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Le silence du Premier ministre

par Abdelkrim Zerzouri

Le passage dans la ville des ponts du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, à l'occasion du lancement jeudi de la manifestation «Constantine capitale de la culture arabe, 2015 », a laissé pantois tous les observateurs qui l'ont suivi lors de ce périple. Représentant le Président Bouteflika à l'ouverture officielle de cet évènement culturel de dimension internationale, Sellal a été, contrairement à sa coutume, très discret en matière de déclarations publiques. Durant toute sa visite, entamée le jeudi aux environs de 14 heures et clôturée hier à 2 heures du matin à l'issue de la présentation de l'Iliade de Constantine au Zénith, baptisé «Ahmed Bey», Sellal est resté bien silencieux. C'est à peine s'il a tenu quelques mots devant la porte de l'hôtel Marriott, ou avec les artisans qui exposaient leur production au Palais de la culture Malek Haddad, quittant les stands les uns après les autres, sans trop s'attarder. Une partie de l'exposition tenue dans une salle au niveau du hall sera carrément occultée par ses guides qui le conduisaient à travers les différentes expositions. On l'attendait à la tribune de la salle??Ahmed Bey'', mais il observera, là aussi, la même attitude silencieuse, se contentant de suivre les allocutions successives du commissaire de la manifestation, M. Sami Bencheikh El Hocine, le président du Haut commissariat à la langue arabe, M. Azeddine Mihoubi, du directeur général de l'Organisation arabe pour l'éducation, les sciences et la culture (Alesco), le Dr Abdullah Hamad Muhareb, et du Secrétaire général de la Ligue arabe, M. Nabil El Arabi. Et, pour clore les interventions, le message du président Bouteflika fut lu en son nom par son conseiller M. Mohamed Benamar Zerhouni. Marque d'un désappointement difficilement étouffé à l'égard « du chantier encore ouvert » qu'on lui a présenté au moment de l'entame de l'année qui consacre la ville de Constantine comme capitale de la culture arabe ? La ville avait un look resplendissant, certes, mais le non achèvement de plusieurs projets qui s'inscrivent dans le cadre de la manifestation en question, à l'exemple du retard accusé par la réhabilitation de « l'immense patrimoine de mosquées multiséculaires qui portent les empreintes des uns et des autres », tel que évoqué dans le message du Président Bouteflika, pourrait « constituer un sérieux argument de contrariété du Premier ministre », concèdent des avis largement partagés. Sellal aurait préféré dans ce cas « garder un silence, aussi pesant soit-il, pour éviter d'apporter de l'eau au moulin des critiques sévères faites à ce sujet par une opposition qui braque ses attentions sur tout ce qui ne tourne pas rond et peut de ce fait constituer un objet de tirs nourris », avance-t-on encore à ce propos. Selon certaines indiscrétions, M. Sellal n'a pu contenir sa colère lorsqu'on lui a présenté, ces derniers jours, le maigre bilan des réceptions de projets au programme de la manifestation et ceux, encore nombreux, en cours de réalisation. Cela pourrait se vérifier dans les prochains jours. En tout cas, faut-il le relever, et contrairement à ce qu'on appréhendait, la population a étalé tout son enthousiasme en accueillant cette manifestation. En témoigne les scènes de liesses lors de l'ouverture populaire dans la soirée du 15 avril, l'émerveillement devant les feux d'artifices qui ont illuminé le ciel de la ville des ponts ainsi que cet afflux massif de la population, avant-hier, vers la salle ??Ahmed Bey'' (Zénith), qu'on a dû contenir difficilement en appelant à la rescousse les forces de maintien de l'ordre.