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La CMA absente lors de la cérémonie protocolaire : L'accord de paix signé hier à Bamako

par Moncef Wafi

Sans grande surprise, la signature hier de l'accord de paix entre Maliens à Bamako, a surtout brillé par l'absence de la rébellion à forte dominante touareg représentée par la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA). Ceux qui pariaient sur la présence d'au moins une partie des groupes de la CMA en sont pour leurs frais, alors que la cérémonie protocolaire a été rehaussée par la venue de plusieurs chefs d'Etats africains dont le zimbabwéen Robert Mugabe, également président en exercice de l'Union africaine (UA), le mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, le nigérien Mahamadou Issoufou, l'ivoirien Alassane Ouattara, entre autres présidents.

Etaient également présentes à Bamako, la secrétaire générale de l'Organisation internationale de la Francophonie, Michaëlle Jean, la secrétaire d'Etat chargée du Développement, Annick Girardin, représentant la France et la chef de la diplomatie de l'Union européenne (UE) Federica Mogherini. L'absence de la CMA était prévisible puisque, jusqu'à la dernière minute, lorsque la Coordination a paraphé, in extrémis, ce jeudi, à Alger, l'accord de paix et de réconciliation au Mali en présence des membres de la médiation internationale, dont l'Algérie est le chef de file, a prévenu qu'elle ne viendrait pas le signer le lendemain à Bamako. Le document avait été paraphé le 1er mars par le gouvernement et les mouvements engagés dans la plateforme d'Alger, à savoir le Mouvement arabe de l'Azawad (MAA, dissident), la Coordination pour le peuple de l'Azawad (CPA) et la Coordination des Mouvements et Fronts patriotiques de résistance (CM-FPR). Cependant, la CMA regroupant le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), le Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA) et le Mouvement arabe de l'Azawad (MAA) avait demandé du temps pour consulter leur base militante avant de parapher le document. Mais pour beaucoup de ceux qui étaient présents, hier, dans la capitale malienne, l'absence des Touaregs n'est pas très préjudiciable pour l'accord qui reste «une étape décisive» pour Federica Mogherini qui appelle la rébellion à «le faire dans les meilleurs délais». Pour la Française Annick Girardin, «le développement du Mali ne peut se réaliser que dans la paix». L'espoir reste pourtant d'actualité pour la communauté internationale puisque l'option d'une signature par fragmentation a déjà été avancée par le chef de la Minusma, Mongi Hamdi, qui avait indiqué la semaine dernière qu'il serait possible de signer séparément après le 15 mai. Une éventualité évoquée auparavant par le président malien Ibrahim Boubacar Keïta qui a contacté, ce jeudi, Ramtane Lamamra, affirmant qu'il est prêt à recevoir la CMA à tout moment et «discuter pour l'avenir du pays, de l'avenir des régions du Nord et de la mise en oeuvre rigoureuse de l'accord». Le texte de l'accord prévoit la création d'Assemblées régionales dotées de pouvoirs importants, élues au suffrage universel direct, mais, comme le souhaitait Bamako, ni autonomie ni fédéralisme et ne reconnaît l'Azawad que comme une «réalité humaine» sans expression politique. La CMA a réclamé une série d'amendements, dont la «reconnaissance officielle de l'Azawad comme une entité géographique, politique et juridique», la création d'une assemblée inter-régionale couvrant cette zone et un quota de «80% de ressortissants de l'Azawad» dans les forces de sécurité de la région.