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L'UNION COMME SEUL REMEDE

par M. Abdou BENABBOU

Tous les pays du Maghreb vivent aujourd'hui à l'ombre d'une déstabilisation sans visage découvert au grand dam de ses peuples traumatisés par un devenir incertain. Des noms illustres défilent dans les mémoires mais avec des carapaces fantomatiques sans que nous nous imprégnions des legs humanistes qu'ils ont semés pour que nous nous armions du suc de leur volonté et de leur prophétie pour une conciliation avec le bonheur. Le Libyen Omar El Mokhtar, le Marocain Abdelkrim El Khettabi, l'Algérien Messali Hadj et d'autres encore figures de prou ne seraient donc que des ombres qui n'ont fait que passer.

S'offusquer quand la rigidité de l'égoïsme humain est touchée ne mène pas loin. Le temps est le pire ennemi de la vanité des hommes d'Etat et il est le meilleur ami de la pérennité des peuples. Il a toujours été remède quand on a su se départir du présent en se préoccupant des noces bienfaitrices du passé et de l'avenir.

Bien loin des petits calculs économiques bien qu'ils aient leur importance dans une mondialisation imposée, et au-delà des susceptibilités des Etats aussi justifiées soient-elles, les peuples ont la particularité de ne pas se nourrir d'humeurs. Les populations, c'est connu, n'ont cure des visages de ceux qui les gouvernent, pourvu qu'ils leur assurent le pain et la paix et qu'ils garantissent la sérénité à leurs progénitures. Certaines nations ne doivent aujourd'hui leurs avancées et leurs progrès qu'à la maîtrise des enseignements de l'Histoire et qu'au court parcours des hommes répond toujours l'éternité des peuples.

Alors il est temps de s'imprégner de la profonde conviction de nos héros passés et renouer avec leurs visions sensées. Les fortes turbulences que connaît l'Afrique du Nord aujourd'hui n'auraient comme solution tempérante que la seule union. La Libye incendiée, la Tunisie blessée, l'Algérie traumatisée, le Maroc tourmenté dans leurs divisons entêtées alimentent la parade des aventures les plus catastrophiques. Si les aventuriers de tous bords développent le langage de la poudre et du sang en tentant d'imposer le cauchemar d'un grand ensemble, c'est qu'il y a un fabuleux infantilisme en face. Cet infantilisme repose sur la cupidité des Etats qui ont abandonné le réalisme des grands visionnaires et si le Maghreb ne se taille pas des habits à la mesure de l'espoir et des attentes légitimes de son peuple, d'autres le feront mais en conformité avec leur propre vision du monde.