« Toute la
société est concernée par la prise en charge de la pathologie
broncho-pneumonique », estime le professeur Djebbar, médecin chef de service à
l'hôpital et vice-doyen de la faculté de médecine de Batna. Cet éminent
spécialiste de la pneumologie a animé, hier, dans un hôtel de la ville de
Constantine, une conférence de sensibilisation sur cette maladie à l'intention
d'une quarantaine de jeunes médecins de la spécialité venus de différentes
régions de l'Est. Abordé en marge de la conférence, le Pr. Djebbar nous a livré
un état des lieux de cette pathologie au niveau local en disant que « 80% de
patients atteints de broncho-pneumonie chronique obstructive (BPCO) sont des
fumeurs. Les 20% restants sont des personnes qui ont été exposées à ce qu'on
appelle la biomasse, c'est-à-dire tous les matériaux qu'on utilise dans la
combustion, comme le bois, les branchages, la bouse de vache, etc. En plus, il
y a ce nouveau phénomène qu'on ne connaissait pas auparavant, en l'occurrence
la pollution provoquée par le nombre extraordinaire de véhicules introduits
dans notre espace de vie depuis la dernière décennie, facteur qui constitue un
plus dans l'émergence de cette pathologie ». Notre interlocuteur poursuivra en
indiquant que « des statistiques récentes élaborées à l'échelle nord-africaine
et au Moyen-Orient ont démontré, d'un pays à l'autre, qu'une moyenne de 4% de
la population est atteinte de cette pathologie. Malheureusement, plus de 60% ne
le savent pas. Et ce n'est que lorsque l'essoufflement paraît à l'effort que le
malade s'en aperçoit et vient consulter le médecin. Généralement, la maladie
touche les sujets âgés au-delà de la quarantaine». Le problème de cette
maladie, ajoutera ce spécialiste, est que «son point de départ est pulmonaire,
mais c'est une pathologie qui va se généraliser à tout l'organisme. Il va y
avoir des troubles métaboliques, l'ostéoporose précoce, des dépressions et des
tas de choses qui accompagnent cette maladie. Voilà ce qui fait sa gravité.
Nous ciblons les jeunes médecins dans la mesure où nous pourrons leur apprendre
comment faire un diagnostic, comment faire une bonne exploration fonctionnelle,
mais on cible le grand public, les écoles et autres pour leur faire prendre
conscience des méfaits du tabagisme».
Et de terminer
par l'aspect économique de la maladie en faisant ressortir que c'est une
pathologie qui constitue un lourd fardeau pour le budget de l'Etat en matière
de prise en charge, d'absentéisme, d'environnement, etc. «Elle est méconnue du
grand public et de beaucoup de jeunes médecins. Et c'est pour cela que nous
sommes là pour la leur faire connaître à travers cette conférence», a conclu le
Pr. Djebbar.