A moins de 24 heures de la date arrêtée pour la signature de l'Accord de
paix, à Bamako, le flou total entoure la présence des différents groupes
touareg, représentant la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA). Tout
porte au pessimisme malgré les discours rassurants des uns et des autres et les
appels répétés de la Communauté internationale pour la signature de cet accord
paraphé, rappelons-le, le 1er mars dernier, par le gouvernement malien et
certaines parties prenantes du dialogue inclusif qui s'est déroulé à Alger. Le
dernier appel émane du duo Lamamra et Fabius qui ont exhorté toutes les
parties, faisant allusion à la CMA, à signer, demain, l'Accord de paix. Dans
cette optique, la CMA, qui a affirmé dans une déclaration adressée, ce mardi,
au peuple malien, n'avoir «jamais opposé un quelconque refus au projet d'accord
présenté par la médiation», devait se rendre, hier, dans la capitale
algérienne, «pour en principe parapher l'Accord de paix», selon Almou Ag
Mohamed, porte-parole du Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA). A propos
du rendez-vous de demain, il a affirmé, à l'AFP, que la signature de l'accord «relèverait
du miracle», mais malgré cette déclaration qui, à coup sûr, a jeté de l'eau
froide sur les plus optimistes, les chances de voir signer cet accord, demain,
sont évoquées avec conviction. L'option d'une signature par fragmentation a
déjà été avancée par le chef de la Minusma, Mongi Hamdi, qui avait indiqué, la
semaine dernière, qu'il serait possible de signer, séparément, après le 15 mai.
Une éventualité qui avait été évoquée, il y a une dizaine de jours, à Bamako, à
l'issue d'une rencontre entre des représentants onusiens et le président malien
Ibrahim Boubacar Keïta. Un proche de ce dernier partage cette vision et n'a pas
hésité à affirmer, sous-couvert d'anonymat, que «vendredi, nous aurons,
probablement, une bonne surprise, de voir de gros calibres de la CMA, signer le
document». Ainsi, la cohésion de la CMA qu'on pense ébréchée, de l'intérieur
même, serait contournée et ses parties approchées séparément. Les premières
prévisions tablent sur la présence du HCUA, aux côtés de la Coordination pour
le peuple de l'Azawad (CPA), à Bamako. Une présence synonyme d'un «mini-succès»
pour un diplomate africain, en poste dans la capitale malienne. Certaines
lectures ont vu, dans la chute de Ménaka, la première ville occupée par la
rébellion, en janvier 2012, une vulnérabilité militaire de la Coordination
devant Bamako et l'opinion internationale ainsi que les prémices d'une scission
de sa composante qui reproche au MNLA son intransigeance, à propos des
pourparlers inter-maliens. La Minusma, quant à elle, interprète les dernières
violences qui ont émaillé la région, après le 27 avril, comme une tentative de
la CMA et chacun de ses groupes de «marquer son territoire». Pourtant le
communiqué, rendu public le 1er mai dernier, et signé, précisément, par le
porte-parole du MNLA, suggère que le divorce n'est pas encore consumé. Dans son
message au peuple malien, la CMA réaffirme son attachement à ses convictions
qui «ne peuvent faire l'objet d'aucun marchandage ni d'aucune surenchère et
menaces», tout en rappelant qu'«aucune ébauche de solution ne saurait être
définie, sans tenir compte des aspirations légitimes du peuple de l'Azawad».
Revenant sur les différentes étapes des pourparlers, la CMA a considéré que le
texte d'Alger «comporte des aspects qui nécessitent la poursuite de discussion,
en vue de parvenir à un compromis sur des points qui nous paraissent
essentiels». La Coordination rappellera, également, ses efforts «pour parvenir
à un terrain d'entente», en multipliant les missions «de contact et de
discussion avec la médiation». Le document indique que «lors de ses
discussions, la CMA s'est vu opposer une fin de non-recevoir et que le texte de
l'accord était sans appel». La sentence de la CMA sonne comme une fin de
non-recevoir puisqu'elle reste convaincue «que toute solution à la crise, qui
ignore les préoccupations du peuple de l'Azawad est vouée à l'échec».