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Des rois absolutistes et des raisons de la colère

par Ahmed Farrah

Partout dans le monde, la tendance est à la prise du pouvoir politique absolu, par les oligarchies naissantes. La finance dicte l'économie au profit du marché, de la spéculation et des parasites véreux. L'espèce mercantile tisse sa toile sur le monde, l'englobe et l'étouffe. Les vieilles monarchies européennes, qui s'étaient constituées par le fer et par le sang, pendant des siècles, ont saigné des peuples, les ont vassalisés et inféodés au nom de la divinité du Saint-Graal. Aujourd'hui, presque toutes se sont parlementarisées et leurs monarques, devenus de simples symboles de souveraineté. Le roi règne, s'humanise se «peopolise» et ne gouverne pas, parfois même, il est sans fortune.

Dans les pays récemment émancipés de la colonisation, par des sacrifices de tout genre, leurs leaders les ont dirigés et les dirigent encore, comme des empereurs absolus. Ils se permettent de disposer des hommes, des bêtes et de l'inerte, comme si tout ce qu'il y a sur le sol et en son sein leur appartient par l'héritage sans succession, ou par l'histoire qu'ils n'ont pas faite mais légitimée pour eux. Le pays est comme leur poche, leur tirelire ou leur chéquier, ils en font ce qu'ils veulent, selon leur désir et leur caprice. Ils utilisent des machins pour meubler la grande vitrine et, à qui leur est laissé le rôle d'amuseur de galerie ; ce sont ces larbins d'une parodie d'échéance limitée ou non, c'est selon les humeurs de leurs maîtres et seigneurs qui, aussi, puisent ce qu'ils peuvent siroter du nectar ébène, et implorent le temps de ne pas s'écouler pour s'éterniser.

D'autres, les sbires, feignent de s'occuper de l'étable, et profitent des déjections et des miettes non picorées, et participent à la kermesse pour réaliser leurs minables ambitions. Quant aux oubliés, ceux du bas de la chaîne écologique, même leur existence est ignorée, personne ne les voit, ils se consument en silence, jusqu'à ce qu'ils finissent dans l'indifférence mortifère.

Ces dirigeants ont plus nuit à leurs pays et à leurs peuples, que de les avoir servis ; ont donné le prétexte aux va-t-en-guerre et aux puissances du moment pour les asservir encore et encore, les démembrer, les morceler, les réduire à néant et installer le chaos et le désastre.

L'Histoire est là pour nous rappeler qu'elle peut à tout moment rattraper ces possesseurs de peuples, de déboulonner leurs ridicules statues de bronze qui trônaient dans les places publiques et les jeter dans sa poubelle. Ainsi est la nature de la chaîne écologique, qui met en concurrence déloyale des décomposeurs et des recycleurs pour pérenniser le genre nécrophage.