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Ce n'est qu'hier,
en milieu de journée, que les pèlerins, bloqués à l'aéroport ?Mohamed Boudiaf',
depuis la nuit du jeudi au vendredi, ont pu, enfin, embarquer vers les Lieux
Saints de l'Islam. « Ils ont passé la nuit du vendredi au samedi à l'hôtel, et
un bus doit les ramener dans quelques instants à l'aéroport, où ils entameront
les procédures d'enregistrement et d'embarquement », nous a affirmé, hier, en
milieu de journée une source aéroportuaire. Le bout du calvaire pour ces
pèlerins qui, coincés au sol par une grève surprise, entamée le vendredi par le
personnel navigant commercial (PNC) de la compagnie Air Algérie, embarquent
vers leur destination avec un retard de 36 heures ! Les causes peuvent aller de
la grève du personnel au petit bobo technique qui empêche un avion de décoller,
mais les désagréments et les souffrances, causés aux voyageurs, sont les mêmes.
Désorientés, souvent contraints de changer de moyen de transport, à la dernière
minute, lorsqu'il s'agit d'une destination intérieure, et de débourser des
frais supplémentaires, voire envisager l'annulation, pure et simple, du voyage,
les voyageurs confrontés aux aléas des retards accusés par les départs des
avions passent, inévitablement, par des moments très difficiles. Le cas des
pèlerins est édifiant à ce propos. Ne pouvant ni faire marche-arrière, ni opter
pour un autre moyen de transport, ils s'installent dans le hall des aéroports,
où ils mangent et dorment, en attendant qu'un avion pointe du nez. « Pour les
autres voyageurs confrontés aux retards des avions, il y a toujours des solutions
pour atténuer le désagrément. Soit on procède à l'annulation du voyage et on
rentre chez soi, ou chez des proches, soit on se tourne vers la voie terrestre
pour rejoindre sa destination, quand le vol est interne. Mais, pour le cas des
pèlerins, aucune solution n'est possible. Vous avez sur les bras plus de 200
personnes qu'il faut nourrir et héberger, lorsqu'on évite d'avoir, parmi le
groupe, des personnes malades et qu'il faut, nécessairement, prendre en charge
sur le plan médical », s'est plaint L. Farid, voyagiste et syndicaliste du SNAV
« Est ».
Celui-ci n'a pas manqué de dénoncer le contrat qu'ont fait signer aux voyagistes avec la compagnie aérienne nationale, lequel contrat les oblige à prendre en charge les pèlerins en cas de retard. « Une aberration, estime-t-il, mais c'est à prendre ou à laisser. Et comme nos clients potentiels préfèrent l'avionneur national, à cause des réductions qu'il accorde pour certaines catégories de la société, les moudjahidine, notamment, les voyagistes sont placés à la merci du transporteur. » Qualifié de grave « injustice », le contrat avec Air Algérie s'inscrit « en porte-à-faux avec la réglementation internationale de l'aviation civile », insiste notre interlocuteur. « Il est du devoir de l'avionneur de pendre en charge les passagers lorsqu'il n'est pas à l'heure du rendez-vous. C'est à lui d'assurer la restauration et l'hébergement des clients, car le voyagiste ne pourra jamais s'en sortir s'il prend en charge toutes les dépenses qui résulteraient d'un retard dans le départ de l'avion », clame notre interlocuteur. Mieux encore, Air Algérie oblige (dans le contrat de partenariat) le voyagiste d'être son seul interlocuteur, en cas de pépin. Rien à voir avec les voyageurs. C'est pour cela, d'ailleurs, que la compagnie nationale les laisse longtemps mijoter, dans les aéroports, étrangers mêmes. Et que tous les regards accusateurs se tournent vers le voyagiste, qui tient « haut les mains », et auquel on colle facilement l'étiquette d'avoir « failli à sa mission », s'indigne M. Farid. « Pourtant, avec les autres compagnies, des pays du Golfe, notamment, il n'y a jamais eu de problèmes du genre », relève-t-il. Notre interlocuteur explique, avec lassitude, que « tous ces problèmes ont été soulevés auprès des parties concernées, mais c'est comme un prêche dans le désert ». Préconisant, dans ce sillage, que ce point lié à la perturbation des horaires de vols devrait faire l'objet d'une profonde révision des us et coutumes, jusque-là adoptés chez nous, si l'on veut, réellement, éviter à nos pèlerins de vivre l'enfer de l'abandon dans les aéroports ». |
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