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Constantine : Colloque arabe sur «la femme et les défis contemporains»

par Rekibi Chikhi

C'est sous le signe de «l'impact de la culture arabe sur la réalité de la femme» que se tient cette année à Constantine le colloque arabe autour de la femme et les défis contemporains, du 16 au 18 mai, au palais de la culture Malek Hadad. Mme Houda Badrane, la secrétaire générale de l'Union générale des femmes arabes (UGFA), a tout mis en œuvre pour que «Constantine, capitale de la culture arabe 2015» puisse abriter ce colloque.

Le colloque, organisé par l'Union nationale des femmes algériennes (UNFA), a connu la présence de la ministre de la Solidarité et de la Femme, du wali de Constantine, du vice-président de l'APN, de la secrétaire générale de l'UGFA, de Mme Tilaoui Nirmine, de la directrice générale de l'Organisation de la femme arabe, du commissaire de l'événement «Constantine capitale de la culture arabe» et de l'épouse de l'ambassadeur de la Palestine.

Le wali de Constantine a souligné dans son intervention que «les défis majeurs auxquels doit faire face la femme sont l'ignorance et les préjugés. Les lois en Algérie sont à saluer dans ce domaine, au vu des précieux nouveaux acquis qui renforceront l'autonomisation de la femme, créatrice de la vie». «La femme ne doit pas se limiter au plafond de verre conçu pour elle», dira pour sa part la ministre de la Solidarité et de la Femme. Elle a insisté «sur l'importance d'édifier et d'immortaliser les réalisations des femmes dans les différents domaines, chose qui lui a permis d'occuper des postes importants» et a appelé «les partis à renforcer le combat pour un développement durable de la société, cette dernière est comme une personne qui ne peut pas marcher d'une manière adroite si elle est amputée d'une jambe». Elle ajoute que «tous les travaux des colloques que ce soit ceux de Beijing et Kyoto, en passant par Le Caire et Copenhague, ont tous traité des données qui découlent du vécu de la femme et ont cherché à leur trouver des solutions». Concernant les pays arabes qui passent par une conjoncture d'instabilité, elle dira « la femme finira toujours par regrouper les parties antagonistes, c'est un gage de stabilité des sociétés». Mme Houda Badrane, la secrétaire générale de l'UGFA, a affirmé dans son intervention qu'«on ne peut pas parler de culture sans parler de la femme, cette dernière porte la culture et la transmet de génération en génération». Affirmant encore que «la culture est une composante majeure dans l'émancipation et le développement de la femme, les Pharaons, très développés, en étaient déjà conscients depuis des milliers d'années, la femme jouissait de ses pleins droits civiques, elle avait le droit de divorcer, l'homme qui bat sa femme est sévèrement puni, il peut être répudié par sa femme, pour cela, de même que pour les anciennes civilisations syriennes». Sa fierté, dira-t-elle, c'est «d'avoir participé à la préparation du rapport remis à l'ONU le mois de mars dernier, une synthèse exhaustive de l'évolution de la situation de la femme arabe sur une vingtaine d'années. Ce rapport a été jugé par l'ONU comme étant l'un des meilleurs rapports qui lui soient parvenus». Quant à Mme Tilaoui Nirmine, la directrice générale de l'Organisation de la femme arabe, elle a rappelé le constat fait par le secrétaire général de l'ONU : «en étudiant l'évolution des conditions de la femme en 20 ans, de 1995 à 2015, il a réalisé que le développement de la femme est très faible et qu'il lui faut, selon ce rythme, pas moins de 81 ans pour arriver au même pied d'égalité, en terme de droits, avec l'homme». Elle conseilla les femmes algériennes de conserver leurs acquis et de ne pas régresser, les femmes égyptiennes n'ayant pas su préserver les leurs, suite aux bouleversements sociaux successifs. Un peu plus politisée fut l'intervention de Mme Nouria Hafsi, la secrétaire générale de l'UNFA. En effet, elle soulignera que «la conjoncture marquée par l'instabilité et les guerres par laquelle passent certains Etats arabes n'est due qu'à l'aboutissement à son bon terme d'un complot occidental qui vise les richesses des pays arabes. Une démocratie importée de l'extérieur n'a engendré que la discorde et le radicalisme islamiste partout, que ce soit en Iraq, en Syrie, au Soudan et dernièrement au Yémen. L'Occident nous a fragilisés pour s'accaparer nos ressources, pour nous détourner de notre principale préoccupation, la Palestine». En marge du colloque, Mme Houda Badrane, la secrétaire générale de l'UGFA, nous a déclaré : «ne pourra jamais devenir moderne ni évoluer toute société qui considère que la femme est un être inférieur».