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Affaire Khalifa : Les aveux du garde du corps

par Tahar Mansour

C'est finalement le garde du corps de Khalifa Abdelmoumène, Abdelouahab Réda, qui a reconnu avoir remis d'importantes sommes d'argent retirées de la caisse de Cheraga à son patron Khalifa, sans qu'il ne signe aucun document ; c'était juste sur ordre du PDG. Abdelkouahab Réda est un ex-commandant de l'ANP qui a bénéficié de la retraite anticipée avant d'intégrer le groupe Khalifa où il travailla en qualité de garde du corps du patron. Quand le juge lui a posé la question concernant les fonds remis à Khalifa à partir de la caisse de Chéraga, il a été le premier à répondre oui, confirmant ainsi sa déposition auprès du juge d'instruction. Il y a lieu de noter que les autres inculpés ont nié la plupart des faits et certains ont même essayé de disculper Khalifa, ce qui a amené d'ailleurs le président du tribunal, M. Antar Menouar, à demander à l'un d'eux s'il avait changé ses dires (par rapport à 2007) juste parce que Khalifa se trouvait là. Réda reconnut aussi qu'il avait effectué plusieurs voyages en compagnie de Khalifa en qualité de personne très proche -ils étaient amis depuis de longues années- et aussi en qualité de garde du corps personnel. Il nia toutefois avoir porté une arme lors de ses voyages. Il reconnut avoir ramené d'importantes sommes à partir de la caisse principale mais affirme qu'il croyait que c'était légal puisque c'est le PDG lui-même qui l'avait ordonné. Il réfuta aussi l'accusation d'avoir reçu un avantage quelconque et déclara que son salaire, qui était de 15 millions de centimes, lui suffisait amplement.

TOUDJANE MOULOUD : JE N'AVAIS AUCUNE INFORMATION CONCERNANT LES 11 FEUILLETS DE CAISSE EN ATTENTE

Quant le prévenu Toudjane Mouloud répondit à la question du juge, l'assistance est replongée dans l'atmosphère connue depuis le 1er jour du procès. En effet, le prévenu déclara qu'il n'avait aucune idée de l'existence de ces documents en souffrance au niveau de la caisse principale, alors que ce sont justement les documents qui représentaient les sommes retirées de la caisse principale par Rafik Khalifa sans aucun reçu ni chèque. Lorsque feu Nekache lui en parla, il affirma lui avoir conseillé de ne pas signer ces feuillets car ils n'étaient pas légaux, les sommes qu'ils détaillaient ne pouvant être justifiées. Il nia aussi toutes les accusations portées contre lui. Il reconnut pourtant avoir bénéficié de deux prêts, le premier d'un montant de 50 millions de centimes pour l'achat d'un véhicule et un deuxième de 90 millions de centimes, destiné à la réfection de sa maison. Il affirma aussi qu'il avait réglé ses dettes envers Khalifa Bank. Enfin, et en réponse à une question du procureur général, Toudjane reconnut que les déclarations financières de la caisse principale de Cheraga n'était jamais envoyées en temps opportun à la Banque d'Algérie : «il y avait toujours du retard».

DALAL OUAHAB : «LA MAJORITE DES AGENTS DE SECURITE DU GROUPE KHALIFA ETAIENT D'ANCIENS POLICIERS

Dalal Ouahab était inspecteur principal de police mais démissionna et rejoint par la suite le groupe Khalifa où il fut recruté en qualité de chef des équipes de sécurité et protection au sein du groupe Khalifa. Il expliqua au tribunal que sa mission était d'accompagner et de sécuriser tous les transferts de fonds qui s'effectuaient entre les agences et la caisse principale de Cheraga. Il reconnut aussi que, sur instruction du Chachoua Abdelhafidh, qui était son supérieur hiérarchique, il a ramené deux valises contenant de l'argent, de la caisse principale de Cheraga vers la direction générale, en plus d'une enveloppe qui contenait des clés. Il affirma qu'il ne connaissait pas le montant de l'argent contenu dans les valises. Il rappela que ce transfert était dans ses missions et qu'il se contentait de ramener l'argent de la caisse pour le remettre à son directeur au niveau du siège du groupe. Enfin, il déclara avoir obtenu un prêt d'un montant de 200 millions de centimes pour l'achat d'un appartement et qu'il l'avait remboursé dans son intégralité.

LE PRESIDENT DU TRIBUNAL CRIMINEL REFUSE LA LEVEE D'ECROU AU BENEFICE DE ME RAHAL

Me Omar Rahal, notaire poursuivi dans l'affaire de Khalifa Bank, âgé de 86 ans aujourd'hui, a eu un malaise avant-hier en milieu d'après-midi. Il a été secouru et soigné par le médecin de la Protection civile avant de regagner son siège. Hier, son avocat demanda une levée d'écrou mais elle fut refusée par le tribunal. L'avocat demanda alors au président de laisser son client au niveau de la prison de Blida pour lui éviter ces déplacements éreintants pour lui, mais sa demande fut aussi refusée puisque, explique le président, il y a une prise en charge médicale au niveau de la Cour par le biais des médecins de la Protection civile et que, lors de son audition, l'inculpé refusa la chaise qui lui a été proposée et affirma qu'il pouvait parler.