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Miss Constantine fait beaucoup parler d'elle

par A. Mallem

Intervenant dans le sillage du lancement de l'année de la Culture arabe, l'idée d'organiser une cérémonie d'élection d'une «Miss Constantine» paraît, pour beaucoup de citoyens, comme «incongrue» et loin de l'image que la capitale de la Culture arabe 2015 doit présenter, en la matière.

«C'est une culture tout à faite étrangère à notre société, d'autant plus que la conception d'un tel concours est aux antipodes de notre morale islamique», a commenté un groupe de citoyens, rencontrés sur la place de la Brèche, non loin de l'hôtel où allait se tenir le fameux concours.

«Il faut une sacrée dose de courage pour organiser une telle manifestation, dans une ville réputée conservatrice», ont considéré, par ailleurs, des médecins que nous avons croisés, dans le hall du même hôtel. De passage dans le même établissement hôtelier, des voyageurs algériens ont qualifié l'initiative d'audacieuse, voire d'imprudente. Seulement, pour M. Bouherour Samir, président de l'Association « Zouhour Cirta» qui active, depuis cinq ans, dans le domaine de la culture et de l'innovation, auteur de l'initiative qu'il a appelée «le grand concours 2015 de la reine de beauté de Constantine», «il faut oser pour faire bouger les choses et combattre certains clichés» véhiculés, à propos de la société constantinoise. «Certes, au départ nous, aussi, avons appréhendé la réaction des familles et de la population en général, et nous avons lancé tout d'abord un ballon d'essai pour essayer d'impliquer, justement, la famille, en organisant le concours de « la petite reine de beauté de Constantine». Un concours que nous avons réservé aux petites filles de 6 à 12 ans.

Et le casting pour cette catégorie va avoir lieu dans 3 jours. Et c'est, seulement, lorsque nous avons constaté qu'il y avait une certaine réceptivité, voire même de l'engouement, chez des familles, que nos craintes ont commencé à se dissiper et avons commencé à voir le succès au bout et à voir plus loin, en montant ce concours de Miss Constantine pour les jeunes filles, et même les femmes mariées, dont l'âge se situe entre 17 et 30 ans». Et nous avons été «ravis de recevoir plus de 70 candidatures de jeunes filles issues de familles respectables».

Pour M. Bouherour, l'objectif est de mettre en valeur la femme constantinoise, non pas seulement du point de vue de sa beauté plastique, mais aussi de sa culture, son éducation, sa moralité, son niveau d'instruction, etc. Et, selon sa conception, tous ces facteurs concourent à faire d'elle une femme accomplie, en phase avec son temps. «C'est quelque chose qui peut paraître, peut-être, abstraite pour beaucoup de gens, mais nous tendons à la rendre concrète.

Et dans cette démarche, nous avons obtenu le soutien d'élus locaux à l'APC, de médecins, de personnalités locales, etc. Et c'est ainsi que le jury du concours est formé d'un professeur en chirurgie esthétique, un psychologue, un représentant de la société civile, un journaliste, etc».

Pour clore son exposé, notre interlocuteur a soutenu que les Occidentaux n'ont plus le monopole de l'élection de la reine de beauté, dans leur société, il y a, aussi, beaucoup de sociétés arabes qui ont pris la chose à leur compte et commencé à organiser de tels concours, en veillant, bien sûr, à le faire conformément à leurs traditions culturelles. «Et c'est ce que nous allons faire, nous aussi», dira-t-il.

Et de nous montrer un groupe de jeunes filles à la beauté plastique incontestable, qui étaient rassemblées dans le hall de l'hôtel pour un casting qui allait se dérouler incessamment afin de dégager une quinzaine d'entre elles pour participer à la finale qui aura lieu certainement le 5 mai prochain dans le même hôtel. Les candidates étaient vêtues assez convenablement.

Les unes dévoilées, d'autres portant le hidjeb, et attendaient le moment de passer devant un jury.