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Le formateur, déformateur?.

par El Yazid Dib

Chut... on gère... on essaye de refaire un monde déjà fait... on mute... on transmute... on baragouine avec l'espoir que l'on vous entende... que l'on vous ressente...on s'expédie en Syrie... on rencontre Daech...

Bizarre cette appellation. Le néophyte que devient le lecteur ou pourquoi pas le chroniqueur, après avoir été un temps l'un ou l'autre adepte des sciences juridiques et administratives, n'arrive plus à situer de quel chapitre des Dalloz ou des Thémis cette « bizarrerie» est extraite ? Pourtant il croit bien avoir lu cette étrangeté quelque part... dans un courrier... dans un mail ou dans une feuille volante parvenue au gré de l'humeur de la 49ème wilaya. Il y a ceux qui s'inspirent de modèles subis ou de maîtres aléatoirement écartés auteurs de marques déjà déposées et il y a ceux que l'ego, l'enthousiasme et la fanfaronnade inspirent davantage que ne le fait le sens de l'indigence cérébrale et de sa triste vérité. Ils se leurrent à la première nomination en vertu d'un mauvais décret subtilement obtenu. Une outarde qui voulait s'inspirer d'un coq ne pourrait même pas copier la prestance d'un pigeon. Fût-il déplumé. Alors pourquoi cet effort inutile de ce rédacteur national en mal de muse pour vomir comme ça, sans rougir, à la gueule de tous, sa «nouvelle gestion administrative» ? En quoi consiste-t-elle en fait ? Rien. Du trompe-l'œil. Est-ce là le commencement d'un monde personnel de la bonne gouvernance au moment ou un autre monde de bonne administration tient à se faire disparaître ? Eh oui, les administrateurs d'antan maintenant croisent les mots alors que ceux qui expédient leurs retraites n'en savent remplir la moindre case. Ils croisent cependant les intérêts à défaut de pouvoir, en des situations données, croiser le fer. Mous, plats, ils semblent avoir été nommés par défaut. Combien sont-ils, embusqués dans les interstices d'un journal officiel et dans la précarité d'un décret dans l'attente d'être mis un jour sur « le quai des fonctionnaires» ?

Il est fort possible, selon les circonstances, qu'une urgence vous entraîne à changer de mode de gestion. A le relooker, à l'aérer. Mais pour agir sur une procédure il ne faudrait pas se contenter de transformer la couleur du papier ou reclasser les phases. Encore moins l'alourdir sans objectif ou justifier celui-ci en le créant par excès de prudence. Une procédure est d'abord un cheminement logique, économique et efficace pour atteindre un objectif précis et préétabli. Pour créer un supplément de papier ou un listing info-dactylo-mécanographique, l'on n'a pas besoin de faire plus que les autres n'en ont fait. Là, c'est au tour de l'apprentissage à la limite d'un amateurisme primaire et rural voulant s'imposer, de venir défier, sans crier gare toute la vertu de la norme administrative. Claire, nette et précise.

C'est la formation qui manque le plus à un auteur otage de présomption. C'est le manque de challenge qui décroît la prestance de quelqu'un. Si comme dans une arithmétique, un taux de douane vous échappe, et voilà tout le compte erroné. On ne crée rien, on n'invente rien face à une existence bien réelle ; l'on ne fait que copier-coller. Le temps de la gestion par avis est là, entrain de déboulonner la loi et ses normes. C'est l'ère studieuse du temps formateur qui déforme, croyant faire des réformes.