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Le MNLA n'a pas failli à sa réputation

par Kharroubi Habib

Prévue pour se dérouler à Alger le 15 avril, la cérémonie de paraphe de l'accord de paix auquel sont parvenues les parties maliennes après huit mois de négociations sous l'égide de la médiation internationale conduite par l'Algérie n'a finalement pas eu lieu. La raison en est le refus manifesté par les composantes de la Coordination des mouvements de l'Azawad de signer en l'état l'accord en question. Certaines d'entre elles sont certes revenues à Alger mais en persistant à ne pas vouloir parapher l'accord si au préalable il n'y aurait pas de négociations en vue de modifier son contenu pour que soient prises en compte plus « clairement et nettement » certaines des revendications formulées par la CMA.

Bien que ne cachant pas l'irritation que suscite en son sein le blocage ainsi fait à l'accord de paix auquel elle a patiemment travaillé, la médiation internationale veut croire que les parties maliennes vont finalement faire preuve de « responsabilité » et finir par apposer leur paraphe. C'est en tout cas ce que donne à penser le fait que malgré que la cérémonie de paraphe n'a pas eu lieu mercredi 15 avril, les représentants des pays et institutions internationales membres de la médiation conduite par Ramtane Lamamra prolongent leurs séjours à Alger. C'est au même Lamamra qu'échoit la délicate mission de faire revenir sur sa décision la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) et spécialement le plus radical de ses membres et apparemment l'instigateur de sa position de refus, le MNLA qui a carrément décliné l'invitation à revenir à Alger.

Il apparaît clairement que le MNLA dont les leaders ne tarissent pas par ailleurs d'éloges sur les efforts déployés par l'Algérie en faveur de la réconciliation intermalienne a recours à la surenchère et ne semble pas disposé à une paix qui ne satisferait pas toutes ses revendications qui l'une dans l'autre ont pour finalité la sécession de fait de l'Azawad du reste du Mali. Ce même MNLA est pourtant venu à Alger et a participé aux négociations de paix intermaliennes en se déclarant en accord avec la plateforme délimitée à ces négociations par la médiation internationale et sur laquelle Lamamra s'est basé pour rapprocher les points de vue des parties maliennes.

En récusant l'accord conclu sur cette base, le MNLA conforte le soupçon qu'il serait instrumentalisé en sous-main pour faire avorter le processus de paix au Mali. Des médias maliens ne se contentent d'ailleurs pas d'émettre ce soupçon puisqu'ils accusent ouvertement ce MNLA ou du moins son chef Iyad Ag Ghali d'être à la solde du Maroc qui cherche à faire avorter à tout prix un accord de paix au Mali dont l'Algérie serait l'architecte. De fait, ce personnage est d'une versatilité qui a été cause parfois de façon déterminante des tentatives successives algériennes ou régionales d'emmener les parties maliennes à s'entendre pour restaurer la paix dans leur pays.

Il est toujours dans ce rôle puisque c'est lui et la faction qui lui est dévouée au sein du MNLA qui font pression s'accompagnant de menaces sur la CMA pour qu'elle persiste dans le refus de parapher l'accord de paix d'Alger. Sauf que cette fois ils jouent avec le feu car les pays et institutions internationales représentés dans la médiation conduite par Lamamra ne se contenteront pas de prendre acte que le MNLA est l'obstacle à la réconciliation intermalienne mais s'emploieront pour que cela cesse. De mouvement politico-militaire aux revendications légitimes, le MNLA deviendrait alors une organisation terroriste et narcotrafiquante que la communauté internationale combattra par tous moyens.