs à raison de de 1000,00 DA l'hectare et c'est ainsi que chacune des deux parties trouvera son compte. L'éleveur pourra ainsi assurer la subsistance de son cheptel à un prix raisonnable, surtout lorsqu'on sait qu'un sac d'orge lui coûte les yeux de la tête, soit plus de 3.000 DA le quintal. Une nouveauté cette année, une première expérience de mise en défens des périmètres steppiques a été une véritable réussite sur le territoire de la commune semi-saharienne d 'El Bnoud. En optant pour la formule dite de développement durable, le HCDS compte ainsi faire d'une pierre deux coups par le biais d'opérations de régénération du tapis végétal, avec dans son sillage la lutte contre la désertification et surtout le retour de la flore locale qui avait périclité ces dernières années. Les effets dévastateurs du surpâturage, du pacage illicite de plus de 2.000 têtes d'ovins de race Hamra sur une même parcelle de terrain pendant plusieurs semaines, sont, nous dit-on, autant de facteurs de dégradation du milieu steppique. Des transhumants venus en force dans un désordre indescriptible et par convois entiers des wilayas steppiques limitrophes font des descentes nocturnes sur les rares ilots de verdures gagnés à la steppe grâce à la mise en défens des parcours. Il faut également signaler que ces milliers de transhumants, à la tête de plus d'un million de têtes d'ovins qui viennent s'ajouter au 1.700.000 bêtes locales, arrivent sans crier gare, foulant aux pieds le cadre réglementaire régissant les modalités de pacage et piétinant les rares herbacées encore debout et là où ils passent, yalatif, l'herbe ne repousse plus, selon la formule très répandue dans le monde des éleveurs. L'impact de la mise en défens des terres de parcours se répercute sur le plan écologique en permettant à certaines espèces végétales de ressusciter, et sur le plan économique puisqu'il sert d'appoint en aliment du bétail et social avec la création en foin de saison de quelque 600 postes d'emploi saisonniers à travers l'ensemble des communes concernées. Avec ses nombreux avantages et profits, cette opération de grande envergure mérite d'être très soutenue par les pouvoirs publics sachant que le HCS, avec ses faibles moyens humains et mécaniques, ne peut à lui seul assurer en permanence la sauvegarde de milliers d'hectares de terrains de parcours en milieu steppique et semi-saharien, menacés par des éleveurs trop gourmands, voire insatiables.