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Nouvelles mesures en matière d'importation : Ce pourquoi la cigarette coûte plus cher

par R. C.

Aucune explication tangible au sujet de la hausse surprise des prix des cigarettes d'importation. Les buralistes, lorsqu'ils sont interrogés sur cette hausse, se contentent de se référer au marché de gros pour justifier l'augmentation, à hauteur de plus de 10%, sans trop se fatiguer à expliquer le pourquoi de la chose, et c'est tout juste s'ils mettent cette hausse sur le compte d'un «diktat imposé par ceux qui détiennent le monopole du marché». Il s'agit là d'une seconde augmentation des prix de la cigarette en l'espace de cinq mois, doit-on rappeler, «injustifiable» pour le commun des fumeurs ! Laquelle des deux augmentations inscrire dans le cadre des dispositions de la loi de finances 2015, qui prévoit de nouvelles taxes des produits tabagiques de 10 et 15%, à partir de janvier ? Et, en l'absence d'une clarification de la hausse en question par les pouvoirs publics, certains n'hésitent pas à faire le parallèle avec la récente instruction du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, adressée au ministre des Finances, pour mettre en place un comité interministériel et dresser un plan d'action opérationnel de lutte contre les importations frauduleuses.

On comprend mieux si l'on sait pertinemment que la cigarette figure parmi les produits phares de l'importation frauduleuse et que, en conséquence, c'est cette importation frauduleuse qui a cassé les prix de la cigarette et permis à la Société de tabacs algéro-émiratie (STAE) de garder des tarifs qui ne représentent pas le coût réel sur le marché. Maintenant que l'importation de la matière première est quantifiée et, donc, taxée de sa valeur réelle, on ne pourrait garder le même prix «bradé». On s'est retrouvé, ainsi, dans la contrainte d'opérer une seconde hausse en prenant tout le risque de focaliser les réactions de l'opinion publique. Au mois de janvier dernier, lorsque ces producteurs de cigarettes étrangères avaient procédé à une hausse des prix des cigarettes, somme toute réglementaire, même si cela s'est fait avant la publication dans le Journal officiel des nouvelles taxes introduites par la loi de finances 2015, ils ne savaient pas qu'il serait question d'un contrôle serré des importations et ils ont été de la sorte pris au dépourvu sur le chapitre.

Une source du ministère des Finances nous confiera, concernant cette hausse des prix des cigarettes, que «les produits finis, semi-finis ou de la matière première, servant à la fabrication de la cigarette, sont directement concernés par les mesures de réduction de la facture engendrée par l'importation, induisant un prix de revient plus cher pour les producteurs de tabacs, qu'ils font payer par les consommateurs». «L'instruction du Premier ministre arrive un peu tardivement», estime notre source, qui ajoute que «l'Etat n'aurait pas dû attendre la chute du prix du pétrole et le saut du cours du dollar, pour prendre de telles mesures, car beaucoup de secteurs signalaient cette brèche ouverte dans notre économie par l'importation frauduleuse, depuis plusieurs années déjà». Il dira, par ailleurs, concernant la valeur du dollar, que «l'Etat doit fixer les prix, afin d'éviter toute spéculation en la matière, des gens s'enrichissent sans bouger un doigt, en jouant simplement sur la différence de vente de cette devise par l'Etat et au marché noir». Donc, si l'on se fie aux explications fournies à ce sujet, il s'agit bel et bien d'une hausse de prix décidée unilatéralement par le producteur pour combler un déficit engendré par des «restrictions» sur le registre de l'importation. D'ailleurs, on n'exclut guère une hausse généralisée des prix dans les prochains jours, et la conjoncture du Ramadhan s'y prête à merveille.